Avec ses solutions d’IAG combinées à un robot autonome, Iktos veut considérablement accélérer les premières phases de recherche de nouveaux médicaments. De quoi changer le secteur à horizon cinq ans.
« Depuis 2016, on fait du ChatGPT. Mais pas en français… en Smiles ! » Quentin Perron, co-fondateur d’Iktos, fait référence à un langage scientifique, le Simplified Molecular Input Line Entry Specification. C’est lui qui permet à l’entreprise de soumettre des images de molécules en réponse à une recherche menée avec l’intelligence artificielle générative. La startup française veut de cette manière considérablement accélérer le processus de recherche de nouveaux médicaments. Pour y parvenir, elle entend combiner trois solutions d’IAG (Makya, Spaya et Ilaka) et l’utilisation d’un robot autonome.
« Trouver un médicament prend entre 15 et 20 ans », indique Yann Gaston-Mathe, PDG d’Iktos. »Une fois qu’on connaît la cible à traiter, on se focalise sur la découverte d’une molécule en laboratoire de chimie médicinale. Cette seule phase peut prendre jusqu’à cinq années. » L’objectif de l’entreprise est de la réduire à quelques mois, en promettant un coût divisé par deux avant les essais cliniques.
Un robot autonome
Depuis près d’un an, l’entreprise parisienne a installé un laboratoire dans une zone industrielle de l’Essonne, au sein des locaux d’Oncodesign, société spécialisée dans l’industrie pharmaceutique C’est dans cet environnement de recherche blanc, entre paillasses bien rangées, armoires à produits chimiques inflammables et balances de précision, qu’a été installé un robot autonome, piloté par une interface innovante mise en place par Iktos.
Arrivé d’Italie il y a quelques mois pour plusieurs centaines de milliers d’euros, ce robot est capable de réalis
er à lui seul 96 réactions chimiques simultanées, en dosant, agitant et chauffant des petits tubes en verre. »Aujourd’hui, nous sommes en phase de test, mais nous voulons passer à 100 réactions par jour en janvier et près de 500 dans les six mois », assure Quentin Perron, lui-même ancien chimiste. Il précise : »Un projet a besoin de 1500 à 2500 molécules avant d’avoir un bon candidat aux essais cliniques. Et environ 90 % seront retoqués pendant ces essais et ne deviendront jamais des médicaments ».
Quentin Perron le promet : »Cinq chimistes accompagnés de nos solutions et d’un robot autonome seront aussi efficaces qu’un laboratoire d’une trentaine de personnes ». Car en amont, Iktos a mis en place trois solutions d’intelligence artificielle générative permettant d’optimiser la recherche de nouveaux candidats à synthétiser en laboratoire. »Il faut d’abord imaginer qu’on doit trouver la bonne clé pour une serrure. C’est le début d’un véritable Rubik’s Cube », prend pour image le directeur de la stratégie de la jeune pousse.
Trois solutions d’IAG combinées
La première plateforme conçue par l’entreprise, Makya, s’inspire alors de la littérature et, selon un cahier des charges déterminé par les chimistes, va imaginer des molécules et construire un modèle prédictif afin de savoir si celles-ci peuvent être actives ou non sur la cible responsable de la maladie. »Elle génère des molécules et leur donne des scores qui prédit un niveau d’efficacité contre la cible. Cela en seulement quelques heures », explique Quentin Perron, qui précise que cette solution est déjà présente dans les laboratoires de grands industriels.
Suivent ensuite les solutions Spaya et Ilaka. »La première a été entraînée sur des millions de réactions connues dans la littérature et peut ainsi proposer plusieurs ‘recettes de cuisine’ au chimiste pour fabriquer une molécule », indique l’ancien scientifique formé notamment à UCLA (Université de Californie), alors que la seconde adapte ces recettes au robot. Entre les trois solutions, la synthèse des réactions sur le robot ainsi que l’analyse du produit final par un partenaire extérieur, il ne faut que quelques jours.
Trop tôt pour apprécier les résultats
Quelques mois après une levée de fonds de plus de 15 millions d’euros, Iktos compte aujourd’hui 60 salariés, dont cinq aux États-Unis et un peu moins au Japon, pays dans lequel va bientôt être ouverte une filiale. »Nous prévoyons un nouveau tour de table d’ici 15-18 mois », indique le PDG Yann Gaston-Mathe, qui insiste sur l’élan dont peu profiter l’entreprise. « Depuis les années 80, les technologies sont utilisées dans ce domaine, mais aujourd’hui avec l’IAG, nous avons une rupture technologique et tout le monde en est conscient »
Plusieurs entreprises déjà clientes des solutions d’IAG, mais pour l’instant, Iktos ne souhaite pas vendre les services de son robot autonome. Elle veut continuer à fabriquer ses propres molécules, afin de réussir à déposer des brevets, pour « prouver aux clients que cela fonctionne ». Mais il faudra encore un peu de temps selon le PDG : »Il est encore trop tôt pour qu’il y ait déjà des médicaments créés par l’IAG. Mais je pense que les petites molécules qui seront en essais cliniques dans 5 ans viendront des IAG ».