Menée conjointement avec Swile, entreprise spécialisée dans l’émission d’avantages salariés, et l’entreprise du secteur des RH Adecco, une consultation citoyenne fait ressortir la nécessité pour les entreprises de repenser un nouveau modèle. L’attachement des Français pour leur travail persiste mais la demande de reconnaissance et d’un meilleur équilibre entre la vie professionnelle et personnelle devient incontournable.
“Le bien-être, la qualité de vie et le sens viennent percuter le monde du travail,” note Xavier Monty, Chief People Officer chez Swile, à la suite d’une consultation citoyenne menée par son entreprise et le Groupe Adecco, concernant un futur du travail épanouissant. Ces aspects sociaux prennent une place grandissante chez les salariés et obligent les entreprises à s’adapter. “Elles doivent creuser pour mieux investir dans la performance sociale, en donnant aux collaborateurs les moyens de trouver un sens dans une dynamique collective,” indique Xavier Monty, impliqué dans la consultation citoyenne, avec la participation des près de 20 000 personnes.
L’unique rémunération devient insuffisante
Au-delà des augmentations de salaires, plébiscitées par 88 % des répondants, les résultats de la consultation mettent en lumière d’autres attentes. Parmi elles figure l’importance de s’intéresser aux bénéfices des entreprises (87 %), de récompenser les salariés pour les fidéliser (81 %) et de garantir les avantages pour les collaborateurs (78 %). Outre la composante salariale, les Français souhaitent obtenir les moyens de monter en compétences et en responsabilité.
Selon le Chief People Officer de Swile, on sort de la logique unidimensionnelle d’échanger un travail contre un salaire : “Il faut passer d’une relation de salarié à celle de collaborateur, valorisant ainsi la contribution de chaque individu au succès des entreprises.” Pour preuve, 90 % des répondants attendent que leur entreprise facilite leurs évolutions de carrière. Ils souhaitent être davantage intégrés aux processus de décision de l’entreprise. “La consultation citoyenne renforce l’idée d’une co-construction, de participation, d’implication de tous les collaborateurs pour plus d’engagement dans un projet collectif.”
Les Français ne veulent pas travailler moins, mais mieux
Les propositions de réduction ou d’augmentation du temps de travail sont loin de susciter un consensus chez les répondants. 29 % des interrogés ont ainsi exprimé leur envie de travailler 40 heures par semaine pour revenir à une retraite à 62 ans. La moitié d’entre eux rejette également la possibilité de proposer des horaires aménagés aux parents de jeunes enfants, qu’ils compenseraient plus tard dans leur carrière. “Les Français restent attachés à la notion de travail,” assure Xavier Monty. “Mais ils veulent travailler mieux en explorant un meilleur équilibre de vie.” Ainsi, plus de 82 % des sondés souhaitent également l’expérimentation de la semaine de quatre jours.
Selon le CPO de l’entreprise française, la crise Covid a fait émerger une crise du sens individuel. Les questions liées au télétravail génèrent des controverses. Si 48 % des répondants ne sont pas favorables à limiter le télétravail, un travail à distance complet est pourtant loin de faire l’unanimité. En effet, les avis sont partagés, avec 42 % en faveur et autant contre. “Le mouvement de balancier très individuel qui s’est imposé aux salariés confinés est en train de se rééquilibrer au profit du collectif,” juge Xavier Monty, qui observe néanmoins le besoin des salariés de préserver l’espace de vie personnelle dans le rapport à la valeur travail.
Vers un modèle de travail plus respectueux de l’humain et de l’environnement
Les Français interrogés ne rejettent pas l’entreprise et la perçoivent comme le premier vecteur du lien social. Cette performance sociale que doivent atteindre les entreprises pour l’épanouissement de leurs salariés peut avoir un effet direct sur la performance globale de la société. “On crée une culture commune qui fédère le collectif. Et si un collectif est plus épanoui et satisfait, il est plus engagé et, in fine, plus performant,” estime Xavier Monty. “La performance sociale crée un cercle vertueux où l’engagement des employés stimule la productivité, renforce la réputation de l’entreprise et lui permet de contribuer plus positivement à la société.”
L’importance accordée à la Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) et leurs engagements connexes est particulièrement forte, avec 79 % des répondants considérant impératif de favoriser des pratiques plus respectueuses de l’environnement au sein des entreprises. C’est ainsi un élément d’attractivité de l’entreprise et un des leviers pour répondre à la quête de sens des salariés. “Il existe de nouveaux questionnements sur la responsabilité des entreprises dans la transition environnementale et leur capacité à challenger leurs pratiques pour intégrer ces préoccupations à leurs activités,” indique le CPO de Swile. Cependant, c’est surtout la dimension humaine qui se démarque, avec 85 % des participants estimant qu’il est primordial de privilégier l’humain avant le profit. Ce changement de paradigme que souhaitent les salariés ne semble pas se faire au détriment des entreprises qui, in fine, pourront en tirer des avantages, même économiques.