Le premier baromètre dédié à l’intégration de l’intelligence artificielle dans les entreprises européennes dévoile une perception optimiste des professionnels de terrain sur cette thématique.
L’institut de recherche « AI for Sustainability » de l’ESSCA School of Management et Forvis Mazars ont publié les conclusions de leur premier baromètre dédié à l’intégration de l’intelligence artificielle dans les entreprises européennes et son lien avec la durabilité. 400 responsables informatiques en France et au Royaume-Uni ont été interrogés pour cette étude qui explore des thématiques telles que l’utilisation et la gestion de l’IA, la gestion des données, la conformité, les opportunités et les risques en matière de durabilité, les considérations éthiques et les perspectives d’avenir.
Selon l’étude, près de huit responsables informatiques sur dix considèrent que l’IA a un impact positif ou neutre en termes de développement durable dans leurs entreprises. Ces résultats contrastent avec les premières recherches scientifiques sur ce sujet, qui soulignent l’impact négatif de l’IA sur la durabilité des entreprises, révélant ainsi une perception plus optimiste des professionnels de terrain. En effet, seuls 4 % des responsables informatiques jugent l’impact de l’IA sur l’environnement négatif.
Usages durables de l’IA dans les organisations
En outre, 9 % des entreprises mettent en avant les pratiques de travail éthique comme une de leurs priorités principales en matière d’utilisation de l’IA pour le développement durable, dépassant d’autres considérations comme la neutralité carbone.
« La majorité des entreprises ont déjà commencé à utiliser l’IA pour atteindre des objectifs de développement durable (seulement 15 % ne le font pas). Il est néanmoins intéressant de constater que l’usage de l’IA pour atteindre des objectifs environnementaux passe au second plan par rapport aux enjeux sociétaux », déclare Dejan Glavas, professeur de finance et Directeur de l’Institut « AI for Sustainability » de l’ESSCA.
Considérations éthiques et risques lors de la mise en œuvre de l’IA
Concernant les considérations éthiques, les entreprises interrogées mettent principalement l’accent sur la transparence dans le processus de prise de décision lié à l’IA (25 %), la confidentialité des données (20 %) et les biais de l’IA (15 %). Certaines problématiques sont quant à elles reléguées au second plan, telles que l’impact social lié aux potentielles pertes d’emplois générées par l’IA (10 %) et l’impact direct sur le climat en raison des émissions de CO2 (5 %).
Les risques mis en avant par les responsables IT sont souvent liés à des problématiques préexistantes, exacerbées par l’IA, comme la gestion des données (29 %). Les entreprises sous-estiment encore les nouveaux défis que génère l’intégration de l’IA, tels que les biais des systèmes d’IA, leurs hallucinations, l’interaction homme-machine et la nécessité de prévoir un contrôle humain. Il est par exemple intéressant de constater que 18 % des entreprises interrogées ont déjà dû ajuster ou arrêter un projet d’IA en raison de problèmes éthiques. Enfin, l’étude montre que les entreprises sont encore très nombreuses à ne pas avoir développé de lignes directrices éthiques quant à l’utilisation de l’IA (44 %).
« Les résultats de ce baromètre sont d’autant plus intéressants si on considère que seulement 18 % des entreprises françaises se disent prêtes à gérer les perturbations et risques liés à l’IA, contre 34 % des entreprises britanniques. Par ailleurs, 29 % des répondants français considèrent leur entreprise totalement impréparée, comparé à seulement 15 % des Britanniques », souligne Laurent Inard, Associé et responsable de la R&D chez Forvis Mazars en France.
Usages de l’IA au sein des entreprises
Enfin, le baromètre souligne qu’un consensus émerge sur les avantages de l’investissement dans l’IA, 50 % des responsables interrogés considérant que l’IA a eu un impact positif sur la performance de leur entreprise. Cependant, de nombreuses entreprises ont rencontré des obstacles dans la mise en œuvre de l’IA (22 %). Parmi les entreprises ayant rencontré des obstacles, la plupart évoquent des contraintes financières (14 %), des défis d’intégration avec les systèmes existants (12 %), des stratégies inadaptées (11 %) et un manque de personnel qualifié (9 %).
Ce premier baromètre sur l’IA, réalisé par les chercheurs de l’ESSCA et par les experts de Forvis Mazars, a interrogé 422 responsables informatiques britanniques (51 %), français (44 %) et belges (5 %) travaillant dans des entreprises basées en Europe (94 %), en Amérique du Nord (4 %), en Asie et en Océanie (2 %) et en Amérique du Sud (1 %). Ces entreprises appartiennent à divers secteurs tels que les services (30 %), les finances, assurances et immobilier (14 %), le transport, les communications et l’énergie (9 %), la fabrication (7 %), l’administration publique (7 %) et la construction (5 %) entre autres. 50 % des répondants sont des femmes et 50 % d’hommes.