France 2030 : miser sur la tech pour ne plus subir l’avenir 

 

L’innovation n’est plus un luxe. C’est une nécessité. Et la France, avec son plan France 2030, entend bien reprendre la main sur les technologies qui façonneront demain. Finies les dépendances stratégiques. L’État veut redevenir maître de son destin technologique. Avec un mot d’ordre : souveraineté.

 

Trois ans après son lancement, France 2030 trace son sillon. Jeudi 10 avril, à l’occasion du Comité interministériel de l’innovation, le Premier ministre, aux côtés de Bruno Bonnell, le secrétaire général en charge du plan, a fait le point. Bilan d’étape, mais aussi impulsion nouvelle. Plus de 25 dispositifs vont être lancés ou relancés, avec plus de 250 nouveaux lauréats dans des secteurs aussi variés que la santé, l’énergie, l’agroalimentaire, la culture ou le spatial. Des domaines stratégiques, où la France cherche à regagner en indépendance, en capacité de production, en créativité aussi. Le chef du gouvernement a insisté : France 2030 n’est pas un simple plan d’investissement. C’est une réponse directe à la conjoncture, une boussole dans un monde incertain, un levier de souveraineté dans un contexte géopolitique sous tension.

 

38 milliards d’euros déjà mobilisés

 

Dix milliards d’euros sont déjà fléchés vers les technologies dites « duales », qui peuvent servir à la fois le civil et le militaire — preuve que le réarmement technologique du pays est bien amorcé. Et l’avenir ne se limite pas à ces trois premières années. Le plan continuera d’injecter des moyens dans les secteurs de pointe comme le spatial, l’intelligence artificielle, la cybersécurité ou le quantique. À ce jour, ce sont 38 milliards d’euros qui ont été mobilisés, pour soutenir plus de 7 400 projets, accompagner la création de près de 200 000 emplois, et ouvrir plus de 100 000 nouvelles places de formation. Sur le terrain, l’effort se traduit aussi par l’émergence de 47 biomédicaments « made in France » et plus de 6 000 dépôts de brevets envisagés. Un plan massif donc, mais surtout structurant, qui veut inscrire la France dans le long terme, là où l’innovation se conjugue à la souveraineté.

Mais, si un fil conducteur relie toutes ces ambitions, c’est bien celui de la technologie. Non pas comme un gadget, mais comme un outil pour reconstruire une souveraineté. Non plus rêvée, mais construite, patiemment, projet par projet, secteur par secteur, dont on vous rappelle les grandes lignes.

 

Semi-conducteurs : produire au lieu d’importer

 

On l’a vu avec la crise sanitaire : sans puces électroniques, pas de voitures, pas de téléphones, pas d’électroménager. Or la France est encore largement dépendante de l’Asie. Le plan prévoit 6 milliards d’euros pour développer une production nationale de semi-conducteurs. L’idée est d’implanter des usines sur le territoire, tout en renforçant la recherche sur les composants du futur.

 

Renforcer les positions françaises en matière d’IA

 

L’IA n’est plus une option. C’est un levier stratégique pour la médecine, l’énergie, l’industrie, la défense. France 2030 entend former 1 500 chercheurs et ingénieurs IA par an, développer des plateformes souveraines, et structurer un écosystème capable de rivaliser avec les géants mondiaux. Le plan vise aussi à intégrer l’IA dans les usages industriels concrets : maintenance prédictive, contrôle qualité, gestion de flux.

 

Le quantique et les technologies de rupture

 

La France ne veut pas manquer le virage quantique. C’est un domaine encore jeune, mais prometteur. Le gouvernement y voit un axe de différenciation. 1,8 milliard d’euros sont fléchés vers les technologies quantiques, dans la continuité du plan lancé en 2021. L’objectif : devenir un des trois leaders mondiaux du secteur.

Autre domaine stratégique : les logiciels industriels. Trop souvent dépendants d’acteurs étrangers, les secteurs de l’automobile, de l’aéronautique ou de l’énergie doivent pouvoir s’appuyer sur des solutions souveraines. Le plan soutient le développement de logiciels critiques français.

 

Le Cloud, la cybersécurité et la 5G pour garantir l’autonomie numérique

 

La maîtrise des données est une autre bataille. France 2030 veut accélérer la transition vers un cloud de confiance, porté par des acteurs européens. Même logique côté cybersécurité : renforcer les solutions locales, structurer la filière, et sécuriser les systèmes critiques (santé, énergie, transports).

La 5G (et la 6G en gestation) est également au cœur du plan. Pas seulement pour les télécoms, mais pour ses usages dans l’industrie, la logistique, la santé connectée. L’État investit pour soutenir les déploiements, la R&D, et l’émergence de cas d’usages innovants.

 

Des start-ups aux licornes : faire grandir l’écosystème

 

France 2030 accorde une attention particulière aux start-up technologiques. Près de 13 milliards d’euros sont réservés à l’émergence de nouveaux champions. L’objectif : faire émerger des entreprises capables de passer à l’échelle, d’exporter, de créer des emplois à forte valeur ajoutée. Cela passe par des aides directes, mais aussi par l’accompagnement, la mise en réseau, et l’accès aux marchés publics. L’État veut aussi jouer un rôle de client, pour tester, déployer, et crédibiliser ces technologies naissantes.