Cyber4Tomorrow : peut-on concilier cybersécurité et RSE ?

Réunis au Campus Cyber, les membres de Numeum et de Cybermalveillance.gouv.fr ont présenté le dispositif Cyber4Tomorrow, ce mardi 2 juillet. L’objectif : pousser les acteurs de la cyber à œuvrer pour un numérique plus responsable.

Un an de travail et d’incubation aura été nécessaire avant que l’initiative Cyber4Tomorrow, en français « la cyber de demain », voit le jour. « C’est une démarche citoyenne qui ambitionne d’aller chercher un numérique sûr et responsable afin qu’il devienne une formidable source d’opportunités plutôt qu’une menace », présente Nolwenn Le Ster, présidente du comité cybersécurité au sein de Numeum. Associé au Campus Cyber et au dispositif Cybermalveillance.gouv.fr, le syndicat du numérique est l’un des moteurs de l’initiative Cyber4Tomorrow (C4T) qui offre des leviers d’action aux professionnels de la cybersécurité mais également aux citoyens.

« C4T est né du constat que les enjeux cyber et RSE ne sont pas mis en avant dans la transformation numérique que nous vivons aujourd’hui », reconnaît Yann Bonnet, CEO adjoint du Campus Cyber, où se déroulait ce « kick-off », mardi 2 juillet. Il estime que de nouvelles menaces cyber pèsent sur la société, s’ajoutant à une autre forme de menace, plus diffuse : celle des impacts que le numérique a sur la planète. « C’est à nos acteurs de la cybersécurité et du numérique d’agir », lance-t-il. C’est ainsi l’objectif de Cyber4Tomorrow, pousser les acteurs à devenir des cybercitoyens, en s’inspirant de fiches actions conçues autour de trois grands piliers : Cybersustainability, Cybercitizenship et Cyberspecialist.

« Le numérique responsable, c’est mon dada », confie Véronique Torner, en ajoutant, « Cette ambition coche toutes les cases du plan stratégique de Numeum sur le sujet ». Les membres de C4T sont partis du constat suivant : 4% des émissions mondiales de gaz à effet de serre proviennent du numérique. Un chiffre plus important que celui du secteur de l’aviation. « Cette initiative doit donner un coup de boost à la mobilisation des acteurs de la cyber pour un numérique responsable », indique Marcos Lopes, sustainability manager chez Wavestone et l’un des membres de Cyber4Tomorrow, chargé d’enrichir les catalogues d’actions sur le pilier Cybersustainability.

Lutter contre la pénurie de talents fait également partie de cette initiative. « On estime à 15 000 le nombre de postes vacants dans la cyber », regrette Victoria Hauser. L’associée fondatrice du collectif Qorum Secur’Num, regroupant 60 TPME de la cyber, est investie sur le pilier Cyberspecialist, pour tenter d’aider les professionnels du secteur à susciter des vocations, renforcer les compétences et travailler l’inclusion, afin d’augmenter le nombre de talents dans un secteur où seulement 12% des collaborateurs sont des femmes.

Base d’une future équipe de France ?

Pour diffuser au maximum ces pratiques, le collectif a pour ambition de mailler le territoire en se reposant sur des réseaux en France, comme au niveau européen. « C’est un jeu collectif », indique Jérôme Notin, directeur général de Cybermalveillance.gouv.fr, qui souhaite consacrer le mois de la cyber 2024 au cyberengagement. « Il faut mettre en avant ces actions pour que tout le monde les reprenne, se les approprie et soit cyberengagé », ajoute-t-il, alors que la citoyenneté a une place à part entière dans ce projet pour pousser à l’adoption de comportements responsables en ligne. « On veut que les jeunes notamment sachent se protéger, réagir et adopter des comportements respectueux », indique Laure Deroche, membre du pilier Cybercitizenship.

« On veut porter cette ambition de faire de la France une grande nation du numérique et de l’innovation », indique Véronique Torner, qui œuvre à la mise en place d’une équipe de France du numérique. « Nous avons lancé un appel à notre assemblée générale ». Elle estime que cette initiative Cyber4Tomorrow doit embrasser tout l’écosystème en fédérant au niveau régional, national et européen. « L’équipe de France du numérique doit pouvoir porter ce genre de dispositif », ajoute-t-elle, indiquant que cette dernière verra le jour d’ici la fin de l’année 2024.