Accueil à Bercy du « Jeudigital » dédié aux start-up de la Fintech en mars, labellisation de 28 start-up financières par le pôle de compétitivité parisien Finance Innovation en mai, création de France Fintech en juin… « La Fintech incarne la promesse du numérique appliquée à l’industrie financière. Elle est l’une des forces de la French Tech : une force en cours de structuration et développement exponentiel », affirme Axelle Lemaire, secrétaire d’État chargée du Numérique, auprès du ministre de l’Économie, de l’Industrie et du Numérique. D’ailleurs, d’après Accenture, les investissements en capital-risque dans le secteur ont triplé l’an dernier, à 10,93 milliards d’euros (12,2 milliards de dollars). Et si Londres, San Francisco ou New York mènent la course en tête, Paris a toutes ses chances dans la compétition. Focus sur dix start-up aux ambitions internationales.
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Avec 200 millions d’euros de crédits octroyés en un peu plus de trois ans via cinq fonds aux rendements dépendant du profil de risque des emprunteurs, l’équipe de Prêt d’Union (85 personnes, dont 18 développeurs) occupe une position de leader en France. Elle propose aussi depuis octobre 2013, des placements obligataires responsables aux fondations, associations et petites sociétés de gestion. Seul acteur Internet du crédit entre particuliers agréé « établissement de crédit prestataire de services d’investissements » par l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), la plate-forme s’est dotée d’un système d’information utilisant des technologies de développement en mode agile au Web et au mobile. « Ce système plus léger allié à la gestion de smart data et à un algorithme prédictif de fraude nous permet d’octroyer des crédits moins chers par rapport aux établissements bancaires traditionnels », se félicite le président du directoire, Charles Egly, qui projette d’attaquer le marché italien et espagnol dès 2016, après une quatrième levée de fonds de 31 millions d’euros début juillet.
Créée en 2011, l’équipe dirigée par Joan Burkovic (15 personnes dont une majorité de développeurs) compte plus d’un million d’utilisateurs en France, particuliers et petites entreprises (de la TPE à la PME de 100 salariés) et a pour ambition de devenir le leader européen des applications de finance personnelle. Disponible depuis début 2015 en Espagne, Royaume-Uni et Allemagne, l’application permet d’accéder et d’analyser l’ensemble de ses comptes bancaires grâce à un algorithme « maison » qui catégorise automatiquement les dépenses. Aux services essentiels – gratuits en échange d’offres de services ciblées – sont adjoints des fonctionnalités de prévision budgétaire et de gestion des notes de frais, accessibles sur abonnement mensuel (4,99 euros pour les particuliers, 19,99 euros pour les professionnels). Joan Burkovic envisage une levée de fonds à moyen terme pour accélérer son déploiement international. Son rêve : « Devenir le “Mint” européen, avec plus de 10 millions d’utilisateurs. »
Cyril Chiche (photo), le cofondateur de l’application Lydia, programme une troisième levée de fonds début 2016 de 10 millions d’euros afin de pénétrer le commerce organisé et de se développer à l’international. Créée en septembre 2011 et lancée en juillet 2013, l’application se veut « la meilleure solution de paiement au monde », selon lui. Son équipe d’une vingtaine de personnes recrute environ 10 000 nouveaux utilisateurs par mois et vise 250 000 utilisateurs d’ici à la fin 2015. Elle permet à toute personne (particulier, profession libérale, e-commerçant, commerçant) de lier son moyen de paiement à une carte bancaire via un QR Code ou par e-mail. En échange d’un forfait mensuel d’une dizaine d’euros pour un petit commerçant, celui-ci autorise son client – ayant préalablement téléchargé gratuitement l’application – à le régler via son smartphone.
En créant un système permettant un lien direct entre son serveur et le terminal de paiement électronique du commerçant, Hugues Le Bret a tenu son pari : générer un RIB, paramétrer et activer en temps réel une carte de paiement. Conçu initialement pour les personnes aux revenus irréguliers (interdits bancaires, chômeurs…), le Compte Nickel est désormais plébiscité à la fois par des salariés aux revenus inférieurs à 1 300 euros par mois et pour d’autres usages. Il permet à son utilisateur, moyennant 20 euros déposés chez le buraliste partenaire (900 aujourd’hui), de décider de la destination de ses dépenses (à l’étranger, sur le Web ou chez le commerçant) sans frais puisque le compte n’autorise pas de découvert et que l’on est alerté 4 jours avant par e-mail ou texto en cas de dépassement. L’équipe de 50 personnes gère 150 000 clients aujourd’hui. Elle devrait compter 170 personnes pour gérer 2 millions de clients en 2018.
Créée en 2012, cette plate-forme d’épargne en ligne propose aux particuliers une offre low-cost de conseil individualisée en gestion d’actifs, basée sur l’analyse indépendante de Morningstar. Une fois que le particulier a déterminé son profil (plus ou moins risqué) et le montant à investir (dès 500 euros), les analystes lui proposent une allocation adaptée, investie immédiatement dans un contrat d’assurance-vie et contrôlée en permanence pour s’assurer qu’elle respecte son objectif. « Si nécessaire, nous lui envoyons un e-mail lui proposant une solution de remplacement applicable en un clic et sans frais », explique Nicolas Marchandise, à la tête d’une équipe de 10 personnes (dont 5 développeurs) et de 3 000 clients.
