E-commerce – François Momboisse de la Fevad : Grandir avec le commerce

« La fréquence d’achat continue de progresser » François Momboisse, président de la Fevad.

« La fréquence d’achat continue de progresser »
François Momboisse,
président de la Fevad

Chaque année, le poids économique de l’e-commerce augmente : chiffre d’affaires et effectifs en hausse, perspectives à l’international… Et son poids politique? Réponse de François Momboisse, président de la Fédération de l’e-commerce et de la vente à distance (Fevad).

Alliancy, le mag. Incontournable, l’e-commerce est-il devenu un secteur économique à part entière?

François Momboisse. Le commerce sur Internet infuse tout le commerce. Faire la distinction entre les deux n’a plus de sens. La plupart des distributeurs du monde physique ont un « bras » Web. On en compte six dans le Top 10 des sites d’e-commerce BtoC en France. Economiquement, la vente en ligne compte. L’an dernier, son chiffre d’affaires, en France, a encore progressé de 13,5 %, pour dépasser les 51 milliards d’euros. Près de 20 000 sites marchands ont vu le jour en 2013, ce qui porte à 138 000 le nombre total d’e-commerçants.

La croissance des ventes ralentit.
 Par quoi est-elle encore tirée ?

Le nombre de nouveaux cyberacheteurs n’augmente plus beaucoup et le panier moyen s’effrite légè- rement*. La dynamique de notre secteur est due à la fréquence d’achat qui continue de progresser. Elle atteint dix-huit transactions par an et par acheteur. C’est quasiment cinq de plus qu’en 2011.

 

Et l’international ?
C’est un facteur de développement évident, mais il ne suffit pas d’ouvrir un site dans la langue d’un pays pour y faire des affaires! Il faut découvrir chaque marché avec ses spécificités. En matière de paiement, par exemple, les habitudes sont très différentes. Les Européens du Sud payent à la livraison, les Allemands par virement et nous, en France, nous privilégions les cartes bancaires. S’implanter à l’étranger reste compliqué. Ce n’est pas un hasard si dans le Top 10 des sites marchands en France figurent seulement trois groupes étrangers**.

E-commerce - François Momboisse de la Fevad : Grandir avec le commerceQue représente l’e-commerce en termes d’emplois ?

Entre les emplois directs et indirects chez les prestataires logistiques, informatiques et marketing, cela représente environ 80000 postes. On a besoin de monde aux deux bouts de la chaîne. D’un côté, des postes peu qualifiés en logistique, mais avec de forts pics d’activité à Noël, et de l’autre des fonctions de niveau bac +2 à bac +5 en informatique et en marketing. Mais, là encore, les chiffres n’ont pas vraiment de sens. Avec le passage des enseignes du monde physique à l’e-commerce, de nombreux emplois sont mutualisés.

L’e-commerce fait-il entendre sa voix face aux pouvoirs publics ?

La Fevad est membre du Conseil du commerce de France [l’organisation qui regroupe les fédérations et les acteurs du commerce, ndlr] et du Mouvement des entreprises de France [Medef]. C’est important pour coordonner nos prises de position. Ces deux organisations nous ont d’ailleurs représentés au moment des discussions sur la Loi Hamon.

L’intérêt de vos adhérents est-il
toujours celui des commerçants
du monde physique ?

Nous veillons et militons pour qu’il n’y ait pas de différences de traitements fiscal et juridique entre les deux univers. Il a été un moment question de créer une taxe sur le chiffre d’affaires Internet. Heureusement que ce projet a été abandonné, il aurait créé des distorsions de concurrence. Il existe néanmoins des dispositions propres à la vente en ligne. Un consommateur qui achète un article en ligne et le retire en magasin dispose d’un délai de rétractation de quatorze jours, puisque c’est une vente à distance. Mais s’il ne fait que réserver sur le site et paye en magasin, il s’agit alors d’une vente en magasin qui n’ouvre pas les mêmes droits. Ce sont des subtilités qu’il faut bien expliquer aux consommateurs.

* Le panier moyen a perdu 2 % en 2013, à 83 euros (source : Fevad).
** Les américains Amazon et eBay, et le japonais Rakuten.

Cet article est extrait du n°8 d’Alliancy, le mag