La voiture, comme notre téléphone – et bientôt notre réfrigérateur ? –, est devenue un véritable ordinateur. L’informatique anime et enrichit notre quotidien : elle a pris le pas sur bon nombre de technologies. Chacun de ces objets contient de nombreux outils et logiciels remis à jour régulièrement et à distance… pour un meilleur confort, une plus grande sécurité, des performances accrues.
Le premier geste d’un garagiste, désormais, consiste à brancher son ordinateur sur son moteur. Quant à certains smartphones, nous ne sommes plus autorisés à les ouvrir pour changer une simple batterie, propriété intellectuelle oblige ! Nul ne sait donc ce qui se passe sous ces « capots » de plus en plus miniaturisés et connectés…
Mais quel garagiste irait y voir à mal ? C’est ce qui a longtemps permis à Volkswagen (et qui d’autre ?) de dissimuler la pollution de ses moteurs. Le dispositif faisant croire à l’Agence américaine de l’Environnement (EPA) que ses véhicules se conformaient aux normes antipollution pour des émissions réelles 15 à 35 fois supérieures à ces normes. Bien mal lui en a pris ! Le constructeur allemand pourrait devoir débourser jusqu’à 90 milliards de dollars (83,6 milliards d’euros), hors coût des procédures de rappel des 11 millions de véhicules et des demandes de réparation des clients concernés. L’organisme de certification (EPA) aurait-il pu repérer le subterfuge en lieu et place de l’ONG américaine ICCT ? Difficile, sans une myriade d’informaticiens chevronnés pour déchiffrer les millions de lignes de code des programmes équipant les véhicules VW… et encore ! On peut désormais se demander à quand les pouvoirs publics réviseront leur copie au sujet de l’opacité des algorithmes. ne serait-ce que pour savoir s’ils sont loyaux ou délictueux…
Cela se fera avec l’aide des entreprises, qui devraient réfléchir à nommer non seulement des contrôleurs de gestion, mais des auditeurs spécialisés « dans le calcul et la donnée » ! Cette nouvelle typologie de risques, pour être maîtrisée, doit être anticipée et intégrée dans une stratégie. « Les choix concernant le code et le droit sont des choix de valeurs », écrivait déjà, en janvier 2000, Lawrence Lessig*. des valeurs fondamentales qui doivent être défendues par tous nos dirigeants, alors que les smartphones ont envahi nos poches et que s’annoncent les voitures autonomes… Ce monde n’est décidément pas plus confortable, ni plus sûr.
* Article « Code Is Law », Harvard Magazine http://bit.ly/1RPiWhV