Après les 1,5 milliard d’euros de la première phase de la stratégie nationale française sur l’IA, le gouvernement annonce une nouvelle enveloppe de 2 Mds €, dont 500 millions de financement privé. 781 millions iront à de futurs établissements d’excellence et à la formation à l’IA.
Même joueur joue encore. Quelques années après la présentation du rapport Villani sur l’intelligence artificielle, le gouvernement fait un premier bilan. A l’approche d’échéances électorales, le tableau brossé est naturellement positif. Dans son communiqué, l’exécutif se félicite notamment de la création d’instituts interdisciplinaires d’intelligence artificielle (3IA) et du développement des capacités de calcul de la recherche publique.
Autre bénéfice de la première phase de la stratégie nationale sur l’IA financée à hauteur d’1,5 milliard d’euros : le « décollage exponentiel des aides économiques à l’innovation » en faveur de l’intelligence artificielle. En 2018, les aides étaient estimées à 170 millions d’’euros. Elles dépasseront le milliard cette année.
502 startups (+11%) françaises de l’IA
Enfin, le gouvernement tient à se féliciter de l’essor de 6 licornes françaises associées à l’IA, comme ContentSquare, Shift Technology ou Mirakl. Difficile cependant d’établir un lien avec le plan public français dans ce secteur. Les capitaux levés le sont essentiellement auprès d’investisseurs privés étrangers comme Soft Bank ou Advent International. Un détail…
Le tissu économique français en matière d’IA ne se limite par ailleurs pas à ces grands noms. France Digitale recense cette année 502 startups spécialisées dans ces technologies. Le chiffre est en hausse de 11% sur un an. L’IA pénétrera dans tous les secteurs de l’économie française. Son développement est donc un enjeu stratégique.
Le président Emmanuel Macron a fixé le cap, inchangé, du « en même temps ». Il s’agit donc de combiner numérique de confiance et performant sans « sacrifier notre souveraineté technologique ». La nouvelle phase de la stratégie nationale en IA doit y contribuer.
Des annonces ont été détaillées le 8 novembre au ministère des Finances. Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, et Cédric O, secrétaire d’Etat en charge du numérique précisent la valeur de l’enveloppe : 2 milliards d’euros sur cinq ans, dont plus de 500 millions d’euros de financement privé.
Nouvelle phase, nouveau budget et nouvelle priorité à la clé. L’enjeu à présent est « de former et d’attirer les meilleurs talents internationaux en IA ». Le gouvernement veut renforcer l’attractivité de la France « pour les futurs champions du secteur » de l’IA. Les centres de R&D de Facebook et Google se félicitent déjà du niveau des talents français, quand les acteurs hexagonaux s’inquiètent des difficultés à recruter.
781 millions € pour un « plan de formation massif »
Le débat sera pour plus tard. Priorité donc aux talents. Bercy précise que « plus de la moitié de l’effort financier public » ira à l’émergence d’un réseau d’établissements d’excellence et d’envergure mondiale. Par ailleurs, ces 781 millions d’euros financeront « un plan de formation massif à l’IA », à l’université et parmi les grandes écoles.
L’exécutif macronien souhaite en outre transformer les travaux de recherche de la phase une en « opportunités économiques. » Et par quels biais ? En faisant émerger des champions de l’IA, mais aussi en diffusant les usages concrets de ces technologies dans les entreprises afin d’accroître leur compétitivité.
L’Etat veut aussi que son industrie de l’IA se positionne sur les marchés émergents, comme l’IA embarquée, le edge, les technologies de confiance ou encore l’IA frugale. Outre la formation, les mesures officialisées prévoient donc :
- 1,22 milliard d’euros pour de nouveaux développements dans l’IA et les solutions logicielles et les modèles d’intelligence artificielle.
- 25 millions d’euros pour l’accompagnement de l’adoption et des usages au sein de 500 PME et ETI.
- 40 millions d’euros pour le passage à l’échelle des accélérateurs de startups existants et dans l’optique de tripler d’ici à 2025 le nombre de startups en IA créées.
- 120 millions d’euros pour concevoir des « démonstrateurs » sur l’usage d’une IA frugale en énergie dans les secteurs critiques pour les objectifs climatiques.
Enfin, précisons que la contribution publique à ce nouveau plan IA puise à hauteur de 557 millions d’euros dans le programme investissement d’avenir et pour 700 millions parmi le plan de relance France 2030. Et Cédric O en est convaincu, cette deuxième phase participera « à fournir notre écosystème de startups et aux entreprises en cours de transformation les compétences dont elles ont cruellement besoin. »