L’Asie, moteur mondial de l’usine du futur

 

L’automatisation des usines, par l’IA et autres innovations technologiques, marque la révolution industrielle en cours. Selon une nouvelle étude, l’Asie serait à l’avant-garde. 

 

Les usines de demain seront-t-elles asiatiques ? C’est ce que suggèrent les résultats d’une étude internationale de l’entreprise de conseil Accenture. Les 552 directeurs d’usine interrogés s’accordent tous à dire que l’IA, l’automatisation et les technologies numériques deviendront de plus en plus importantes dans l’industrie manufacturière. Les usines hyper-automatisées changeront radicalement la productivité en rendant possibles les opérations autonomes. Les trois quarts des directeurs d’usines japonais ont d’ailleurs déclaré que, d’ici 2040, leurs entreprises privilégieront les « dark factories », lors de la construction de nouvelles installations. Ces usines, entièrement automatisées et ne nécessitant aucune présence humaine, intéressent aussi 53% des dirigeants chinois interrogés. L’Europe, en revanche, reste en retrait de cette tendance, avec seulement 20% de ses directeurs d’usines y étant favorables. 

  

Les employés-robots n’emballent pas l’Europe 

 

Le futur de l’industrie repose sur les objets connectés et les jumeaux numériques, d’après l’étude. Pourtant, seuls les directeurs d’usine chinoise et japonaise les considèrent comme des priorités majeures. Parmi les fondamentaux de l’usine moderne, les robots humanoïdes risquent d’être couramment utilisés dans les processus d’assemblage. C’est une certitude pour 72% des Japonais interrogés. En Europe, au contraire, seuls 21% en sont persuadés. Selon Jean Cabanes, le directeur général Industrial Equipment chez Accenture, “les fabricants asiatiques ouvrent la voie à la fabrication hyper-automatisée et bénéficieront probablement plus tôt des avantages concurrentiels qu’elle apporte. Les entreprises européennes et américaines adoptent une approche plus mesurée, en partie parce qu’elles construisent peu de nouveaux sites de fabrication et que transformer des usines existantes est une tâche complexe.”  

 

Monter en compétences ses employés 

 

Jean Cabanes cite aussi la difficulté de former ses employés. 70 % des répondants à l’échelle mondiale et 57 % en France considèrent la transformation de la main-d’œuvre comme  un catalyseur essentiel de la fabrication hyper-automatisée. Leurs nouvelles tâches demandées consistent principalement à analyser les données pour prendre des décisions. « D’ici à 2040, la majorité des collaborateurs ne seront plus impliqués directement dans la production, œuvrant plutôt au service de celle-ci », raconte Flavien Parrel, le directeur général Industrie 4.0 chez Accenture France. Il ajoute : “Cela signifie qu’ils passeront du travail manuel à la supervision des processus, à la prise de décision et à l’optimisation. Ils devront être à l’aise pour collaborer avec l’IA et opérer avec des systèmes autonomes. Les fabricants devront aider leur main d’œuvre à développer les compétences nécessaires.” Mais, pour la moitié des répondants, la formation nécessaire coûte trop cher pour moderniser la main d’œuvre. Alors, pour ne pas la former, il faudrait attirer les nouveaux talents 

 

L’IA au cœur de l’usine du futur 

 

Séduire les nouveaux talents est justement un obstacle pour la moitié des répondants français. Dans le domaine de l’IA, le manque de professionnels qualifiés se remarquent aussi, chez 51% des répondants mondiaux. En Chine, la préoccupation est moins marquée (40%). Cette technologie est la clef d’une nouvelle révolution industrielle selon Flavien Parrel. « Dans les usines du futur, l’IA dirigera la production industrielle en temps réel, rendant les lignes de production statiques obsolètes. Les jumeaux numériques simuleront les résultats et modéliseront chaque décision avant même qu’elle ne soit exécutée, tandis que les robots humanoïdes travailleront aux côtés des employés”, dépeint-il.