Trophées Alliancy : que deviennent les gagnants de 2023 ?

En décembre dernier, la première édition des Trophées Alliancy a récompensé six projets dans trois grandes catégories (Environnement, Inclusion, Confiance) après une sélection par un jury de responsables du numérique dans des grandes organisations. Six mois plus tard, ces gagnants font le point sur les retombées de leur victoire.

Emmaüs Connect

Lutter contre la grande précarité numérique, c’est l’objectif d’Emmaüs Connect. À travers des dons de matériel, l’association s’allie avec des chantiers d’insertion pour réhabiliter les tablettes, ordinateurs et smartphones afin de les vendre à bas prix. Des partenariats ont ainsi été signés avec la MAIF et le Crédit Mutuel. “Ils représentent des dons considérables”, assure Emmanuelle Jollivet, chargée des relations avec les donateurs chez Emmaüs Connect, dont l’association a remporté un Trophée Alliancy 2023 dans la catégorie inclusion. “Cette victoire nous a permis de gagner en crédibilité et nous a ouvert des portes.”

Notamment celles du Cigref, réseau de grandes entreprises et administrations pour “réussir le numérique”, d’où ont débouché des partenariats. Grâce à ces avancées, l’association est en avance sur ses objectifs. “En 2024, nous voulions récolter 15 000 équipements. Nous sommes à 13 500”, se félicite Emmanuelle Jollivet, pour un total de 62 000 depuis le début du projet, mais encore loin de l’objectif idéal d’équiper deux millions de ménages modestes. Pour cela, Emmaüs Connect souhaite collaborer avec d’autres associations et acteurs. “Nous voulons déployer du commun pour créer ce changement d’échelle indispensable pour répondre à la demande”, indique Emmanuelle Jollivet.

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Touch2see

“Depuis ce Trophée, nous sommes entrés dans une phase opérationnelle”, explique Arthur Chazelle, co-fondateur de Touch2see. Cette start-up conçoit des tablettes adaptées aux malvoyants, leur permettant, dans les stades, de suivre des compétitions sportives. Ainsi, en six mois, 167 personnes ont bénéficié de cette solution lors de 20 matchs de football. Une nouvelle génération d’équipements, connectée en 5G de manière indépendante, est en cours de fabrication. Lors de la prochaine rentrée sportive, l’objectif est d’équiper des clubs de football, rugby et basket de manière permanente. “La LFP (Ligue de Football Professionnelle) et la LNR (Ligue Nationale de Rugby), grands partenaires, sont très motivées et soutiennent activement le projet”, se satisfait Arthur Chazelle.

Lacroix

“Avant l’avènement de ChatGPT, les clients avaient des craintes et des croyances négatives concernant l’IA”, indique Valentin Saint André, innovation catalyzer chez Lacroix, ajoutant : “Ils craignaient notamment la perte d’intervention humaine”. Selon lui, cette victoire aux Trophées Alliancy 2023, dans la catégorie Impact environnemental, a permis de donner un gage de confiance et de démontrer l’efficacité des innovations en matière d’IA. En effet, à travers le projet Aquawize, l’entreprise utilise une intelligence artificielle capable d’optimiser la détection des fuites des réseaux d’eaux afin de maintenir un haut niveau de performance.

“Cette approche a permis de démystifier ces peurs, montrant que l’IA peut répondre aux problématiques des collectivités concernant la gestion des réseaux d’eau”, indique Valentin Saint André, précisant l’importance de travailler sur une IA qui ne remplace pas l’humain mais agit comme un assistant. Cette légitimité apportée par ce trophée a également servi en interne. Cette conception de logiciel n’est pas dans l’ADN traditionnel de Lacroix. “C’est une marque de reconnaissance pour notre Lab d’innovation”, indique Valentin Saint André. “Cela permet d’accentuer le chemin dans lequel nous allons”.

Reyouzz

Spécialisée dans la récolte d’objets connectés à travers des bornes, elles-mêmes connectées, Reyouzz s’est vu récompensée de nombreux prix, dont un Trophée Alliancy 2023 dans la catégorie Impact environnemental. “Cela nous renforce notamment par la crédibilité des jurys qui ont analysé notre projet”, indique François Losson, DG de la start-up. La visite de Philippe Roncati, senior vice-président de Kyndril, rencontré lors de la cérémonie de remise des Trophées Alliancy, a ouvert de nouvelles opportunités sur la place parisienne pour cette jeune entreprise basée à Lille. “Atteindre le public parisien, souvent difficile à rencontrer depuis le nord de la France, nous a permis d’élargir les horizons et les opportunités”, indique François Losson.

