Lorsque l’on évoque les objets connectés en entreprise, on pense surtout aux lunettes ou aux montres connectées, ou de manière plus générale aux technologies « wearable ». De très nombreux experts s’expriment et communiquent sur les bénéfices que vont apporter ces technologies, notamment du point de vue du confort, de la simplification des tâches et de la productivité.
Dans les environnements industriels, les applications sont légion. Les lunettes de type Google Glass, par exemple, ont un potentiel très intéressant pour les activités de maintenance techniques sur site, pour capturer des données et les remonter automatiquement dans le système d’information de l’entreprise. Ces lunettes connectées vont également simplifier et sécuriser certains gestes dans la mesure où elles libèrent les mains de l’opérateur, ou encore améliorer la productivité des caristes en entrepôt en leur permettant de visualiser immédiatement les articles à prélever pour préparer leurs commandes. Sans parler des autres types d’objets connectés, comme les exosquelettes ou les gants robotiques.
Au bureau ou en situation de mobilité, les objets connectés vont également transformer la manière de travailler. De plus en plus fréquemment le poste de travail n’est plus unique – sous sa forme classique, le PC – mais il converge vers une suite d’objets connectés collaboratifs formant l’environnement utilisateur.
Que ce soit au bureau ou sur les sites industriels, c’est une nouvelle révolution qui est à l’œuvre, dans le prolongement direct du phénomène « BYOD ».
Les objets connectés, ce ne sont pas que les montres et les lunettes connectées
Toutefois, on aurait tort de considérer cette profonde transformation – et les enjeux qu’elle suppose – sous le seul angle des technologies « wearable ». Car ces dernières concernent un environnement bien délimité : l’environnement utilisateur, c’est-à-dire celui du poste de travail en contact direct avec ce dernier. Or, les objets connectés ne se limitent pas à cela, loin s’en faut. Il y a également l’environnement dans lequel l’entreprise évolue, au sens large. Et cet environnement-là est souvent oublié, alors qu’il constitue, en réalité, un défi et une complexité autrement plus importants que les bracelets ou les tablettes connectés.
Les objets connectés qui vont véritablement révolutionner les parcs IT des entreprises ne sont pas tant les montres connectées mais, bien plus, les machines connectées. A titre d’exemple, on peut citer les innombrables équipements industriels connectés : électrovannes, silo à ciment, chambres froides, machines-outils, lignes de production, drones de surveillance/maintenance, appareils de mesures, etc.
Anticiper la vraie complexité des objets connectés en entreprise
Il ne s’agit plus d’être dans l’expectative, mais d’anticiper et de préparer. Tout comme l’entreprise, il y a quelques années, se devait de gérer son parc de terminaux (smartphones, PC portables, tablettes), elle doit aujourd’hui se poser la question de la gestion de son parc d’objets connectés.
S’il n’y avait que quelques objets connectés dans l’entreprise, cela ne poserait pas de grandes difficultés. Mais l’on parle ici de déployer des centaines, et plus probablement des milliers – voire centaines de milliers dans le cas des grands groupes internationaux – d’objets connectés. Ce qui soulève de nombreux enjeux en termes de supervision et de sécurité. Il s’agit d’une véritable stratégie Machine-to-Machine à mettre en place.
En effet, le parc d’objets pouvant être connectés est de plus en plus hétérogène et une majorité d’écosystèmes sont propriétaires, donc non ouverts à d’autres objets. Dès lors, comment permettre à ces objets de communiquer entre eux et avec le système d’information de l’entreprise, puis déployer, exploiter et maintenir un parc ? Quelles solutions de sécurité faut-il mettre en œuvre pour garantir la pérennité du système d’information et éviter d’éventuelles attaques ou fuites de données ?
Les gestionnaires de parcs IT, des partenaires hautement stratégiques
Face à ce grand challenge, les spécialistes de la gestion de parcs vont jouer un rôle encore plus stratégique et déterminant pour l’efficacité et les performances de l’entreprise. Comme ils le font aujourd’hui pour les parcs IT « classiques », ces partenaires vont assurer demain les fonctions critiques pour la gestion des parcs d’objets connectés : déploiement, inventaires (via les cartes SIM, les puces RFID, etc.), supervision, flexibilité (utilisation d’une simple connectivité et/ou d’une solution de bout en bout), et enfin sécurité.
Les spécialistes de la gestion de parcs vont également devoir s’organiser en consortium afin de mettre en place des standards d’interopérabilité et des normes de compatibilité entre les équipements, les réseaux et les logiciels, et interconnecter les différents appareils ; à l’instar de ce que les opérateurs de téléphonie et fabricants de téléphones portables ont pu faire il y a quelques années pour proposer à la population un service de téléphonie mobile.
Ils auront également en charge de proposer des plateformes novatrices de self-service permettant aux entreprises d’enregistrer leurs équipements connectés et assurant un premier niveau de self-help. L’objectif étant d’assurer un service support qui soit économiquement viable en termes de coût pour l’entreprise cliente.
Les défis liés à la révolution des objets connectés sont multiples et complexes. Dans le domaine grand public, la CNIL est très vigilante et a déjà commencé à s’organiser pour assurer une gestion et un traitement conformes des données générées par les objets connectés, notamment dans les domaines des paiements sans contact et de l’e-santé. Dans le domaine professionnel, les enjeux vont être au moins aussi importants pour permettre aux objets connectés d’apporter tout leur potentiel.