Jean-Claude Juncker, le président de la nouvelle Commission européenne, vient de confier le portefeuille de l’économie numérique (télécoms, propriété intellectuelle, relations Etats-Unis/Europe) à Günther Oettinger, un chrétien-démocrate allemand de 61 ans. Depuis 2010, commissaire à l’énergie, cet économiste et juriste de formation succèdera à Neelie Kroes le 1er novembre prochain.
La nouveauté : il devra composer avec Andrus Ansip, nommé comme vice-président en charge du marché unique numérique. La mission de l’ancien Premier ministre d’Estonie (le pays le plus adepte de numérique en Europe) n’est autre que de « faire de l’Europe un leader mondial des technologies de l’information et de la communication ». Pas moins pour ce… chimiste libéral de 58 ans.
Dans son programme, le président de la Commission affiche ses ambitions dans ce domaine : « Nous pouvons générer jusqu’à 250 milliards d’euros de croissance supplémentaire en Europe au cours du mandat de la prochaine Commission, créant ainsi des centaines de milliers de nouveaux emplois, au profit notamment des jeunes au chômage, et d’une société de la connaissance dynamique. » Pour y parvenir, au cours des six premiers mois de son mandat, il compte « prendre d’ambitieuses mesures législatives visant à créer un marché unique du numérique connecté ». Il s’agira de nouvelles règles communes en matière de protection des données, de télécommunications, de droits d’auteur ou, encore, de protection des consommateurs pour les achats en ligne…
Ambitieux ! Le mot est lâché, même si la création d’un tel marché commun ne peut être seulement défensif. C’est la philosophie d’Axelle Lemaire. La secrétaire d’Etat en charge du numérique encourage à aller bien au-delà des tuyaux et de l’aspect législatif : « Je plaide pour une politique industrielle en matière de numérique : identifier les atouts des pays européens dans certains secteurs (big data, objets connectés, cloud…) et les porter ensemble plutôt que, pays par pays, en se faisant concurrence », déclarait-elle, début septembre, à nos confrères du JDN.
Dans ce concert européen, faisons entendre notre partition : le numérique à la française, ce sont des savoir-faire industriels et des compétences technologiques qui doivent être promus internationalement. L’objectif de la French Tech est de valoriser ce qu’Axelle Lemaire appelle désormais la « République numérique ». Afin d’imposer notre place au sein de l’Union.