La grande soirée des vœux 2023 de Numeum s’est déroulée le 18 janvier dernier à l’Orangerie d’Auteuil, aux portes de Paris. Environ 200 invités avaient fait le déplacement, malgré le froid et l’annonce d’une grève généralisée des transports pour le lendemain. Rapide récap…
Au-delà des vœux 2023 à toute la profession, les deux co-présidents du principal syndicat du numérique, Godefroy de Bentzmann et Pierre-Marie Lehucher, fêtaient également leur fin de mandat. Dès l’été prochain, une nouvelle gouvernance du syndicat sera nommée et mise en place, une nouvelle ère après l’intégration récente de Cinov Numérique et de ses membres TPE-PME. Aujourd’hui, Numeum porte la voix de 2 500 entreprises réalisant 85 % du chiffre d’affaires total du secteur du numérique en France.
Cette soirée fut surtout l’occasion pour Godefroy de Bentzmann de rappeler à quel point toutes les crises passées durant ses sept années pour lui à la tête de Numeum « ont renversé les modèles ». « Tout bouge tout le temps et toujours très fort, a-t-il déclaré d’entrée. La normalité dorénavant, c’est la crise. » Puis, il a relevé les grands chantiers en cours que sont la formation, l’emploi, la santé, l’écologie et le partage de la valeur. « Ces enjeux sont ceux de tous, mais nous sommes trop seuls. Numeum doit être mis davantage à contribution. »
Depuis plusieurs années, le secteur subit un vent très favorable, en croissance de 7,5 % l’an dernier. « C’est une belle locomotive qu’il ne faut pas freiner », insiste-t-il, avec plus de 34 000 emplois « nouveaux » en cours de création… Il a également rappelé les 20 propositions faites pour un numérique « qui fait gagner la France », avant l’élection présidentielle 2022, mais, « qui restent toujours valables ».
Mieux maîtriser l’empreinte environnementale
Les compétences sont notamment « un enjeu crucial qui ne change pas », de même qu’il faut encore « accélérer autour de l’initiative Planet Tech’Care », portée par Véronique Torner, vice-présidente de Numeum. Lancée en octobre 2020 pour fédérer les acteurs français du numérique autour de la responsabilité sociale et environnementale, ils sont déjà plus de 800 membres actifs aujourd’hui à y avoir adhérer. « Le digital ne peut pas être DIGISALE ! », plaisante Godefroy de Bentzmann, qui précise également, concernant la défense des intérêts de la profession : « Nous nous sommes mobilisés très fortement et continuerons à le faire pour combattre le projet de proposition de loi sénatoriale sur les cabinets de conseils. »
Face à la diversité des membres et des actions du syndicat, le co-président a ensuite conclu joliment : « Nous sommes une auberge espagnole. Il ne faut pas se plaindre, il faut faire, sans pour autant refaire ce qui est déjà fait ailleurs. »
De nombreuses opportunités autour de France 2030
En visioconférence depuis Davos, Jean-Noël Barrot, ministre délégué chargé de la Transition numérique et des Télécommunications, a ensuite déclaré : « Je fais le vœu de développer un numérique durable, responsable et de confiance ». Il a fait aussi de la formation des talents une priorité : « Le grand défi cette année est celui des talents ! Nous nous sommes engagés à former 400 000 experts du numérique d’ici à la fin du quinquennat. » A ce sujet, une cartographie des besoins, des niveaux de compétences requis et des métiers du secteur est en cours, qui permettra des échanges plus efficients avec la profession, de façon à valoriser en face l’offre de formation existante en France. « On veut ajuster notre appareil de formation en France aux besoins des entreprises ! », a-t-il indiqué.
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Présent à la soirée, Bruno Bonnell, Secrétaire général pour l’Investissement (SGPI) en charge du programme France 2030, a pris le relais. Objectif : faire le point sur les actions qu’il mène avec ses équipes dans le cadre d’une double transition à réussir, à la fois énergétique et écologique, dans laquelle le numérique a toute sa place pour accélérer. « Nous nous trouvons dans une métamorphose de notre société, vers l’électrique, a-t-il déclaré. Sur les 54 milliards d’euros que le Gouvernement a dédié à l’innovation, 7 milliards d’euros sont destinés au numérique, que l’on retrouve dans la mobilité, la décarbonation, la santé… 1,2 milliard d’euros sont déjà dégagés en faveur de la souveraineté numérique et des innovations dans l’électroniques, la robotique, l’intelligence artificielle, le quantique et le metavers… 200 millions d’euros sont injectés dans la formation au numérique et il faut encore accélérer sur le sujet. » Selon l’expert, les projets manquent encore dans la formation : « Nous avons les moyens de former plus de gens, tels des data scientists ». A ce jour, sur la totalité du plan, 11,7 milliards ont d’ores et déjà été engagés. Sur 2023, ce seront 15 milliards de plus qui seront injectés dans la transformation de notre économie.
Pour accélérer, Bruno Bonnell veut également agir dans trois directions :
1/ La simplification, notamment pour faciliter l’accès aux PME-TPE : les projets pourront être présentés sur deux pages. On jugera rapidement de sa légitimité… avant d’avoir à remplir toute la procédure. Est-il éligible au financement ? Si oui, enclenchement de la deuxième phase.
2/ La souveraineté numérique : ouvrir le dialogue avec la possibilité de prendre RDV entre les services du SGPI et les candidats potentiels. Dès mars, il y a encore de la place… Ce canal direct permet de répondre plus vite à toutes les questions en suspens.
3/ Commandes publiques : elles vont être davantage déployées, car beaucoup d’entreprises l’attendent afin de pouvoir montrer leurs produits et générer de l’activité.
« Des annonces seront faites d’ici à la fin du 1er semestre de cette année », a-t-il indiqué.
Bruno Bonnell a conclu sur la notion de risque cyber, encore réservée à une population réduite. Pourtant, ce sont des menaces nouvelles dans un monde qui se complexifie pour nos entreprises, centres de R&D, universités…. « Il faut que se diffuse l’importance de la souveraineté numérique, et cela commence par la protection des données et cela passe par vous. La notion de données va devenir essentielle, voire intime ! Il faut que nous apprenions à protéger toutes sortes de données, personnelles ou collectives, pour éviter au départ une cyber incivilité, mais qui peut déboucher sur la cyber criminalité, et peut-être sur une cyber conflictualité. Pour 2023, il faut comprendre que le monde a basculé dans un monde où le numérique devient un élément de défense important de notre souveraineté comme de nos talents.