Entre intelligence économique et cybersécurité, le lien est fort. Au point que les retards enregistrés par certaines entreprises et collectivités territoriales, où l’engagement politique est clé pour donner un élan, est souvent similaire.
Souvent liée à des aspects de souveraineté, l’intelligence économique (IE) repose, de fait, sur la cybersécurité. Elle est au cœur de la protection et de l’influence des acteurs qui s’en emparent. “La première action est de bien protéger”, indique Cyril Bertschy, responsable des Marchés Publics et de la Stratégie Souveraine au sein du spécialiste du numérique Adista, jeudi 24 octobre, lors de l’assemblée du Clusif, association pour la cybersécurité. Il estime que le second aspect, l’influence, est souvent perçu comme vulgaire, mais qu’il constitue la clef de voûte d’un État qui mène une stratégie de puissance.
“Nous sommes entourés de pays qui font de l’intelligence économique. L’Allemagne et le Royaume-Uni en font”, développe-t-il devant une assemblée de dirigeants du numérique, avant de pointer la France. “Nous avons souvent reculé sur ce sujet”, regrette-t-il. Mais, depuis plusieurs années maintenant, des initiatives sont mises en place, dont des missions et rapports portés par le Sénat pour informer sur ces enjeux.
Un retard lié à la cyber chez les collectivités locales
Du côté des entreprises, au sein des grands groupes, l’intelligence économique est aujourd’hui démocratisée. “Elle transpire”, se félicite Cyril Bertschy, qui milite et sensibilise sur ce sujet depuis plusieurs années. Cependant, la prise en compte de l’intelligence économique diminue avec la taille des effectifs. “Une ETI (entreprise de taille intermédiaire) sur deux fait appel à un cabinet de conseil en IE, alors que les PME (petites et moyennes entreprises) sont, elles, très en retard”, indique-t-il.
Pour espérer développer une stratégie d’intelligence économique, avoir un socle solide sur le plan de la cybersécurité est indispensable. C’est pourtant sur ce point qu’un retard existe au sein des collectivités territoriales, souvent visées par les cybercriminels. “La démarche est complexe au vu des finances des collectivités”, souligne Oriana Labruyère, avocate spécialisée en droit du numérique et vice-présidente en charge des finances de la communauté de communes de l’Orée de la Brie en Seine-et-Marne. “La puissance de notre stratégie en matière d’IE ne viendra que du politique”, estime Oriana Labruyère, qui pense de son côté que les dirigeants doivent être exemplaires sur ces sujets afin de donner un élan au niveau régional sur l’ensemble des territoires.