Dans ce nouvel épisode de la saison « Les DSI face à la Guerre des Talents », Bertran Ruiz rencontre Eric Tinoco, DSI de LittleBIG Connection, une plateforme présente sur tous les continents, qui rend effectif le nouveau monde du travail en connectant des gens sur la base de critères d’expertises et de compétences. Ils échangent sur l’internationalisation de son organisation dû en partie à la difficulté pour recruter des talents.
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LittleBIG Connection, une organisation présente sur quasiment tous les continents
Eric Tinoco est présent depuis un peu moins de deux ans chez LittleBig Connection et gère non seulement la partie produit IT, mais aussi les besoins internes de l’organisation.
La plateforme, qui existe depuis 2013, est présente dans plusieurs hubs à travers le monde : en France (Paris, Lyon, Lille, Sud de la France), en Espagne (Valence et Barcelone), Tunisie (Tunis) et Vietnam (Hô Chi Minh). La volonté d’apporter une réponse à la pénurie de talents a été aussi un facteur déclencheur de recrutements à l’international, au même titre que leur volonté de croissance dans différents pays et la nécessité pour les prestataires de pouvoir d’avoir la capacité d’apporter des réponses adaptées aux attentes et contraintes locales.
« Il y a quand même une grosse pénurie de talents en France, je crois qu’on parle de 80 000 postes à pourvoir où il est difficile de trouver un talent. Il est important d’aller vers de nouvelles façons de recruter et on se tourne vers l’offshore et le nearshore. » Ainsi, la Tunisie était une évidence dans cette recherche de nouveaux talents, étant un pays francophone, c’était avantageux et il y avait déjà des liens avec des talents.
Quant au Vietnam, c’était un choix plus issu de leur stratégie de croissance internationale. L’entreprise a fait en sorte d’avoir des relais locaux comme à Hô Chi Minh, c’était un prérequis pour permettre que les messages, d’un lieu à un autre, soient bien compris.
« Par exemple, quand on a des doutes dans le message, on repasse en français et on demande à la personne locale de pouvoir éviter le côté un peu trop visio, qui quelquefois masque des choses. Et elle, elle passe les messages en back, ce qui permet d’avoir un bon suivi et une bonne certitude que le message est bien compris ».
Aujourd’hui, LittleBIG Connection compte 200 personnes à travers le monde, dont une centaine dans l’équipe d’Eric Tinoco.
La barrière de la langue, un challenge à ne pas minimiser
De plus en plus, LittleBIG Connection a dû s’adapter au fait de devenir internationale. Pour avoir une bonne communication, les employés ont commencé à angliciser les réunions. Ils ont fait un assessment de qui était familier avec l’anglais et qui ne l’était pas. Eric Tinoco était surpris de voir que la plupart se débrouillait déjà bien avec cette langue. Quant à ceux qui rencontraient des difficultés, LittleBIG Connection les accompagne et les forme, tout comme Doctolib. Eric Tinoco insiste sur le fait qu’il incite ses collaborateurs à se parler quotidiennement en anglais pour qu’ils se sentent plus à l’aise avec la langue. Une pratique quotidienne qui est facilitée dans ses équipes tech, notamment dû au caractère international des équipes, où il y a en général au moins un membre ne parlant pas français.
« Sur les 8 équipes que l’on a, il y a au moins 1 personne qui est anglophone, donc de facto les gens de facto n’ont pas le choix de pratiquer l’anglais, sinon il y a quelqu’un sur le bord de la route, ce qu’on ne veut pas ».
Malgré la distance, le lien humain reste primordial
Pour Eric Tinoco, le fait que certains membres de son équipe ne soient pas dans la même situation géographique que lui, l’importe peu. L’importance est que, de temps à autres, des points physiques dans un des hubs de la société soient organisés, comme à Paris pour les collaborateurs français, afin de ne pas perdre le lien humain. Il est conscient qu’avoir tout le monde sur le même plateau est un avantage mais reste persuadé qu’il y a des talents partout et qu’il faut s’ouvrir et aller les chercher en prenant compte ce que cela peut impliquer.
« Par exemple, cela fait quinze ans que je fais de l’offshore. J’ai testé l’Europe de l’Est, le Maghreb, etc. Pareil pour le nearshore, en France, en Europe, même en Inde. Le seul ingrédient qui fait que cela marche, c’est l’implication que j’avais dans les équipes. »
Eric Tinoco insiste donc sur la nécessité, en tant que manager, de s’impliquer dans la création et le développement de ce lien. Il identifie deux points importants sur lesquels il doit mener son action pour impliquer les talents :
- Donner du sens à ce qu’on propose aux recrues
- Créer une culture d’entreprise étendue.
L’objectif n’est pas de partir sans rien expliquer aux recrues en imaginant qu’il a toutes les compétences nécessaires. Il faut que ces recrues aient conscience de ce que fait la boîte et comment elle vit. Et pour ce faire, Eric Tinoco n’hésite pas à se déplacer pour éviter que ses employés se sentent de côté.
