Depuis le lundi 25 janvier, se tient le Forum International de la Cybersécurité (FIC) au Grand Palais à Lille. En 8 ans, l’évènement organisé par la Gendarmerie Nationale, le pôle d’excellence Euratechnologies et la société de conseil CEIS, est devenu une référence centrale pour la filière cybersécurité mais aussi pour les acteurs institutionnels et de la société civile. Le point avec Guillaume Tissier, directeur général de CEIS.
Qu’attendre du FIC en 2016 ?
Cette 8e édition se présente très bien. Nos sujets mobilisent de plus en plus de personnes et la qualité augmente d’année en année. En 2016, nous avons retenu comme thème central « Data security & privacy », la question des données, de la vie privée et de leur sécurisation… Ce sont des questions qui parlent à une audience large – y compris quand on n’est pas un spécialiste. Nous accueillons en effet beaucoup d’acteurs de la sécurité, avec plus de 140 entreprises partenaires, mais également des responsables en entreprise, et de plus en plus de personnes ayant des activités connexes, comme les correspondants informatique et libertés (CIL). Il faut dire que nous sommes au cœur de l’actualité. De nombreuses évolutions vont voir le jour en Europe en 2016, avec par exemple la directive NIS, le règlement e-IDAS, le projet de règlement européen sur la protection des données personnelles… Nous étions 4300 l’an passé, nous attendons aujourd’hui 5500 participants.
L’ouverture sur l’étranger semble plus importante encore que l’an passé ?
Nous comptons près de 800 personnes venues d’autres pays. C’est très bien, car nous avons la volonté d’affirmer notre dimension européenne. Pour la première fois, le commissaire européen à l’économie numérique, Gunther Oettinger, viendra faire une intervention en plénière. Un rapport rédigé par des entreprises lui sera d’ailleurs remis à cette occasion. Le FIC a clairement vocation à faire avancer le débat public, ces échanges en sont un des aspects. Nous nous rendons compte que l’Europe a pris du retard sur de nombreux sujets, mais cela va changer. Ces rencontres au FIC sont en quelque sorte le coup d’envoi d’actions et de décisions beaucoup plus ambitieuses : l’année 2016 sera européenne.
Comment orchestrer harmonieusement la présence de nombreux prestataires de la filière cybersécurité, par nature très technique, et cette dimension de débat politique et sociétal ?
Une manifestation comme le FIC est par nature un bel équilibre entre richesse sur le fond et opportunités business. Les deux sont parfois moins éloignés que l’on peut croire : après tout, la question de la souveraineté européenne ne peut être détachée de l’activité et de la réussite de nos entreprises sur le marché mondial. De plus, il est trop réducteur de voire la thématique sous le seul angle de la cybersécurité en tant que réaction à des menaces déterminées. Ces menaces existent, mais il est inutile d’adopter une position uniquement réactive, proposant seulement une réponse technologique à chaque problème. Nous devons également être dans l’accompagnement des nouveaux usages, dans une vision dynamique et positive de la sécurité : la prospective, le politique, les débats éthiques, sont au centre du jeu pour nous aider à déterminer la place du numérique dans nos sociétés, demain.