Hauts-de-France : de la biotech aux fermes-relais, les PME et ETI se transforment grâce au numérique

Avec 10 % des entreprises françaises de la tech et de l’innovation implantées sur son territoire, la région des Hauts-de-France se positionne comme un acteur majeur de l’économie numérique de l’Hexagone. Tour d’horizon.

En tout, la filière du numérique compte dans les Hauts-de-France 5 133 entreprises. 62 % se situent dans le département du Nord, 14 % dans l’Oise, 13 % dans le Pas-de-Calais, 7 % dans la Somme et 4 % dans l’Aisne. Cette filière représente un total de 44 700 emplois, selon les chiffres de l’Agence régionale de développement et d’innovation Hauts-de-France. La région compte également plus de 24 structures d’innovation numérique, dont plus de 10 sont localisées dans la Métropole Européenne de Lille (MEL). Ces structures couvrent divers domaines tels que la santé numérique, les industries culturelles et créatives, les EdTech, la FinTech et l’AssurTech.

Quant à l’incubateur Euratechnologies, il fait partie des plus grands incubateurs européens dédiés aux startups technologiques. Situé à Lille et à Saint-Quentin, il offre un écosystème dédié à la création et au développement d’entreprises innovantes, avec des programmes d’accompagnement, des espaces de coworking et des opportunités de financement. Situé à Roubaix, l’incubateur numérique Blanchemaille soutient, lui, les startups du numérique dans les domaines de l’IoT, de la cybersécurité et de la Fintech. Il propose des programmes d’accompagnement personnalisés, des formations et des mises en relation avec des investisseurs.

Les biotechs et le secteur médical à l’honneur

Mais l’écosystème numérique des Hauts-de-France, ce sont aussi des PME et ETI (entreprises de taille intermédiaire) qui se transforment à un rythme soutenu grâce au numérique. C’est le cas notamment de GD Biotech, spin-off du groupe Gènes Diffusion (acteur européen dans le domaine de la génétique et de la reproduction animale). Elle s’appuie sur une équipe de biologistes et bio-informaticiens pour accompagner les éleveurs dans l’analyse de leurs échantillons. Fin 2023, l’entreprise a signé une licence exclusive avec la SATT Nord (Société d’Accélération du Transfert de Technologie), dans le cadre d’un projet (baptisé CowBiot) qui a abouti à l’identification d’un biomarqueur du microbiote intestinal bovin, prédictif d’une plus grande longévité en production laitière.

Dans le secteur médical, la société Happlyz Médical se spécialise quant à elle dans les solutions visant à améliorer la qualité de vie des personnes atteintes d’insuffisance respiratoire. Elle a notamment conçu la Flûte Lorio, la première flûte connectée conçue pour la rééducation respiratoire par le biais de la gamification. L’histoire de Happlyz Médical a commencé lors de la préparation à un Hackathon (RespirH@cktion), qui a eu lieu au CHU de Lille fin 2019. C’est à cette occasion que les fondateurs ont rencontré des patients atteints de pathologies respiratoires chroniques. Le jury, composé de patients, d’associations, de pneumologues et de directeurs de structures, avait alors décerné à la société le Prix Coup de Cœur du Jury.

Du sport, des fermes-relais et des bornes de rachat connectées

Kobi, de son côté, est une application qui vise à financer les activités sportives de ses utilisateurs grâce à leurs achats auprès de 8 000 enseignes partenaires ou à l’abondement de leur entreprise. Kobi revendique avoir déjà conquis 120 000 utilisateurs, dont un nombre croissant de salariés, auxquels l’application permet de se constituer un budget pour financer leurs dépenses sportives : licence dans une association sportive, abonnement en salle de sport ou équipement. Le champion du monde de football Raphaël Varane est récemment devenu ambassadeur de l’application. Celle-ci référence aujourd’hui 105 000 clubs sportifs, et elle a généré 25 millions d’euros d’achats solidaires, pour 600 000 euros cagnottés.

Quant à la société Agrikolis, située à Roubaix, elle a constitué un réseau de plus de 300 fermes-relais pour la réception et le stockage de colis de grande taille ou intermédiaire. Labellisé RSE via le Label Lucie 26000 depuis 2023, l’entreprise propose également, depuis peu, des solutions de transport, stockage et de transit. En janvier 2023, la société a levé 1,2 million d’euros auprès d’investisseurs privés. Son objectif est désormais de passer de 300 à 600 fermes relais.

Reyouzz repense, elle, notre façon de consommer en donnant une nouvelle vie aux produits de notre quotidien. L’entreprise rachète ce qui peut être reconditionné et récompense par bon d’achat les dons d’objets qui partent au recyclage. Elle propose pour cela l’installation de bornes de rachat connectées, automatisées et upcyclées (appelées « Reborne ») partout où le consommateur passe : en magasin, en entreprise, dans les mairies, dans les lieux publics, dans les universités…

96,75 millions d’euros levés en 2023, majoritairement dans le numérique

En 2023, 40 entreprises ayant leur siège ou un établissement dans les Hauts-de-France ont réalisé des levées de fonds, pour plus d’un milliard d’euros (montant presque équivalent à celui de 2022). Si l’on écarte les trois plus importantes opérations, qui ont été réalisées par des entreprises n’ayant qu’un établissement dans la région, et non leur siège (Verkor : 850 ME, YNSECT : 160 ME et TISSIUM : 50 ME), ce sont 96,75 millions d’euros qui ont été levés par 35 entreprises ayant leur siège dans la région. La majorité d’entre elles exerce une activité liée au domaine du numérique.

Contrairement à 2022, les levées de fonds ont été effectuées majoritairement dans des plus petites structures. En moyenne, on compte 22 salariés par entreprise contre 57 en 2022, même si la médiane reste à 10 salariés. Ces 35 entreprises régionales totalisent 765 emplois en 2023 (contre 3 225 en 2022 et 1 470 en 2021).