Des questionnements liés aux talents subsistent aujourd’hui. Il prend l’exemple de l’Inde, un pays dans lequel se trouve des profils talentueux mais avec la même problématique qu’en France : rareté des profils, coûts exorbitants, etc.
Des talents internationaux, comment les attirer ?
Eric Tinoco est conscient que LittleBIG Connection n’a pas de marque employeur forte, au niveau international. En France, la plateforme commence à être reconnue mais dans les autres pays ce n’est pas encore le cas.
Ainsi pour attirer les talents il préfère donc parier sur le projet que propose LittleBIG Connection, qui n’est pas juste d’apprendre des compétences et de « les mettre à disposition » mais c’est de proposer aux recrues de venir écrire une histoire, d’aider à construire un beau produit. Il propose de les intégrer à la construction de LittleBIG Connection. « En entretien, dès le début, on explique clairement ce qu’on attend de la personne et pas juste sur le côté compétence. On lui dit que rejoindre LittleBIG, c’est ça : c’est avoir une volonté d’écrire une histoire et de participer à l’histoire. »
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Aujourd’hui, Eric Tinoco, fait une mini réorganisation, quelque chose qui est venue des membres de l’équipe, autour de deux axes : un axe technique et un fonctionnel. Cette transformation lui permet de répondre aux attentes de ses collaborateurs, certaines personnes voulant travailler majoritairement sur la partie technique, d’autres plus fonctionnelle.
Tout comme dans le domaine de l’éducation, le salaire reste un facteur dans le recrutement. Eric Tinoco évoque que dans certaines zones, il y a la guerre des salaires. « Aujourd’hui, on va être les personnes qui payent le mieux. Dans deux semaines, c’est fini. Il y un acteur qui arrive, qui veut absolument recruter des talents et qui sort l’artillerie lourde. Si on rentre dans ce jeu-là, on escalade et en redescend jamais. » Il met un point sur l’importance de se tenir informé sur l’évolution des salaires et ne pas avoir la politique de sous-payer les employés mais il ne faut pas baser tout sur le salaire.
La notoriété, la marque employeur, reste pour lui, important pour attirer les talents mais préconise de ne pas attendre pour recruter car ce sont des projets qui prennent du temps et parier sur d’autres facteurs comme le projet mais aussi sur la dimension internationale. Le fait de parler de LittleBIG Connection comme une plateforme internationale est bénéfique, cela plaît aux recrues.
Le côté distance change la donne, surtout dans le recrutement
« La démocratisation du remote, je pense que c’est l’élément clé. Ce qu’on observe, c’est que le Covid nous a fait gagner 3 ans. » Eric Tinoco pensait que c’était à horizon 5 ans que la distance ne serait plus problématique. Aujourd’hui, les personnes ont tout l’écosystème nécessaire pour travailler de chez eux. Avec des conséquences concrètes sur sa gestion du recrutement et du management ; en effet, il ne se focalise plus sur la nécessité de centraliser des employés, ce qui permet de découvrir de nouveaux talents excentrés et que les employés puissent également se délocaliser.
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Chez LittleBIG Connection, il y a une capacité à garder la proximité métiers, grâce à des journées « Vis ma vie » qui permet à ce qu’une personne se retrouve au côté d’un collègue d’un autre silo et apprend son métier. D’un côté, l’objectif est que la personne comprenne les enjeux des autres métiers mais aussi cela lui permet de souffler une journée, découvrir et créer de nouveaux liens. « Finalement, en connaissant les autres, on finit par adapter notre façon d’être, on fluidifie nos relations et surtout, on apporte des solutions. »
« C’est un challenge le remote. On n’a pas encore parlé du management du remote. Je pense que c’est le point le plus compliqué aujourd’hui à gérer. Comment on arrive à avoir des managers, qui dans ce contexte de remote, s’y retrouvent et surtout arrivent à se projeter et travailler efficacement ? ». D’après Eric Tinoco, c’est un vrai problème sur lequel LittleBIG Connection doit se pencher. Son but pour le remote, c’est que chacun mette une pierre à l’édifice pour qu’à la fin un mur soit construit, c’est-à-dire que chacun apporte à son niveau pour remplir un objectif global.
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Découvrez mardi prochain, un nouvel épisode de Bertran Ruiz dans la saison « Les DSI face à la Guerre des Talents » avec Gilles de Richemond, CEO & Co-founder de Fairlyne et ancien DSI du groupe Accor. Ils aborderont ensemble les enjeux du secteur de l’hôtellerie en termes de recrutement, d’organisation, de management mais aussi de transformation numérique. Si vous n’avez pas vu les deux premiers épisodes, c’est le moment ! (Re)écoutez l’épisode 1 de cette saison avec Sébastien Louyot de Doctolib sur les conséquences de l’hypercroissance de la plateforme sur son équipe IT Services. Retrouvez également l’épisode 2 avec Jacky Galicher de l’Académie de Normandie et Anthony Hié d’Excelia Group dans lequel ils se sont intéressés au domaine de l’enseignement. |