Lax Gopisetty, Vice President, Global Practice Head for Microsoft Business Applications & Digital Workplace Services, revient notamment sur la fatigue numérique actuelle (et croissante !) et la nécessité d’implémenter un nouveau code de conduites – appelé plus communément, la nétiquette – afin de mieux tirer parti des assets technologiques dans notre vie quotidienne et professionnelle.
Au fil des siècles, l’homme a été programmé pour se comporter d’une certaine manière et s’attendre à un modèle prévisible dans son mode de vie. L’horloge biologique est rythmée et construite pour fonctionner selon ces attentes prévisibles. Cependant, les innovations technologiques ont bouleversé ces schémas.
La connexion instantanée a entraîné des changements importants dans notre façon de fonctionner, de communiquer, de socialiser, de nouer des relations, de travailler et de vivre. Le besoin d’être toujours disponible (professionnellement et personnellement) et le terme familier FOMO (fear of missing out) sont deux perturbateurs distincts qui bouleversent nos modes de vie habituels actuels. Ces deux facteurs entraînent une fatigue numérique qui peut affecter tous les aspects de notre vie.
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Sur le plan relationnel, la pression exercée pour maintenir une présence en ligne peut conduire à des comparaisons qui suscitent l’envie et l’anxiété, ce qui met à rude épreuve les relations personnelles. Sur le lieu de travail, elle peut entraîner une baisse de la productivité ou de la créativité, ainsi qu’une forte dégradation de la santé mentale. Selon Eurostat, en 2020, 44,6 % des employés ont déclaré être confrontés à des risques pour leur bien-être mental au travail. En termes de construction sociale, la fatigue numérique peut avoir un impact drastique sur notre capacité à nouer et à entretenir des relations.
Afin que la technologie devienne un outil pour améliorer, amplifier et libérer un nouveau potentiel dans nos vies – et non devenir maître de nos vies -, il est crucial de trouver un équilibre entre les entreprises, les personnes et la société, qui devront travailler ensemble pour créer un équilibre entre le travail, la vie privée et la technologie. La fatigue numérique sera alors remplacée par la nétiquette. Il ne s’agit pas d’un ensemble de règles et de lignes directrices qui régissent le comportement approprié lors de la communication et de l’interaction avec d’autres personnes à l’aide de plates-formes numériques. Il s’agit de comprendre comment tirer parti des technologies numériques pour améliorer la vie, le travail, la société et l’écosystème humain.
Les personnes qui pratiquent… les bonnes pratiques
Le travail et la vie étaient auparavant explicitement séparés par la géographie, le temps et la construction sociale. Aujourd’hui, la technologie nous permet de travailler de n’importe où, en utilisant n’importe quel appareil disponible, ce qui nous offre une plus grande liberté et créativité. Cependant, il existe une dépendance croissante à l’égard des écrans numériques. Ces préoccupations inoffensives provoquent à bien des égards un épuisement mental et une fatigue numérique. Pour résumer ce sentiment, Gartner affirme que la perturbation n’est pas intrinsèquement bonne ou mauvaise. Elle peut être considérée comme une opportunité ou une menace. Les individus doivent utiliser les outils avec discernement et donner la priorité aux technologies pour équilibrer les relations personnelles ou professionnelles.
Les entreprises doivent impulser l’usage de bonnes pratiques numériques
Dans un cadre professionnel, nous utilisons la technologie pour rester connectés et gérer notre vie quotidienne. Toutefois, cette dépendance accrue à l’égard de la technologie a également entraîné un pic d’épuisement professionnel chez les employés. Une enquête de Deloitte a révélé que plus de 24 % des personnes interrogées sont dépassées par le nombre d’appareils et d’abonnements qu’elles doivent gérer. La fatigue numérique peut entraîner toute une série de problèmes, notamment une baisse de la productivité, une augmentation de l’anxiété et un manque de motivation et d’engagement.
Pour y remédier, Forrester recommande aux entreprises d’adopter une approche de la transformation numérique centrée sur l’Humain – qui donne la priorité aux besoins et aux expériences des individus. Concevoir des expériences numériques intuitives, faciles à utiliser et axées sur l’obtention de résultats spécifiques facilitera notre vie numérique.
Les entreprises peuvent apporter leur pierre à l’édifice en créant et en entretenant une culture de la flexibilité, du travail, de la vie privée et de la technologie – avec des limites définies en établissant des heures de travail spécifiques et en limitant ou en décourageant la communication en dehors des heures de travail. Elles peuvent également encourager les employés à faire régulièrement des pauses technologiques ou encore proposer des modalités de travail flexibles, telles que le travail à distance, l’aménagement du temps de travail ou le partage de poste. Les cadres doivent favoriser une culture de travail positive qui encourage la communication ouverte, la collaboration et le travail d’équipe.
La nétiquette, pour trouver un juste équilibre entre les individus, le numérique et la société
Les organisations, les individus, les décideurs politiques et la société dans son ensemble sont responsables de la gestion de l’étiquette numérique. Les individus doivent être attentifs à leurs habitudes numériques, réduire leur charge de travail numérique et donner la priorité à l’auto-prise en charge. Ils doivent s’informer sur les droits et les responsabilités dans le monde virtuel et adopter les mesures de sécurité et les pratiques éthiques nécessaires pour minimiser les risques et maximiser les opportunités.
Dans le même temps, les entreprises doivent s’efforcer de créer un environnement de travail qui favorise le bien-être des employés et leur fournir des ressources et un soutien adéquats. Elles doivent définir de nouvelles façons de mesurer la productivité plutôt que de se concentrer sur la présence numérique ou la réactivité et encourager un équilibre sain entre vie privée et vie professionnelle. La société peut devenir le socle du changement en promouvant la culture numérique et en créant des limites pour prévenir la cyberintimidation et la cybercriminalité. En travaillant ensemble, toutes les parties prenantes peuvent contribuer à réduire la fatigue numérique et à créer un lieu de travail plus sain et plus productif.