Depuis sa création en 2012, PayTop a levé 7,5 millions d’euros et compte boucler un troisième tour de table d’ici à un an ou deux pour accélérer son déploiement en Europe. La start-up, disposant d’une équipe de 22 personnes, fait partie du portefeuille de Truffle Capital (lire page 63). Elle offre des solutions innovantes de paiement à l’international : transfert d’argent avec retrait en cash dans le réseau de points relais partenaires, achat de devises sur Internet et livrées à domicile, envoi de crédit mobile et carte de paiement multidevises utilisable dans plus de 200 pays, sans frais de chargement et sans frais de retrait. Un service gratuit de transfert d’argent entre porteurs de carte PayTop via une application mobile ou Internet sera proposé prochainement.
En assurant une passerelle entre les investisseurs qualifiés disposant de trésorerie et les PME à la recherche de financement par rachat de facture, cette plate-forme opérationnelle depuis janvier 2015 assure un service complémentaire aux banques. « Les algorithmes innovants de scoring des entreprises et de leurs créances que nous avons élaborés leur redonnent du temps puisqu’elles reçoivent le financement sous 48 heures (au lieu de 45 jours) et du pouvoir, puisqu’elles ne sont pas obligées de s’engager sur une durée ou un volume d’affaires », assure Léa Véran, sa directrice marketing. Finexkap comprend deux entités, la plate-forme Internet proprement dite, et un fonds commun de titrisation en charge du financement et du recouvrement des créances géré par Finexkap AM, la société de gestion agréée par l’Autorité des marchés financiers, également chargée du recouvrement des créances. L’équipe (23 personnes, dont 50 % de développeurs) se rémunère grâce à une commission unique de 2,49 % TTC. Elle a levé 18 millions d’euros en novembre 2014 dont 6 millions en equity et prévoit une seconde levée de fonds fin 2015. En huit mois, elle a déjà financé près de 8 millions d’euros de factures d’un montant moyen de 14 000 euros.
Depuis le décret d’octobre 2014, les entreprises peuvent emprunter directement auprès d’investisseurs privés. C’est pour saisir cette opportunité qu’Olivier Goy a créé une plate-forme de prêt accessible, côté prêteur, à la fois aux particuliers et aux institutionnels via un fonds commun de titrisation de 30 millions d’euros. Avec son équipe (24 personnes), le jeune dirigeant entend couvrir les besoins des PME de 400 000 à 200 millions d’euros de chiffre d’affaires, soit une part de 10 à 15 milliards d’euros par an sur un marché global estimé à 80 milliards en France. « Nous visons le financement de 200 prêts en 2015 et souhaitons progressivement essaimer en Europe, chaque pays ayant ses spécificités, explique Olivier Goy, mais il nous faut d’abord éduquer les PME, pour les amener à changer de réflexe et à ne plus dépendre de leur seule banque. » La plate-forme dispose d’un système entièrement dématérialisé et automatisé permettant d’obtenir des fonds rapidement et sans caution, sous réserve d’être éligible. Compter en moyenne 17 jours entre le premier contact et la réception des fonds (de 30 000 à 1 million d’euros).
Après deux années consacrées au développement et à l’obtention des agréments des autorités financières, la place de marché online, cofondée en juin 2011 par Philippe Gelis, offre un grand service aux PME-ETI : celui d’échanger des devises en ligne à un coût très inférieur à celui des banques ou des courtiers puisque sa commission va de 0,09 % à 0,29 % par transaction, contre 1 à 3 % pour les banques. Forte d’une équipe de 60 personnes, Kantox, dont le siège est basé à Londres et le back-office à Barcelone, est sur le point d’ouvrir un bureau à Paris. La plate-forme vient de dépasser les 2 milliards de dollars (1,79 milliard d’euros) de volume d’échange et atteindra le cap des 2 000 clients d’ici à la fin 2015. « Notre deuxième levée de fonds réussie de 10 millions d’euros en mai nous servira à consolider notre présence en Europe cette année, et à nous développer hors Europe en 2016 », déclaret-il. Et de poursuivre : « Ce sera probablement aux Etats-Unis, où se trouvent tous les grands investisseurs, mais où le marché est très centré sur le dollar, ou bien en Asie. Cela dépendra aussi des problématiques de réglementations locales. »
La start-up créée à Singapour en 2013 par trois Français anciens de BNP Paribas cible les institutions financières (banques de détail ou corporate) au niveau international : Asie du Sud-Est, Australie, Europe et Royaume-Uni dans un premier temps, puis Moyen Orient, Kenya, Nigéria et Afrique du Sud. Elle leur propose des fonctions intégrées de gestion des finances personnelles telles que l’analyse historique ou prévisionnelle de dépenses ou encore la gestion de budgets afin de capitaliser sur leurs services en ligne pour exploiter des opportunités de ventes croisées (par exemple, proposer une assurance voyage à un acheteur régulier de billets d’avion). Outre des interfaces de programmation (API) prêtes à l’emploi, le moteur analytique qu’elle a mis au point aide à classifier et à enrichir les données transactionnelles afin que les banques disposent de meilleures bases d’analyse. Si l’équipe (8 personnes, dont 50 % de Français) de la start-up n’a pas encore atteint la taille des autres Fintech citées, son rythme de croissance, lui, est très prometteur puisque, précise Olivier Berthier, un de ses cofondateurs et également mentor d’un accélérateur de Fintech à Singapour, « nous doublons notre chiffre d’affaires chaque année ».
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