Actuellement, l’entreprise vient de boucler une levée de fonds de 1,5 million d’euros. Ce deuxième tour de financement, à la suite des premiers déploiements de bornes connectées dans des supermarchés à Nancy et Granville, vise à atteindre la rentabilité d’ici fin 2024 ou début 2025. Mais l’entreprise, qui souhaite mettre l’accent sur la R&D pour développer une IA capable de reconnaître et analyser les produits déposés dans les bornes, souhaite désormais convaincre les banques de débloquer un financement d’un million d’euros.

Keopass

Ce trophée a été très valorisant pour notre notoriété et notre visibilité,” se félicite Hervé-François Le Dévéhat, fondateur de Keopass, qui conçoit une clé biométrique pour la sécurisation des appareils électroniques. À la suite des Trophées Alliancy 2023, “des tests avec des DSI de grands groupes ont été débloqués,” notamment grâce à l’intégration de Keopass au sein du CRIP, association référente de l’IT. “Nous avons pitché la solution à leurs Universités d’été, entraînant une série d’opportunités positives dans l’assurance et la finance,” se réjouit le fondateur de l’entreprise.

Un nouveau modèle de clé avec des fonctionnalités avancées est aujourd’hui en préparation pour offrir une solution d’authentification répondant aux plus hauts critères de sécurité. “Cette solution décentralisée et résistante aux cyberattaques, dopées à l’IA, répond à une tendance actuelle où tout ce qui est connecté est piratable,” précise Hervé-François Le Dévéhat. Mais ce dernier regrette la frilosité des investisseurs français dans le financement du hardware. “Une recherche d’investissement nécessiterait de se tourner vers l’outre-Atlantique, où le hardware reçoit plus d’intérêt de la part des investisseurs,” explique-t-il.

Numspot

Lancé en octobre 2022, le cloud souverain français Numspot vise à proposer une alternative aux géants de la tech américaine, notamment sur certains segments clés. Ce consortium, qui associe Docaposte, Bouygues Télécom, Dassault Systèmes et la Banque des Territoires, a pour objectif de devenir l’offre de référence en matière de cloud de confiance. Récompensé par les Trophées Alliancy dans la catégorie Confiance, le projet a notamment attiré l’attention des directeurs numériques soucieux des enjeux de maîtrise technologique, voire de souveraineté numérique, au sein du jury. Depuis, Numspot poursuit son chemin. Auditionné par la commission des affaires économiques de l’Assemblée nationale, le PDG de La Poste, Philippe Wahl, est revenu sur le futur déploiement de l’entreprise “Nous voulons accueillir les données les plus stratégiques et sensibles, avec des premiers clients dès la rentrée prochaine, tels que l’État, les grandes infrastructures et également tous les opérateurs de données.” Selon le dirigeant, la France détient désormais un instrument pour viser la souveraineté numérique.

StudiAva : Coup de Cœur du Jury

« Cette reconnaissance nous a permis de décrocher des contacts avec des responsables directs”, explique Wassim Benouis, fondateur de StudiAva, le “Tinder” de l’orientation professionnelle pour les jeunes et vainqueur d’un Coup de Cœur du jury aux Trophées Alliancy 2023. Bien que ces rencontres n’aient pas généré significativement de chiffre d’affaires, elles ont permis de questionner le modèle d’affaires et de se rediriger vers un business model plus fructueux pour la start-up.

Depuis le début de l’année, StudiAva a vendu environ cinquante licences pour un total de mille utilisateurs. “L’objectif est désormais de cibler les institutionnels B2B”, indique Wassim Benouis. Cela inclut les lycées privés, les entreprises de cours particuliers, les écoles privées du supérieur et les partenaires politiques. “D’ici 2025, l’objectif est d’atteindre 10 000 utilisateurs avec un chiffre d’affaires de 100 000 euros”, ambitionne-t-il, grâce notamment à des campagnes de prospection par mailing et des campagnes marketing sur les réseaux sociaux.