Selon le Baromètre du numérique 2022 réalisé par le CREDOC, 48 % des Français rencontrent au moins une forme de difficulté qui les empêche d’utiliser pleinement les outils numériques et internet. L’inclusion numérique vise à garantir que tous les individus, quel que soit leur niveau de compétence en technologie ou leur accès aux ressources numériques, puissent bénéficier des avantages offerts par le digital. Cela comprend notamment l’accompagnement à la réalisation de démarches administratives en ligne, l’éducation aux médias et à l’information, l’aide aux démarches liées à l’emploi et la sensibilisation à la cybersécurité. Toute stratégie d’inclusion numérique vise à réduire la fracture numérique et l’illectronisme en fournissant un accès équitable et en renforçant les compétences numériques des citoyens pour favoriser leur inclusion sociale et économique dans la société actuelle.
Si la dématérialisation des services publics simplifie les démarches pour une majorité d'usagers, elle en exclut également une partie. Comme l’illettrisme est une source de difficultés quotidiennes dans une société de l’écrit, « l’illectronisme » empêche ceux qui ne savent pas utiliser Internet d’accomplir certaines tâches en ligne comme déclarer ses revenus, faire valoir ses droits à la retraite, envoyer une facture de soins à sa mutuelle ou obtenir en ligne un permis de conduire ou une carte grise.
Pour résorber cette fracture numérique, plusieurs plans d’action ont été mis en place par le gouvernement :
- Le « pass numérique» (ou chèque numérique) destiné aux personnes les plus en difficulté face au numérique. Le pass est remis, sous la forme d'un chéquier d'une valeur de 50 ou 100 euros, par des agents des services publics ou des aidants numériques. Il donne accès à 10 ou 20 heures de formation.
- Le dispositif « Aidants Connect », service public numérique qui sécurise la connexion des aidants professionnels (travailleurs sociaux, agents publics d’accueil, médiateurs numériques...) pour les démarches qu’ils font pour le compte de la personne aidée.
- La plateforme ressource pour les collectivités locales et le kit d'intervention pour les aidants qui ne sont pas professionnels de la médiation numérique.
Dans le cadre du Plan France Relance, 250 millions d'euros ont été consacrés à l'inclusion numérique, en particulier pour généraliser le dispositif Aidants Connect et pour financer 4 000 conseillers numériques France Services, afin de répondre au manque de médiateurs numériques dans les territoires.
Dans une société marquée par la multiplication et l’accélération des flux d’information, l’éducation aux médias et à l’information (EMI) visent à permettre à certaines populations, la plupart du temps jeunes, à développer leur esprit critique et être capables d’agir de manière éclairée pour chercher, recevoir, produire et diffuser des informations via des médias de plus en plus diversifiés.
En France, de très nombreux outils existent comme Spicee Educ, plateforme vidéo dédiée à l’éducation aux médias, à la lutte contre la désinformation et le complotisme, ou bien encore YouVerify !, ensemble de ressources pédagogiques pour lutter contre la désinformation en ligne véhiculée par les images et les vidéos (un quiz permet d’ailleurs de tester ses connaissances). À noter également l’existence de Info Hunter, un programme pour animer et créer des parcours de décryptage de l’information pour les jeunes.
À l’international, l’UNESCO organise chaque année la Semaine mondiale EMI (Éducation aux médias et à l’information). « Dans cet océan d’informations - de fausses informations et de désinformation - l’éducation favorise la pensée critique et l’engagement civique et social. Cela fait partie du mandat de l’UNESCO et s’inscrit dans les actions que nous menons avec nos partenaires », a déclaré Audrey Azoulay, Directrice générale de l’UNESCO lors de l’édition 2023. L’UNESCO a également lancé l’initiative MIL CLICKS (Media and Information Literacy: Critical-thinking, Creativity, Literacy, Intercultural, Citizenship, Knowledge & Sustainability) qui contribue à sensibiliser les populations aux médias et à l’information par le biais des réseaux sociaux. Plus de 9 300 jeunes ont déjà participé à ce projet de formation mené par leurs pairs.
Faute de terminaux (PC, tablettes, smartphones...) en bon état de marche ou de compétences pour bien les faire fonctionner, les personnes les plus précaires et les plus fragiles, dont les demandeurs d’emploi font partie, se trouvent confrontées à des difficultés qui peuvent constituer un frein à l’embauche.
Les initiatives mises en œuvre pour combler ce déficit de compétences sont multiples. Il peut s’agir par exemple de services civiques visant à aider les bénéficiaires inscrits à France Travail (ex-Pôle Emploi) à utiliser les nouveaux services numériques proposés par l’Agence, en complément des animateurs présents sur place. La personne réalisant le service civique prend le temps d’aider les demandeurs d’emploi à comprendre le fonctionnement des outils disponibles et à les manipuler. L’objectif est de faciliter leur appropriation et de leur permettre de gagner en autonomie.
Autre initiative notable, celle de l’agence Au carré qui propose une formation, destinée aux personnes éloignées de l'emploi (demandeurs d'emploi de longue durée, bénéficiaires du RSA, personnes en situation de handicap, jeunes accompagnés en Mission locale, seniors sans emploi, etc.) aux métiers de développeurs no code. La formation dure 3 mois (400 heures), elle est gratuite pour les apprenants et se fait en présentiel pour privilégier la mise en pratique. Si les évaluations de fin de formation sont réussies, un CDDI (Contrat à durée déterminée d'insertion) est proposé.
« Si le numérique peut être une source d’émancipation, la cybermalveillance est un risque auquel nos concitoyens les plus en difficulté avec le numérique sont particulièrement exposés », a déclaré Léa Gislais, Co-directrice du programme Société numérique de l’ANCT (Agence nationale de la cohésion des territoires), à l’occasion du lancement, en octobre 2023, par l’ANCT et Cybermalveillance.gouv.fr, de la Mallette Cyber.
Cet ensemble de ressources permet de sensibiliser les acteurs de la médiation numérique à la thématique de la cybersécurité, mais aussi, et surtout, de transmettre à leurs publics des conseils pratiques et accessibles pour appréhender le sujet en toute sérénité.
La Mallette Cyber comprend :
- Un livret pédagogique avec des fiches réflexes, des fiches pratiques pour sensibiliser à la cybersécurité et la présentation d’une activité ludique,
- Un support de médiation détaillant les menaces les plus courantes et les bonnes pratiques à adopter,
- Un jeu de cartes permettant au public de s’approprier le sujet et les conseils à retenir,
- Une infographie synthétisant les bons réflexes pour optimiser sa sécurité numérique.