Mercredi 10 mai, la rédaction d’Alliancy proposait, en partenariat avec le CNRS, de découvrir des start-up de la Deeptech dont les marchés respectifs (santé, quantique et industrie) concernent les grands défis de demain. Un panel de jeunes pépites présidées, dirigées ou cofondées par des femmes et à l’actualité florissante
Les start-up Deeptech, issues de laboratoires sous tutelle du CNRS, ont le vent en poupe. Ces jeunes entreprises développent des technologies de rupture vouées à refaçonner notre perception du monde dans les prochaines décennies. Leur ambition principale : tacler les grands défis du XXIe siècle, de la lutte contre le changement climatique, à la transition énergétique en passant par la découverte de traitements contre des maladies incurables.
En ce sens, la recherche fondamentale joue un rôle déterminant dans l’émergence de ces révolutions. Avec la création d’une centaine de start-up par an issues de laboratoires dont il assure la tutelle, le CNRS se positionne parmi les grands acteurs de la Deeptech française.
La France compte aujourd’hui près de 1 800 start-up Deeptech (soit 50 000 emplois), qui sont au cœur de la dynamique économique du territoire et représentent un réel levier de ré-industrialisation. Avec le plan France 2030, la France souhaite accélérer et créer désormais 500 deeptech par an (320 en 2022), d’où l’importance de se rapprocher du monde de la recherche…
C’est pourquoi pour cette sélection spéciale « innovation de rupture », et à quelques semaines du salon Vivatech 2023, nous avons également échangé avec Antoine Petit, PDG du CNRS, sur la stratégie de l’institut en matière de valorisation de la recherche publique.
D’ailleurs, après avoir bénéficié des outils d’accompagnement du CNRS ou d’autres grands organismes français de recherche (pré-maturation, maturation…), ces deeptech ont, pour certaines, levé des fonds auprès d’investisseurs, souvent de manière significative, et sont aujourd’hui à l’aube de toucher le marché avec des innovations au réel impact sur la société.
Retrouvez ici l’entretien avec Antoine Petit, PDG du CNRS
[Quantique] Maud Vinet, CEO et co-fondatrice de Siquance
Créée en 2022, Siquance développe le 1er ordinateur quantique (Qosmos) capable d’atteindre 1 million de qubits en se basant sur les technologies de la microélectronique. La principale rupture technologique repose sur la transformation d’un transistor, unité de base du calcul classique, en un bit quantique, unité de base du calcul quantique. Qosmos exploite à la fois les propriétés physiques du silicium pour fabriquer des bits quantiques d’excellente qualité et les technologies de la micro-électronique qui produisent les puces contenant des milliards de transistors pour les ordinateurs et les smartphones du quotidien. Rattachée au CEA, la start-up compte le CNRS à son capital.
« À Grenoble, nous avons la force d’un écosystème. Ici, nous sommes les seuls au monde à pouvoir nous appuyer sur des scientifiques de renom et des personnes issues de la technologie. En cela, nous avons un temps d’avance ! Notre objectif est de prendre le leadership technologique mondial », nous déclare Maud Vinet, qui nous raconte comment Siquance travaille avec cet écosystème et les avantages qu’elle en a retirés pour gagner la bataille.
[Industrie] Katia Hilal, COO et co-fondatrice d’Amiral Technologies
Amiral Technologies développe des solutions de maintenance prédictive industrielle. Elle commercialise Diagfit, un logiciel de prédiction de pannes d’équipements industriels en mode aveugle : le logiciel construit un modèle prédictif à partir des données saines d’un équipement et peut alors détecter toute sortie de la “normalité” sans avoir besoin d’historique de pannes au préalable. Cette approche non supervisée permet une mise en oeuvre rapide de la solution. Aujourd’hui, la start-up, qui compte une vingtaine de collaborateurs et poursuit ses recrutements, affiche entre 20 et 25 clients industriels de différents secteurs (surtout énergie et transport).
[Santé] Virginie Simon, CEO et co-fondatrice de Beams
Beams développe, conçoit et souhaite commercialiser des dispositifs médicaux d’aide à la chirurgie en oncologie afin de prévenir le risque de récidive locale du cancer, tout en préservant la qualité de vie des patients. Aujourd’hui, la start-up en cours de levée de fonds, qui compte ses quatre cofondateurs et 2 salariés à ce jour, recrute plusieurs profils (CTO, affaires réglementaires…). Virginie Simon, docteur en cancérologie, qui a rencontré les cofondateurs de Beams à San Francisco dans le cadre du programme Rise du CNRS (lancé en 2019), avait déjà créé une 1ère start-up à 28 ans au sein de Willa (ex-Paris Pionnières) et qui s’est développée rapidement à San Francisco. « C’est fondamental d’avoir un accompagnement, estime-t-elle. Un projet académique est très riche, mais reste souvent pauvre au niveau du business… D’où l’importance d’avoir un mentor et de s’ouvrir à d’autres profils. »
[Santé] Emmanuelle Martiano Rolland, COO et co-fondatrice d’Aqemia
Aqemia combine des algorithmes d’apprentissage automatique et de mécanique statistique d’inspiration quantique, issus de huit années de recherche fondamentale, pour générer des pistes meilleures et plus innovantes pour une cible donnée. La deeptech compte une cinquantaine de personnes à 95 % ingénieurs ou scientifiques… Plusieurs postes seniors sont ouverts, pour tous types de compétences, lifesciences, chimie, biologie… Aujourd’hui, l’entreprise regarde vers les Etats-Unis, marché le plus important au niveau mondial. Emmanuelle Martiano-Rolland nous explique comment Aqemia prépare cette internationalisation et sa visibilité sur ce marché et le rôle majeur des institutions.
[Santé] Julie Rachline, CEO et cofondatrice de BrainTale
BrainTale, start-up d’une quinzaine de personnes, issue de l’AP-HP, mesure le cerveau pour diagnostiquer, suivre et prédire l’évolution des maladies cérébrales. C’est avec des dispositifs médicaux numériques cliniquement validés, activables en routine clinique issus de mesures non invasives, sensibles et fiables que Braintale va établir un nouveau standard de mesure du cerveau à la fois pertinent et utile pour les patients, les médecins, les chercheurs et les laboratoires développant des traitements. L’équipe s’est rencontrée dans le cadre de LallianSe, une structure fondée par Julie Rachline, qui nous explique l’objectif de cette structure indispensable pour aider les entrepreneurs dans le domaine de la santé.