18 mois après avoir été élue à la présidence de Numeum, Véronique Torner dresse le bilan de son action à la tête de la première organisation des professionnels du numérique en France.
Après 18 mois de présidence à la tête de Numeum, quel bilan tirez-vous ?
Au début de mon mandat, j’ai lancé un projet dont l’ambition reposait sur trois grandes priorités : les régions, les compétences et le numérique responsable. Ce projet traduit la volonté pour Numeum de mener un travail d’influence avec un impact exponentiel, ce qui nécessite de prioriser nos actions.
Sur le volet « régions », le Numeum tour » permettait déjà d’aller à la rencontre de nos adhérents. Sur la fin de l’année 2023 et sur 2024, nous avons conservé ce principe, qui résonne d’autant plus avec des événements d’envergure et ouverts à l’écosystème local pour créer des synergies et valoriser le jeu collectif. Dans cette logique, nous avons organisé le tour de France de l’IA, en partenariat avec le Medef.
Sur le volet « compétences », le partenariat Numeric’Emploi signé avec France Travail représente une avancée majeure car il est plus global que le dispositif qui l’a précédé. Il couvre dorénavant l’ensemble des territoires et adresse des thématiques comme « recruter autrement », et des actions sont menées sur le thème de la féminisation des métiers de la tech. Une délégation composée d’une vingtaine de femmes emmenée par Numeum a ainsi récemment participé au Web Summit à Lisbonne. Cela nous a permis de mettre en lumière des cheffes d’entreprise au niveau européen. Je suis par ailleurs la marraine cette année de la semaine du numérique et des sciences informatiques (semaine NSI).
Sur le volet « numérique responsable », nous avons veillé à créer un projet particulièrement cohérent sur les trois piliers fondamentaux que sont l’environnement, la confiance et l’inclusion. Ainsi, sur la partie « environnement », l’initiative Planet Tech’Care, en place depuis plusieurs années déjà, a pris une dimension nouvelle avec l’édition 2024 du Green Tech Forum et ses 2 400 visiteurs (lire notre article https://www.alliancy.fr/greentech-forum-2024-le-numerique-responsable-monte-en-puissance).
Enfin, sur les sujets de confiance, nous avons lancé, en partenariat avec le Campus Cyber, l’initiative Cyber4Tomorrow. Celle-ci vise à promouvoir un grand mouvement « cybercitoyen » en embarquant une large communauté d’acteurs : professionnels de la cybersécurité, institutionnels, acteurs de la recherche ou encore étudiants pour répondre aux défis sociaux et environnementaux liés à la sécurité numérique.
La marque Numeum est une marque jeune. Comment faire en sorte qu’elle s’impose dans l’écosystème numérique français ?
Syntec Numérique, l’ancien nom de Numeum, était une marque très connue. Depuis 18 mois, nous avons pris une trajectoire d’impact visant à mieux faire connaitre la marque Numeum. Nous l’avons fait au sein de notre écosystème, celui du numérique, mais nous avons aussi investi d’autres territoires. C’est le cas notamment avec le Medef au sein duquel la fédération Syntec est la deuxième branche. Le fait que Patrick Martin, président du Medef, nomme à la présidence de la commission numérique et innovation du Medef une administratrice de Numeum (Virginie Fauvel) a permis d’aligner nos stratégies respectives et d’engager ensemble le tour de France de l’IA pour sensibiliser tous les acteurs économiques aux opportunités offertes par l’IA.
Derrière la marque Numeum, votre ambition est-elle aussi de fédérer au-delà du secteur numérique ?
L’actualité nous démontre chaque jour combien c’est une nécessité et nous rappelle que c’est la mission de Numeum de rassembler l’engagement autour de ce projet, en cohérence et collaboration avec les autorités. Numeum est un syndicat patronal, et la première organisation des professionnels du numérique. Notre mission première est de défendre les intérêts de ses adhérents et implicitement de sa filière. Aujourd’hui, compte tenu des challenges qui se présentent à nous, il existe une ambition qui nous fait sortir de notre couloir de nage habituel. Nous sommes arrivés à un momentum fort pour faire vivre l’écosystème numérique français, un écosystème foisonnant et dynamique, mais fragmenté. Il est urgent de faire vivre aujourd’hui l’équipe de France du numérique, sans étouffer l’ADN des uns et des autres car notre diversité est une richesse si nous savons jouer collectif.
L’exemple de Planet Tech’Care est un bon exemple de hub rassemblant tous les acteurs engagés dans le numérique responsable, tout en gardant les spécificités de chacun. En regroupant toutes les initiatives, ce hub permet d’accélérer tout un écosystème. L’idée est de faire la même chose au niveau du numérique. Aujourd’hui, si nous voulons que la voix du numérique soit plus forte et que nos actions soient plus impactantes, nous devons être en capacité de nous rassembler. Je viens du monde de l’Open Source et je crois fermement à l’intelligence collective.
Cette capacité à fédérer l’écosystème est une mission nouvelle pour Numeum, non ?
Notre positionnement est unique, car nous sommes non seulement présents dans les territoires et au niveau national, mais aussi très actifs au niveau européen. Nous avons donc la capacité de fédérer l’équipe de France du numérique pour valoriser toute la diversité de notre écosystème.
Sur le plan de l’emploi, par exemple, notre secteur est en pénurie objective de compétences. Nous devons donc activer tous les leviers permettant d’améliorer la situation pour nos entreprises : l’attractivité auprès des plus jeunes, l’alternance, la reconversion, la féminisation sont des clés pour y parvenir… L’ensemble de ces enjeux sont partagés par notre écosystème du numérique, et bien au-delà, car tout acteur économique qui n’est pas un spécialiste du numérique recrute lui aussi des talents numériques. L’initiative Numeric’Emploi est donc utile à la fois aux “numérisants” et aux “numérisés”.
Quels objectifs vous fixez-vous pour 2025 ?
Nous allons poursuivre la trajectoire « équipe de France du numérique » que nous avons initiée et matérialisée en 2024. Nous avons l’intention de créer un temps fort permettant de rassembler l’intégralité de l’écosystème. Start-up, PME, ETI, éditeurs, ESN, acteurs nationaux ou territoriaux… Nous souhaitons valoriser la diversité de la « team » France, avec l’ensemble de ces forces. Nous sommes conscients que cet élan permettra aussi aux femmes et hommes politiques de mieux appréhender les opportunités offertes par le numérique à bonne échelle. Notre objectif est de fédérer leurs interlocuteurs, car aujourd’hui, lorsqu’ils veulent adresser la question du numérique, ils doivent parler avec 40 ou 50 associations, ce qui affaiblit la voix du numérique en France.
L’objectif de 2025 est donc d’installer la marque « équipe de France du numérique » à l’instar de ce que nous avons fait avec Planet Tech’Care. Après cinq ans d’existence, et avec un événement de référence (le (Green Tech Forum qui prend de l’envergure), nous sommes très conscients que cette initiative crée un grand intérêt parmi nos homologues européens. Je suis convaincue qu’il est important et inédit de faire cela en France, et en particulier d’embarquer les territoires dans cette dynamique. Rendez-vous très vite pour partager les projets concrets qui en découlent !