Amadeus annonce travailler en partenariat avec Microsoft et Accenture pour développer de nouvelles intégrations basées sur l’IA entre sa plateforme de gestion des déplacements et des dépenses Cytric Easy et Microsoft 365. Mais pas que…
Finie la complexité de la gestion de ses voyages d’affaires sur différentes plateformes… Accenture, en collaboration avec Avanade, travaille désormais avec Amadeus pour développer et piloter l’assistant de voyage, intégré à la plateforme Cytric Easy d’Amadeus. Cet assistant alignera les préférences des voyageurs aux politiques de voyage définies par les entreprises, afin de fournir une expérience plus efficace et plus rentable.
L’assistant interactif alimenté par l’IA générative (IAG) s’appuiera sur les technologies Microsoft, notamment les modèles GPT d’Azure OpenAI Service, Microsoft 365 et Teams, pour aider les voyageurs d’affaires à gérer les différents éléments de leur déplacement (de la planification, la réservation et avant le départ, jusqu’au déplacement et après) de la façon la plus appropriée.
De plus, Amadeus travaille avec Microsoft sur un nouveau plugin Cytric Easy pour Microsoft 365 Copilot, en cours de déploiement, qui apportera la puissance de l’IAG à l’outil de productivité de Microsoft. Ce plugin permettra aux collaborateurs de trouver et de réserver rapidement des itinéraires selon un flux de travail unique et sophistiqué au sein de Microsoft 365, en utilisant des instructions en langage naturel.
L’IAG pour innover plus vite
Ainsi, cette collaboration tripartite s’inscrit dans une vision plus large visant à transformer les voyages d’affaires et créer des parcours hyper-personnalisés et hyper-contextualisés, au sein de Microsoft 365 et Teams.
Pour y parvenir, tout en garantissant que les solutions d’IAG et de ses nouvelles solutions puissent être conçues et déployées de manière responsable à l’échelle mondiale, le groupe s’est doté d’une nouvelle gouvernance de l’IA (qui se réunit deux fois par semaine !), comme l’expliquait ce jour Denis Lacroix, président d’Amadeus France, lors d’un déjeuner de presse organisé dans les nouveaux locaux de l’entreprise à Issy-Les-Moulineaux et de la présentation d’une nouvelle feuille de route dans ce domaine. « Notre budget R&D de 1,1 milliard d’euros va considérablement augmenter et l’IA générative est l’un de nos plus gros sujets. Les partenariats avec Microsoft et Accenture sont stratégiques, notamment pour notre produit Cytric Easy et la clientèle d’affaires ».
Le groupe souhaite en effet aller plus vite en matière d’innovation en s’alliant à ces géants de la tech. « Ils ont une force de frappe que nous n’avons pas. » Des investissements qui marquent également la volonté de diversification du modèle d’Amadeus pour ne plus dépendre uniquement des compagnies aériennes, précise Bertrand Poey, directeur général d’Amadeus.
Tout cela devient donc très concret avec une volonté forte de fournir des solutions à l’ensemble des acteurs du monde du voyage (aéroports, hôtels, agences, compagnies aériennes…), y compris en matière de solutions de paiement avec la création récente de sa filiale Outpayce. Des activités en forte hausse pour le groupe qui bénéficie d’une reprise claire dans le secteur du voyage, avec un retour à 95 % du trafic aérien en juillet dernier… « Pour l’Europe et la France, le taux d’occupation est à 83 % (sièges remplis en vol), soit 5 points au-dessus de la moyenne mondiale ».
Le groupe emploie 9 000 ingénieurs, dont 50 % sont basés sur la Côte d’Azur.
Cette année, il compte embaucher 350 nouveaux profils IT.
Désormais, le groupe souhaite renforcer son écosystème autour de la fonction R&D, notamment avec Microsoft (cloud et IAG) et Accenture (solutions CitricEasy), mais également Adobe (avec lequel il développe les sites web de nombreuses compagnies aériennes en Europe).
Cette évolution vers le cloud notamment permettra au groupe de déployer ses solutions au plus près de ses clients, à la fois plus rapidement, mais aussi pour des raisons réglementaires (à terme, il se pourrait que les données personnelles des passagers doivent être traitées dans le pays même)…
« Les données de nos clients seront dans le cloud de Microsoft, mais elles seront cryptées avec nos clés ! Il sera strictement impossible d’y avoir accès », précise toutefois le dirigeant. Ensemble, les deux partenaires gèrent un « entonnoir d’innovations à 50/50, en codéveloppement. »
Plusieurs projets dans l’IAG sont ainsi en cours avec Microsoft, notamment avec une compagnie aérienne (non précisée) pour mieux servir la demande des voyageurs. « En interne, ça bouillonne !, reconnait le PDG. En trois mois, 180 initiatives ont été relevées. D’où l’importance de cette gouvernance interne pour les hiérarchiser avec nos avocats, des responsables de propriété intellectuelle, la R&D, les commerciaux… « Il faut rester conforme à notre éthique ».
La multimodalité, autre sujet majeur
Le groupe travaille par ailleurs à des solutions multimodales de voyage (bus, avion, train…), tout en reconnaissant que c’est difficile techniquement. « Nous sommes actifs auprès de la Commission Européenne pour garantir à Amadeus l’accès aux données dont on a besoin. Nous avons besoin de directives claires pour construire ces solutions. Il y a une demande très forte de la part de toutes les agences de voyage. C’est le futur du voyage, d’où l’importance d’arriver à interconnecter tous les acteurs de l’écosystème dans les 3 à 5 ans. »
La durabilité est également un sujet majeur abordé par le dirigeant, qui rappelle que le groupe veut fournir des solutions « propres » à ses clients, que ce soit pour optimiser l’équilibrage d’un avion par exemple, ou son altitude en vue d’économiser du carburant. « Nous travaillons par exemple à optimiser les décollages pour avoir le moins d’attente possible sur le tarmac. »
Il fournit également des solutions de calcul d’empreinte carbone des voyages aux agences, comme il choisit d’investir dans la start-up allemande Caphenia (fuels de synthèse) pour mieux comprendre l’évolution du marché des carburants. C’est d’ailleurs le premier investissement du leader des technologies du voyage en dehors du secteur des logiciels.
En interne cette fois, le groupe travaille à revoir la production de chaud et de froid sur son site historique de Sophia Antipolis (réfection énergétique des bâtiments, mise en place de solutions de géothermie, toitures photovoltaïques).
Et Green IT oblige, il rappelle que la frugalité a du bon à ses 9 000 développeurs, à qui il est proposé de suivre les bonnes pratiques de la Green Software Foundation (logiciels écologiques), à laquelle a adhéré Amadeus depuis un an. « Ils proposent un catalogue des bonnes pratiques d’ingénierie logicielle pour optimiser les ressources, explique Denis Lacroix, qui cherche à atteindre l’optimum avec ses équipes.
Cette année, le groupe recrutera 350 ingénieurs pour ses activités IT. « Ce n’est jamais facile de recruter, reconnaît-il. Mais les projets que nous leur proposons sont attractifs, que ce soit dans le cloud et l’IAG, à l’international, et tout cela, depuis la Côte d’Azur. »
Enfin, concernant la norme NDC – New Distribution Capability -, pour la transmission des données basée sur XMLNDC (sujet qui sera largement abordé lors de l’IFTM la semaine prochaine), les deux dirigeants assurent que la transition est en marche. « Nous distribuons actuellement 21 compagnies aériennes et de nouveaux contenus arriveront bientôt sur les plateformes de distribution ». Un vrai changement de paradigme vers la digitalisation de l’industrie du voyage…