L’IA conversationnelle d’OpenAI a contribué à démocratiser l’IA et les modèles génératifs auprès des Français, souligne un sondage de Talan. Cependant, l’exercice a ses limites. Notoriété et usage restent largement cantonnés à ChatGPT.
Fin 2022 déferlait la vague ChatGPT. Avec son interface conversationnelle ouverte à tous sur Internet, l’adoption était rapide, massive et ludique. Gare en effet aux hallucinations. Les Français se sont eux aussi emparés de l’outil développé par OpenAI – qui a ainsi pu préparer le terrain au lancement de GPT 4 (et après une sortie bien plus discrète et nullement grand public de GPT 3).
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Les tricolores sont-ils depuis devenus des fins connaisseurs de l’IA générative dont GPT 4 constitue un des modèles disponibles (tandis que ChatGPT est en réalité une interface d’accès à GPT 3.5 et non une IA générative à proprement parler) ? ChatGPT a-t-il réussi son travail d’évangélisation ?
ChatGPT évangéliste de l’IA générative
Oui, en partie d’après le sondage réalisé en mai par l’IFOP pour le compte de l’ESN Talan. Ainsi, 71% des Français ont entendu parler des IA génératives. Ils se montrent en outre dithyrambiques quant à ses caractéristiques.
74% des sondés pensent que les IA génératives constituent une nouvelle révolution industrielle – rien de moins. Ils sont en outre 51% à estimer que les enseignants doivent s’emparer du sujet dans le but d’en enseigner les avantages et inconvénients. Le sentiment dans la profession est toutefois nuancé – pour le moins -, voire hostile pour certains.
Mais quid des usages réels de ces outils et de la compréhension des Français ? 44% les utilisent à la fois dans un cadre personnel et professionnel. L’utilisation professionnelle est toutefois loin d’être décomplexée.
“68% des Français qui utilisent les IA génératives en entreprise le cachent à leur supérieur hiérarchique”, mesure le sondage Ifop. Une absence de transparence et de gouvernance qui pourrait s’avérer préjudiciable.
En effet, le recours à certaines de ces IA nécessite des précautions pour éviter des fuites de données, comme celle subie par Samsung. Ce risque est à rapprocher des usages effectifs des IA. Or, ils restent généralistes.
Des usages génériques sinon basiques
Pour les sondés, il s’agit d’augmenter leurs connaissances (34%), d’effectuer des recherches comme dans un moteur de recherche (31%), de traduire des textes (26%), d’accroître leur productivité (20%), de générer du texte (20%). 18% seulement en usent pour améliorer leur créativité.
La complexification des usages passera par une phase d’idéation et d’acculturation. Sur ce dernier point, OpenAI semble par ailleurs avoir, avant tout, démocratisé le marché au profit de ses propres technologies. Ainsi, la connaissance de l’IA générative se limite largement à ChatGPT, citée par 62% des Français – contre 16% pour Bing (+OpenAI) et 12% pour Midjourney sur la génération d’image.
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Le domaine demeure donc encore à défricher et les utilisateurs à former. Talan perçoit aussi un “choc générationnel” sur le sujet de l’IA générative. Pour le mesurer, il se base sur le taux d’usage : 45% des 18-24 ans utilisent ces IA contre seulement 18% des 35 ans et plus.
Mais quelle que soit la génération, le besoin de formation et d’accompagnement est “évident”, considère l’ESN. Les Français reconnaissent à 72% ne pas avoir les connaissances suffisantes pour utiliser les IA génératives.
Ce développement des connaissances s’impose aussi pour lever les craintes qu’elles génèrent. 68% des Français en expriment vis-à-vis de l’émergence de ces technologies. Ils sont de plus 51% à appeler l’Etat à soutenir davantage l’émergence d’acteurs français de l’IA générative. Un enjeu clé pour l’autonomie et la souveraineté numérique ?