Une cinquantaine d’acteurs se sont réunis mardi 13 octobre à Grenoble Ecole de Management à Paris pour lancer l’écosystème « Santé et bien-être by myself », un do-tank qui vise à mener des projets innovants. Au programme de la matinée : un débat participatif autour de la médecine curative, de la donnée ou encore du bien-être en entreprise.
La santé fait à son tour sa révolution ! Les relations entre patients et médecins évoluent, les mutuelles doivent s’adapter, les entreprises s’inquiètent pour la santé de leurs salariés…Des changements pas encore totalement apprivoisés par les acteurs du secteur. L’écosystème « Santé et bien-être by myself », dont Alliancy le mag est membre fondateur, a été officiellement lancé mardi 13 octobre. Le but de ce do-tank est de développer des projets innovants et des expérimentations concrètes. Une cinquantaine d’acteurs de la santé et du bien-être se sont réunis pour une matinée de débat participatif sur le thème « accompagner le bien-vivre de l’individu au quotidien ». Médecins, mutuelles, industriels, éditeurs de logiciel ou encore associations de patients ont échangé pendant plus de deux heures dans un format peu commun « Chacun est libre d’intervenir et rebondir. Nous sommes ici pour avoir une démarche positive et constructive », a précisé Sylvain Fievet, directeur de publication d’Alliancy le mag, qui a souhaité faire de cette agora un « lieu d’échanges et d’open innovation ». Plusieurs thématiques ont émergé lors de ce débat : la médecine prédictive, la donnée de santé et le bien-être en entreprise.
Vers une médecine préventive
La salle était unanime concernant l’évolution du modèle de la médecine française. « Aujourd’hui, il en existe deux : un hiérarchique où le corps médical fait face aux patients, et l’autre où les patients gèrent eux-mêmes leur capital-santé », a expliqué Vincent Mangematin, directeur de la recherche à Ecole Grenoble Management, en guise d’introduction. Pour la majorité des participants, la médecine préventive prendra le pas sur la médecine curative d’ici quelques années. « Le patient va faire de plus en plus attention à sa santé car les mutuelles vont augmenter leurs tarifs et seront donc plus sensibles à la prévention », a soutenu Arnaud Claudel, PDG de Nutri5, un réseau de professionnels de santé de l’amincissement durable. Marc Landré, ancien médecin et consultant, a martelé cette idée avec un exemple : « Il existe une grande différence entre l’Occident et l’Orient : les Chinois vont chez le médecin quand ils sont bien portants alors qu’en France c’est le contraire ! Nous avons besoin de passer d’un modèle curatif à préventif. » La médecine préventive ne concerne pas seulement les patients et les médecins, mais aussi les mutuelles. Celles-ci voient dans la prévention une façon de personnaliser leur relation client. Harmonie Mutuelle, membre fondateur de l’écosystème, a fait ce choix depuis quelques mois. « Nous fournissons des outils numériques aux adhérents grâce à des partenariats. Pour l’utilisateur, c’est une façon ludique de prendre en main sa santé », a montré Audrey Lambert, chef de projet recherche et innovation chez le mutualiste.
Quelle valeur pour la donnée de santé ?
Derrière la médecine préventive se cache évidemment la donnée. Le sujet du big data dans la santé reste encore bancal en France. Les participants de l’écosystème sont très prudents quant à l’utilisation de ces données. « Quand on entend le discours de la CNIL, tout est de la donnée de santé. Je pense qu’il faut faire la différence entre donnée de santé et donnée de bien-être. Aujourd’hui, la taille n’est pas considérée comme une donnée de santé mais le rapport taille poids oui ! », a lancé Claude Touche, directeur d’eVeDrug, un éditeur de logiciels de pharmacovigilance, matériovigilance et cosmétovigilance. En France, il n’existe aucune définition de la donnée de santé. « On a tendance à qualifier la donnée de santé en prenant en compte son contexte et sa finalité. Une réglementation européenne, qui devrait bientôt voir le jour, définira la donnée de santé de façon très large », a fait remarquer Marion Depadt Bels, avocate chez Gramont et Associés. Laurent Richard, directeur du développement région sud-est chez Harmonie Mutuelle, a souligné, quant à lui, le caractère sensible des données chez les mutualistes. « Il ne faut pas qu’un organisme puisse utiliser une donnée pour évaluer un risque. On peut être mutualiste et ne pas faire de discrimination mais on peut responsabiliser nos adhérents sur leur capital-santé », a noté Laurent Richard.
Des salariés en bonne santé
Les entreprises commencent à s’intéresser au bien-être de leurs collaborateurs. Des entreprises équipent leurs collaborateurs de bracelets connectés par exemple. « En France, il y a un intérêt de la part des RH concernant l’aspect santé et bien-être des salariés. Le capital santé des salariés est un point important pour fidéliser des collaborateurs », a affirmé Laurent Adda, cofondateur de mydoctool, une start-up qui propose une plateforme de communication et de gestion des parcours de soin aux professionnels de la santé, dont le lancement est prévu dans un mois. Des jeunes pousses se sont positionnées sur ce segment. C’est le cas de Lemonfab, une jeune société qui propose aux entreprises des solutions innovantes sur-mesure pour maximiser la vitalité des collaborateurs et renforcer leur engagement au sein de l’entreprise. « Notre idée est de remettre le salarié au cœur du système. Nous nous sommes posé une question : comment redonner envie au salarié et le faire se sentir bien en entreprise ? », s’est interrogée Anne Levasseur, directrice associée.
Une question auxquelles des participants ont cherché à répondre dans le cadre d’un groupe de travail dédié. Le débat participatif a été en effet suivi d’une après-midi de réflexions en petits comités pour faire émerger les premières idées de services et de business models pour la santé et le bien-être de demain.
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