Comment organiser le travail mobile ? Que dit la législation, et que proposent les fournisseurs de solutions IT.
« Surtout, ne dites pas à mon patron que je suis un travailleur nomade. Il me croit toujours assis derrière mon bureau. » La grande majorité des salariés qui œuvrent régulièrement à distance pourraient en dire autant. Ce n’est pas un hasard s’ils sont beaucoup plus nombreux que ceux couverts par un dispositif formalisé. Organiser le travail mobile n’est pas une sinécure. La législation reste stricte : dans le secteur privé, un avenant au contrat de travail s’impose.
Il ne s’agit pas d’une simple formalité rapidement rédigée et signée. Une dizaine de clauses obligatoires doivent y figurer, incluant le lieu alternatif envisagé, la description des tâches à effectuer, la fréquence des prestations en dehors les murs de l’entreprise, les conditions de mise en œuvre, etc.
L’ennemi, l’excès d’enthousiasme face aux bienfaits tant vantés (conciliation entre vie professionnelle et privée, créativité stimulée, autonomie renforcée etc.). Passer du tout présentiel à une organisation pendulaire exige du temps et de la méthode. Les promesses de la flexibilité pouvant être anéanties par les conséquences d’une désorganisation.
Un rodage d’un an
Les entreprises qui ont franchi le pas, à l’instar de Renault, Société générale, Air France, Alcatel Lucent ou AXA, sont passées par des phases successives de négociation avec les représentants du personnel, et d’expérimentation sur des panels réduits. Ce rodage d’une durée moyenne d’un an est mis à profit pour simuler le coût initial et l’impact sur le fonctionnement des équipes. Le tour de chauffe peut être accompagné par des cabinets conseils en organisation tels que LBMG, Greenworking, Onduleo, Mobilitis ou Néomobis qui s’en sont fait une spécialité.
Repousser les limites du cloud
De leurs côtés, les fournisseurs de solutions IT se veulent des alliés des DRH et des DSI pour convaincre les directions générales plus réticentes, à coups de démonstrations et de simulations. L’univers des systèmes d’information d’entreprise s’enrichit d’une nouvelle engeance. On y trouve des professionnels du déploiement des terminaux mobiles et du BOYD [Bring Your Own Device] sécurisés, dont VMware et Airwatch récemment alliés. Les prestataires en communication avancée poussent aussi leurs pions, attestant que les limites du travail collaboratif via le cloud peuvent être repoussées. De même, des offreurs de services se disent prêts à mettre à portée immédiate de collaborateurs en déplacement et sur toutes sortes de terminaux, les applications informatiques utiles à leur mission. L’un d’entre eux, EasyVista, peut même implanter à la demande, un App Store spécifique. La dématérialisation des pièces justificatives qui a pu constituer un frein à la mobilité des commerciaux grands comptes et des chefs de projet itinérants, a maintenant son antidote. Orone, éditeur et opérateur de plates-formes de gestion de flux documentaires, transforme n’importe quel smartphone ou tablette en scanner intelligent, capable de dialoguer avec le back-office, sans tenir aucun compte de la distance entre le lieu de la transaction et le siège social. Cette prolifération n’a pas seulement pour conséquence de gonfler les budgets de formation afin de garantir une utilisation appropriée. Le règne annoncé de l’IT mobile amène aussi les DRH à vérifier la culture digitale de toute nouvelle recrue, quelles que soient ses futures fonctions. Là encore, les sociétés de services décèlent un filon. La société Immersive Lab à Oloron-Sainte-Marie (64) vient ainsi de lancer le Tanu, le premier « Test d’Agilité NUmérique », censé permettre de mesurer l’appétence des postulants pour le digital.