Dassault Systèmes a dévoilé ce jeudi de très bons résultats financiers – une croissance de 24% de son chiffre d’affaires en 2015, 11% en croissance organique, 11% pour SOLIDWORKS – juste après avoir organisé du 31 janvier au 3 février à Dallas, Texas, le 18ème rassemblement de sa solution de CAO (Conception Assistée par Ordinateur). Bilan et réactions de leur premier revendeur européen, Visiativ (voir plus bas).
SOLIDWORKS WORLD 2016 a réuni plus de 5000 participants : des utilisateurs, des revendeurs, des partenaires… Un nombre record d’exposants, 113 exactement, une dizaine de plus que l’an dernier, avec une forte présence de l’écosystème impression 3D : Stratasys, 3D Systems, Makerbot, Ultimaker etc. Au-delà de la passion pour l’innovation et la haute technologie qui animait les participants, la perspective d’une nouvelle croissance à deux chiffres en 2016 pour SOLIDWORKS expliquait, sans doute, de façon plus prosaïque, l’enthousiasme observé pendant ces quatre jours.
5 millions ! C’est le nombre d’utilisateurs quotidiens qui utilisent les solutions SOLIDWORKS, de conception et de design 2D et 3D. Des ingénieurs, des makers, des étudiants… dont 175 000 d’utilisateurs certifiés. Une communauté qui travaille sur des projets à la pointe de la technologie dans des secteurs de plus en plus variés. Le pavillon des partenaires prenait ainsi des airs de mini-CES (ndlr : 8 objets du Top 10 CES 2016 de Tech Crunch on été conçu avec SOLIDWORKS). On pouvait y voir un projet d’ascenseur spatial, Space Elevator, capable d’acheminer personnes et matériel vers une station orbitale. Précision : il faudrait minimum 50 ans pour que le projet voie le jour. Plus terre à terre : BrewBot, une machine pour fabriquer soi-même sa bière en moins de 5 heures ; Zero Motorcycles, un fabricant de moto électrique californien ou encore Trusst Lingerie, une start-up qui fabrique un soutien-gorge à maintien spécial pour les femmes à forte poitrine…
Du côté de l’impression 3D, plusieurs fabricants avaient réservé des annonces exclusives pour SOLIDWORKS WORLD. On peut citer : Ultimaker qui présentait deux nouveaux modèles Ultimaker 2+ et Ultimaker 2 Extended+ ou encore Stratasys qui présentait un partenariat avec Adobe autour de l’impression 3D couleur depuis Photoshop. L’israélien NanoDimension, déjà présent au CES, a également fait forte impression. Sa DragonFly 2020 est capable d’imprimer des circuits électroniques multicouches ! Une innovation qui va réduire les coûts de prototypage, mais plus important peut-être, la boucle est désormais bouclée ! Tous les éléments d’un objet connecté peuvent désormais être produits grâce à l’impression 3D (ndlr : nous y reviendrons).
SOLIDWORKS bientôt disponible à la demande, en ligne et multi-supports
« Welcome to the age of experience ! Welcome to the age of the platform ! » lance le directeur général de l’activité SOLIDWORKS chez Dassault Systèmes, Gian Paolo Bassi le premier jour ! L’intégration avec la 3DExperience Platform est désormais complète et les nouvelles applications pour 2017 seront disponibles dans le cloud. En parallèle, Dassault Systèmes fait évoluer son modèle de commercialisation. En plus de la licence perpétuelle pour la version « Desktop » de SOLIDWORKS avec abonnement maintenance, l’éditeur introduira dès la version 2017, prévue en novembre, la location temporaire (ndlr : avec un minimum de 3 mois) et également une version SaaS, 100% en ligne. Mais Gian Paolo Bassi prévient : « Nous ne voulons pas forcer les utilisateurs à changer de modèle. Une grande majorité de nos utilisateurs sont attachés au système de licence perpétuelle. ». Il a tenu a rassurer également les revendeurs, Dassault Systèmes ne va pas changer son système de distribution indirecte et compte plus que jamais sur ses partenaires VAR.
