Un avenir numérique plus responsable : préparer la nouvelle génération à l’intelligence digitale

Cette nouvelle chronique d’Imed Boughzala nous invite à réfléchir aux résolutions à adopter pour accompagner les nouvelles générations, appelée à porter le flambeau d’un numérique plus responsable. Face à des réalités et des dangers d’un monde digitalisé pas toujours facile à saisir, le développement de l’intelligence digitale sans attendre la majorité est essentielle pour préparer les responsables de demain.

 

Avec l’essor des technologies numériques, les jeunes passent de plus en plus de temps connectés, que ce soit pour les réseaux sociaux, les jeux en ligne, ou simplement pour naviguer sur Internet. Bien que le digital offre des opportunités d’apprentissage et d’interaction, il présente également des risques sérieux, notamment pour les mineurs. Inspiré par des lectures et des observations de longue date et en particulier en cette récente période des fêtes de fin d’année, j’ai souhaité écrire cette chronique pour rappeler les principaux dangers du digital sur les jeunes, en mettant l’accent sur les risques psychologiques, sociaux, l’exposition aux contenus inappropriés, ainsi que des solutions pour encadrer l’utilisation du numérique. Autant de points d’attention pour que ces futurs adultes, responsables, puissent développer leur intelligence digitale ; au risque sinon de compromettre la place et les usages du numérique dans nos organisations demain.

 

  1. Risques psychologiques

La dépendance au digital, en particulier aux réseaux sociaux et aux jeux vidéo, est un phénomène de plus en plus préoccupant. Les réseaux sociaux, par exemple, créent un besoin de validation constante à travers les « Likes » et les commentaires. Ce besoin de reconnaissance numérique peut, chez certains jeunes, affecter leur estime de soi et entraîner de l’anxiété, voire des symptômes dépressifs. En effet, les adolescents sont souvent tentés de se comparer aux autres, ce qui les conduit à se sentir inadéquats face aux vies « idéales » que certains mettent en scène en ligne.

Par ailleurs, le design même de ces plateformes renforce la dépendance : les notifications, les récompenses virtuelles, et les interactions rapides poussent les jeunes à rester connectés le plus longtemps possible. Cette dépendance peut nuire à leur sommeil, leurs études et leur bien-être général. En conséquence, le temps passé en ligne peut entraîner une perte de contrôle et des répercussions sur leur santé physique et mentale.

Enfin, la saturation d’informations (surinformation ou Information Overload en anglais) représente un autre danger pour les mineurs. Ils se retrouvent souvent submergés par un flot continu de nouvelles, de vidéos, de publicités et de messages, ce qui peut générer de la confusion ou même de l’angoisse face à l’impossibilité de tout comprendre ou de suivre le rythme.

 

  1. Risques sociaux

L’omniprésence des écrans dans la vie des jeunes peut également engendrer des risques sociaux importants. Par exemple, un usage excessif des technologies numériques peut mener à l’isolement. Plutôt que de passer du temps avec leurs amis ou en famille, certains jeunes préfèrent rester seuls devant un écran, parfois dans le noir. Cette réduction des interactions sociales limite leur développement de compétences essentielles telles que l’empathie, la communication, et la capacité à résoudre des conflits, sans parler de l’effet de cet usage sur de la santé visuelle.

Le cyberharcèlement (Cyber harcèlement) est un autre phénomène lié aux technologies digitales. Sur les réseaux sociaux, le harcèlement peut prendre de nombreuses formes : commentaires blessants, moqueries publiques, ou encore diffusion de rumeurs. Ce type de harcèlement, accessible à tous et visible publiquement, peut avoir des répercussions durables sur les victimes, entraînant des sentiments de honte et d’isolement.

En outre, la question de la vie privée est primordiale. Les mineurs, souvent inconscients des conséquences de leurs publications, partagent des informations personnelles (photos, localisation, centres d’intérêt) sans mesurer les risques. Cela les expose au traçage de leurs données par des entreprises et des tiers, qui peuvent utiliser ces informations à des fins commerciales ou même malveillantes.

