Sur son site d’Angers, l’entreprise française se dote de l’ordinateur quantique IQM Spark, pour démocratiser la technologie, notamment en interne, afin de répondre à des problématiques industrielles.
IQM Spark, c’est le nom du nouvel ordinateur quantique qui fait son arrivée chez Eviden, au sein de son usine d’Angers. Doté de 5 qubits (unité de mesure en informatique quantique) par la société germano-finlandaise IQM, il va bénéficier du logiciel d’émulation Qaptiva, développé par l’entreprise française afin de se concentrer sur le développement applicatif. « Il est désormais possible d’effectuer des développements plus poussés sur le plan de la recherche », se réjouit Cédric Bourrasset, directeur mondial HPC-IA et Quantique pour Eviden. Mais l’objectif est également de former les équipes et de rendre cette technologie accessible aux étudiants. « Nous avons mis l’accent sur des sessions d’évangélisation du quantique », poursuit-il.
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Ce partenariat entre les deux entreprises ne date pas d’hier. Elles ont déjà collaboré sur un projet pour le compte de LRZ en Bavière (Allemagne). Lancé à 5 qubits également, l’ordinateur fonctionne aujourd’hui avec 20 qubits, et une double couche logicielle fournie par Eviden. La défense de l’industrie européenne n’est pas étrangère à cette collaboration. « Nous défendons la souveraineté européenne », affirme Cédric Bourrasset. « Il fallait que le système réponde à ces critères. » De plus, IQM, co-investisseur du projet, qui a annoncé le lancement d’une ligne de production en France pour 2027, se concentre sur des cas d’usage industriels, compatibles avec les développements d’Eviden sur cette machine.
Attaquer le marché de l’industrie
Optimiser la logistique dans l’aéronautique ou l’automobile, ou bien contribuer à une accélération de la recherche dans le secteur pharmaceutique, sont des problématiques pour lesquelles l’informatique quantique pourrait apporter un intérêt. Discrets sur les projets en cours, Cyril Allouche, directeur de la R&D Quantique chez Eviden, évoque une optimisation de la supply chain chez le géant allemand Siemens. « La France et l’Allemagne sont les pays qui avancent le plus en Europe sur le quantique », confie-t-il, avant de dévoiler l’étape indispensable pour la réussite d’un projet quantique dans l’industrie : « Il faut réussir à formuler la problématique en termes quantiques, puis l’adapter au modèle industriel ». « Cette période peut durer entre trois et six mois, selon les paramètres », ajoute Cédric Bourrasset.
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Opérationnel depuis la semaine dernière et connecté à l’émulateur Qaptiva d’ici la fin de l’année, l’IQM Spark est désormais intégré dans l’usine phare de l’entreprise en matière de calcul. « L’évolution naturelle de notre site d’Angers est de se tourner vers le quantique », explique Cédric Bourrasset, alors que le laboratoire de performance HPC (calcul de haute performance) s’y trouve également. Ce dernier évoque l’ambition de fédérer l’infrastructure cloud avec le quantique, à la suite du rachat de l’Américain Nimbix l’année passée. « Nous voulons faire évoluer le cloud HPC pour gérer de l’IA et créer des liens avec le quantique. » Une ambition qui, selon Cyril Allouche, pourrait se concrétiser dans les 12 à 24 prochains mois.