Grâce à ses solutions d’intelligence artificielle appliquées à la recherche pharmaceutique, combinées à la robotisation, Iktos remporte le Trophée Alliancy 2024 dans la catégorie Confiance numérique – Meilleure innovation numérique.
« Trouver un médicament prend entre 15 et 20 ans », rappelait Yann Gaston-Mathé, président-directeur général d’Iktos, il y a un an, dans les locaux qu’occupait la start-up à Villebon-sur-Yvette (91). Mais les promesses de l’intelligence artificielle dans le domaine de la pharmaceutique pourraient percuter et réduire ce long processus de mise sur le marché d’un médicament. C’est l’objectif d’Iktos, fondée en 2016, qui utilise l’IA, notamment générative, à chaque étape de la recherche de molécules cibles.
Une première plateforme a été lancée dès la création de la start-up. S’inspirant des études déjà réalisées et répondant à un cahier des charges déterminé, Makya est ainsi capable d’imaginer des molécules et peut déterminer leur compatibilité avec la cible responsable d’une maladie. « Makya donne des scores aux molécules qu’elle a imaginées, correspondant à leur niveau d’efficacité contre la cible, en seulement quelques heures », expliquait l’an passé Quentin Perron, directeur scientifique de l’entreprise, qui précisait que cette solution est déjà présente dans les laboratoires de grands industriels. Suivent ensuite les solutions Spaya et Ilaka. « La première a été entraînée sur des millions de réactions connues dans la littérature et peut ainsi proposer plusieurs ‘recettes de cuisine’ au chimiste pour fabriquer une molécule », indiquait l’ancien scientifique, formé notamment à UCLA (Université de Californie), alors que la seconde adapte ces recettes à un robot.
L’IA dans la robotique
L’entreprise a souhaité impliquer l’intelligence artificielle au-delà des plateformes numériques. Depuis près d’un an, Iktos a lancé une plateforme robotique pilotée par la technologie, capable de réaliser, grâce à des réactions chimiques, les potentiels futurs médicaments inspirés de Makya, avec un gain de temps important à la clé. Quand un chimiste peut réaliser trois réactions par jour, Iktos Robotics Chemistry peut en effectuer plus d’une centaine. « Un projet a besoin de 1500 à 2500 molécules avant d’avoir un bon candidat aux essais cliniques, car environ 90 % seront retoqués et ne deviendront jamais des médicaments », explique Quentin Perron. Une seconde solution, cette fois semi-automatisée, a également été mise au point.
Iktos Robotics Biology est capable d’assurer les tests des molécules sur des cibles thérapeutiques que l’entreprise qualifie de « difficiles à cibler », notamment dans le domaine du cancer et des maladies neurodégénératives. Pour Iktos, le défi est de réussir à mettre à disposition ces solutions robotiques auprès de grands industriels de la pharmacie, pour intervenir sur l’ensemble de la chaîne de recherche et développement d’un médicament, avec la promesse de découvrir un candidat préclinique en 24 mois, contre 4 à 5 ans aujourd’hui. Mais pour prouver l’efficacité de ses solutions, la start-up a développé ses propres molécules. Aujourd’hui, ce sont quatre candidats médicaments créés par l’entreprise qui sont dans le « pipeline », dans les domaines de l’oncologie, de l’inflammation et des maladies auto-immunes.