 

  1. Exposition à des contenus inappropriés

Un autre danger majeur du digital pour les mineurs est l’exposition à des contenus inappropriés. Internet regorge de contenus violents ou pornographiques qui, bien que souvent destinés aux adultes, peuvent être facilement accessibles par des jeunes. Cette exposition peut être traumatisante et influencer négativement leur perception de la réalité, en faussant, par exemple, leurs idées sur les relations humaines ou sur la violence.

Par ailleurs, les mineurs sont particulièrement vulnérables face aux fausses informations (fake news) et à la désinformation (misinformation … infox, canulars). Sans les outils nécessaires pour vérifier la véracité d’une information, ils peuvent être influencés par des contenus trompeurs ou des théories du complot. Ce type de désinformation est particulièrement répandu sur les réseaux sociaux, où les contenus sensationnalistes circulent rapidement, comme les deepfake.

Enfin, la violence et l’incitation à la haine sont des réalités sur Internet. Les propos haineux sont facilement diffusés en ligne, exposant les jeunes à des idéologies extrêmes et à des comportements violents. Une exposition répétée à de tels contenus peut influencer leur vision du monde, favoriser des comportements hostiles ou même les amener à la radicalisation.

 

  1. Solutions pour une utilisation saine et sécurisée du digital

Face à ces nombreux dangers, des solutions existent pour accompagner les jeunes dans une utilisation plus saine du digital. D’abord, il est essentiel de renforcer l’éducation numérique (digital literacy). Les parents et les éducateurs jouent un rôle clé en sensibilisant les jeunes aux risques de l’Internet et en leur apprenant à identifier les contenus douteux. Cela inclut aussi l’importance de préserver leur vie privée et de ne pas partager d’informations sensibles en ligne.

Le contrôle du temps d’écran est également une mesure efficace. Il est important de fixer des limites pour éviter que les jeunes ne passent trop de temps devant les écrans et les encourager à s’engager dans des activités en dehors du numérique, telles que le sport, la lecture, ou les loisirs en plein air, une forme de désintoxication digitale.

De plus, la réglementation et les outils de contrôle parental peuvent limiter l’accès des mineurs à certains contenus. Les parents peuvent activer ces outils pour surveiller les activités en ligne de leurs enfants et ainsi les protéger des contenus inappropriés ou des interactions dangereuses.

Enfin, le développement de l’esprit critique (critical thinking) est fondamental. En apprenant aux jeunes à questionner les sources et à vérifier les informations, on les aide à naviguer plus prudemment sur Internet. Un esprit critique les protège des dangers de la désinformation et les encourage à utiliser le digital de manière réfléchie. Il revient à développer l’intelligence digitale chez chacun. Des compétences digitales clés à introduire dès leur jeune âge dans les programmes de formation.

 

La nouvelle génération doit porter le flambeau d’un numérique plus responsable à tous les niveaux

 

Le digital, bien qu’incontournable, présente des dangers réels pour les mineurs. Les risques psychologiques, sociaux, ainsi que l’exposition à des contenus inappropriés sont des problématiques qu’il est urgent d’aborder pour protéger la jeunesse. Afin de garantir un environnement numérique plus sûr, il est essentiel que parents, éducateurs, et législateurs travaillent ensemble pour sensibiliser les jeunes et les accompagner vers une utilisation plus responsable du numérique. La protection de l’intégrité et de la santé mentale des jeunes est une responsabilité collective dans un monde de plus en plus connecté.

Cette chronique inaugure un nouveau chapitre. Elle nous invite à réfléchir aux résolutions à adopter pour accompagner les nouvelles générations, appelée à porter le flambeau d’un numérique plus responsable. C’est également l’occasion de présenter mes vœux les plus sincères à mes lecteurs et lectrices pour une année 2025 où l’intelligence digitale de chacun sera au cœur de nos priorités.