Philippe Garcia est directeur des Offres et le sponsor du domaine stratégique « sustainability » de la société de conseil Devoteam. Il décrypte le rôle-clé du DSI dans la transformation des entreprises vers un numérique responsable.
De quels leviers le DSI dispose-t-il pour accélérer la transition vers un numérique plus responsable ?
Les leviers sont assez nombreux. Le DSI peut jouer sur l’infrastructure, les datacenters, les postes de travail, le réseau et les applications. Il existe également une zone beaucoup plus « grise » qui ne relève probablement pas que de lui : il s’agit des usages, c’est-à-dire la manière dont les outils et les services sont utilisés.
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Pour pouvoir agir avec efficacité, le DSI doit acquérir une vision d’ensemble, une approche holistique, sur l’impact environnemental numérique. Travailler sur un ou deux postes, c’est bien, mais cela ne suffira probablement pas.
Concernant les usages, le DSI n’est donc pas le seul à pouvoir agir ?
Non, il n’est pas le seul. Il doit travailler de concert avec les métiers, à propos des outils et des niveaux de services dont ils ont besoin. C’est une donnée qui doit être partagée avec les utilisateurs finaux. Parfois, des niveaux de services très élevés sont exigés pour des raisons qui ne sont pas toujours justifiées. Les achats doivent également être parties prenantes pour parvenir à un numérique responsable.
[bctt tweet= »L’impact environnemental du numérique est un sujet qui nous coule entre les doigts » username= »Alliancy_lemag »]Le DSI est donc un acteur pivot, central, mais s’il agit seul, cela ne suffit pas. Une analogie peut d’ailleurs être faite avec les problématiques liées à la cybersécurité : le DSI doit être un promoteur, un organisateur, la cheville ouvrière de ces questions. Mais il ne pourra jamais travailler seul. Le DSI est donc un chef d’orchestre en la matière.
Quel est le principal défi que le DSI doit relever ?
Ce qui est important, c’est de faire prendre conscience aux collaborateurs et aux parties prenantes de l’impact environnemental du numérique. C’est la grande difficulté de ce sujet qui nous coule entre les doigts et dont nous ne mesurons pas nécessairement les effets sur les écosystèmes, sur l’environnement, sur la planète. Or, la question de l’acculturation, de la sensibilisation et de l’évangélisation relève d’un enjeu de comité de direction. C’est une problématique de direction générale.
Quelles sont les bonnes pratiques en termes de gouvernance ?
La gouvernance ne doit pas être uniquement positionnée au sein de la DSI. Il doit y avoir une instance qui, petit à petit, se préoccupe globalement de l’impact carbone, avec des groupes de travail spécifiques sur ce thème-là qui intègrent des techniciens des équipes informatiques, mais aussi des utilisateurs qui vont définir des besoins et des niveaux d’exigence en termes de service.
Ces deux « populations » doivent travailler ensemble afin de mettre en place des éléments de mesure et partager des outils de pilotage et des indicateurs relatifs à l’usage.
[bctt tweet= »Comment avoir un impact positif global sur nos écosystèmes, qu’ils soient humains, sociaux, politiques ? » username= »Alliancy_lemag »]Que pensez-vous des entreprises où un « Chief Sustainability Officer » ou un « Chief Climate Officer » est nommé ?
Je suis par nature assez réservé quand le problème est affecté sur une personne. Si c’est pour dire : « Maintenant, c’est cette personne qui est chargée de gérer le problème », cela ne fonctionne pas. Si, en revanche, c’est quelqu’un qui fait office de catalyseur, d’évangélisateur et possède un vrai levier d’actions, avec des budgets et des moyens affectés, il y a une chance que les choses évoluent.
Nous sommes à un moment charnière. Nous rentrons dans une ère, peut-être de révolution fondamentale ou en tout cas de cas de transformation profonde de nos façons de consommer et de gérer une entreprise. Nous sommes sur un point très épineux, mais qui englobe une question fondamentale : qu’est-ce qu’une entreprise responsable ? Quel impact voulons-nous avoir ? Comment avoir un impact positif global sur nos écosystèmes, qu’ils soient humains, sociaux, politiques ?
La question clé est donc celle du leadership. Qui incarne le leadership sur ce sujet-là ? Ce n’est pas parce que vous étiez un Chief Digital Officer que votre entreprise se digitalisait… Elle se digitalisait parce que toute l’équipe de direction avait compris que le business model de l’entreprise devait s’appuyer sur les technologies. Il en va de même pour le numérique responsable !