Quantique : avec son prototype, AWS s’attaque à la correction des erreurs

 

Amazon Web Services (AWS), a dévoilé jeudi dernier son prototype de puce quantique, baptisé Ocelot. Avec cette annonce, la filiale cloud du géant Amazon veut marquer un tournant en réduisant de 90% le coût de correction des erreurs. 

 

Contrairement à l’informatique classique, qui repose sur des bits pouvant prendre deux valeurs (0 ou 1), l’informatique quantique utilise des qubits, capables de superposer plusieurs états simultanément permettant ainsi la réalisation de calculs infiniment plus rapides que leurs homologues classiques. Toutefois, les qubits sont extrêmement sensibles à leur environnement, rendant leur stabilisation complexe. Les erreurs de calcul dues au « bruit » (vibrations, chaleur, interférences électromagnétiques) constituent l’un des plus grands défis de cette technologie qu’AWS affirme être en mesure relever en divisant par cinq voire dix les ressources nécessaires à la correction de ces erreurs.

 

Une course à l’innovation entre les géants du numérique 

 

Développée par le Centre AWS d’informatique quantique en collaboration avec le California Institute of Technology, Ocelot n’est encore qu’un prototype de laboratoire. Néanmoins, AWS estime qu’il s’agit d’une avancée clé vers des ordinateurs quantiques tolérants aux pannes, capables de résoudre des problèmes inaccessibles aux machines traditionnelles. « Nous pensons que si nous voulons créer des ordinateurs quantiques utilisables, la correction des erreurs quantiques doit venir en premier. C’est ce que nous avons fait avec Ocelot », a déclaré Oskar Painter, responsable des équipements quantiques chez AWS, dans un communiqué. Le secteur de l’informatique quantique attire des investissements massifs, notamment de la part des grandes entreprises technologiques américaines. La semaine dernière, Microsoft a présenté sa propre puce quantique et prévoit de commercialiser son premier ordinateur quantique d’ici quelques années. En décembre, Google avait déjà annoncé Willow, une puce censée améliorer la précision des calculs quantiques. 

 

Un enjeu géopolitique majeur 

 

Au-delà des avancées technologiques, l’informatique quantique est devenue un enjeu stratégique international. Les États-Unis et la Chine investissent massivement dans ce domaine, considéré comme crucial pour l’avenir de la cybersécurité, de l’intelligence artificielle et des sciences appliquées. Washington a d’ailleurs imposé des restrictions sur les exportations liées à cette technologie afin de limiter son accès à certains pays. Les applications potentielles de l’informatique quantique sont vastes : développement de nouveaux médicaments, optimisation des batteries électriques ou encore modélisation climatique avancée. Autant de défis qui pourraient voir des progrès majeurs grâce à des ordinateurs quantiques plus performants.