Au BIG, tout pour le show 

[Billet d’humeur] Organisé par Bpifrance, le BIG a posé ses valises ce jeudi 10 octobre à l’Accor Hotel Arena de Paris. Une nouvelle édition sur le thème du progrès. L’organisation de l’évènement, elle, n’a pas marqué de progrès tant il est encore particulièrement complexe de s’y retrouver dans ce show marketing et presque illisible.  

Les années se suivent et se ressemblent au BIG. Présentée comme une des grand-messes européennes de l’innovation par Bpifrance, l’événement semble toujours privilégier la forme au fond. Certes, l’affiche est belle, avec en tête : le nouveau ministre de l’Économie Antoine Armand, le publicitaire Maurice Lévy, la star des réseaux Léna Situations, le chercheur Étienne Klein, le récent médaillé d’or des Jeux paralympiques en cécifoot Gaël Rivière, ou encore l’ancienne ministre de la Culture Audrey Azoulay… 

Une grande scène, nommée « Bang », consacrée aux discours percutants et inspirants de ces principales têtes d’affiche, trône sur l’un des deux virages de l’Accor Hotel Arena. Mais dans les allées et les travées de l’enceinte se trouvent également de nombreux concepts aux noms marketing clinquants, mais dont il est souvent difficile de savoir ce qu’ils cachent : l’Ampli, le Salon infini, le Pop-up, le Studio, le Globe, le Spot ou encore le Big Connexion. « Il y en a partout », constate un jeune entrepreneur venu présenter sa solution à des médias et des investisseurs. « On était déjà perdus sur le site internet », ajoute-t-il. 

Tous ces lieux sont disséminés dans des salons cachés de l’Arena, des espaces nichés dans les tribunes, mais aussi sur la « Place du village », dans la fosse réservée habituellement aux plus fanatiques des concerts ou aux exploits de Simone Biles durant les JO de Paris 2024. Les allées y sont bondées, et les bulles colorées qui y servent de scènes débordent. Difficile de savoir ce qu’il s’y déroule. « La première fois qu’on vient, on n’y comprend rien », confie un entrepreneur qui s’est accroché, et en est désormais à sa cinquième visite. 

Dans « l’Ampli », où se succèdent d’autres intervenants inspirants, moins célèbres que ceux du « Bang », arrivent une chanteuse et son pianiste pour un interlude musical, témoignage de la volonté de faire le show. Probablement aussi liée à l’envie d’idéaliser le monde du business et de l’innovation auprès des visiteurs. Mais triste réalité : l’interlude empiète surtout sur le fond, et ajoute au brouhaha des visiteurs et des discours venant de la scène principale. 

L’événement n’est pas le seul à mettre l’accent sur le “show” du business. Il y a toujours un enjeu d’image pour l’innovation, souvent liée à un effet « waouh » qu’elle a presque vocation à provoquer. VivaTech en use et abuse également. Et cette autre grand-messe souffre aujourd’hui aussi d’une contrainte de taille dans le hall 1 de la Porte de Versailles. Mais là-bas, priorité est laissée aux exposants, aux start-up et aux innovations. Tandis qu’il est possible de faire le tour du BIG sans réussir à en croiser une.