Trois nouvelles applications seront lancées dans la version 2017 : Xdrive, qui va permettre le stockage des fichiers de travail dans le cloud, y compris pour la version Desktop standard, pour améliorer encore le travail collaboratif (ndlr : 5Go sont disponibles dès aujourd’hui pour les utilisateurs payants) ; Xdesign ensuite, entièrement hébergé dans le cloud, avec de nouveaux outils de dessin et de collaboration. Pour résumer, c’est la conception « Any time, anywhere and any device… This is huge ! » s’enthousiasme Gian Paolo Bassi; Part Supply enfin, qui utilise la puissance du moteur de recherche sémantique d’EXALEAD pour rechercher les pièces réutilisables ou disponibles chez les fournisseurs dans la base de données 3DContentCentral et celle de son partenaire français, TraceParts.
SOLIDWORKS PCB et Electrical : « un marché d’un milliards de dollars. »
Mais Gian Paolo Bassi nous confiait que le plus excitant en terme de business, c’est le lancement de SOLIDWORKS PCB powered by ALTIUM, prévu pour mai, « Nous élargissons notre périmètre. C‘est un marché d’un milliard de dollars supplémentaire pour nous en 2016 rien qu’en comptant SOLIDWORKS Electrical Management (ndlr : lancé en janvier) et SOLIDWORKS PCB » nous confiait-il. Le partenariat avec l’Australien ALTIUM, 25 ans d’expérience dans la CAO électronique, n’est pourtant pas nouveau. Les deux sociétés avaient même annoncé l’an dernier « PCB Works », qui intégrait déjà l’électronique dans le workflow mécanique. L’intégration est désormais étendue à tous les outils : simulation, visualisation ou encore data management.
L’essentiel est peut-être surtout qu’avec SOLIDWORKS, Dassault Systèmes montre ici une véritable vision de l’Internet des objets. Comme on l’a vu avec NanoDimension, tous les éléments d’un objet connectés peuvent être imprimés en 3D et donc dessinés sur la même plateforme ! SOLIDWORKS ? Le rêve de Dassault Systèmes c’est donc de s’installer aux deux bouts de la chaîne de valeur des objets connectés : conception des objets avec SOLIDWORKS et analyse des données, avec EXALEAD et NETVIBES. Gian Paolo Bassi nous le confirme à sa manière, un des moteurs de croissance pour 2016 sera encore « la migration d’utilisateurs d’éditeurs CAO qui n’ont pas de vision de l’avenir et il y en a plusieurs ».
Avec tout ça, on en oublierait presque de parler de certaines nouveautés : SOLIDWORKS Vizualize, qui permet de créer des contenus marketing qualité photo, y compris par des utilisateurs qui n’ont pas de compétences techniques ; SOLIDWORKS Make, qui intègre dans la conception des possibilités de personnalisation du produit par le consommateur final. L’éditeur a également dévoilé un programme éducation « SOLIDWORKS Apps for Kid » pour les 4-14 ans : six applications ludiques (Capture It, Shape It, Style It, Mech It, Show It, Print It) pour familiariser les enfants avec les différentes étapes de l’ingénierie. De quoi préparer les futures générations d’utilisateurs… 2.4 millions d’étudiants et de professeurs utilisent SOLDIWORKS dans les écoles, laboratoires et Fab Lab dans le monde.
Nouveau front pour Dassault Systèmes et Autodesk : la construction et l’architecture
Bernard Charlès, directeur général de Dassault Systèmes, a confirmé lors du SOLDIWORKS WORLD les ambitions du groupe dans le secteur Architecture et Construction : « Notre contrat pour développer un « Singapour virtuel » témoigne de notre capacité à modéliser et simuler le fonctionnement d’une ville entière ». Il précise avoir a signé avec deux autres mégapoles. Dassault Systèmes était déjà partenaire du « Digital Project » de l’architecte Franck Gehry. En France, le groupe s’est également rapproché de Vinci Construction. SOLIDWORKS, très présent dans les petites et moyennes entreprises de la construction (ndlr : cela représente 20% de ses clients finaux), pourrait avoir un rôle à jouer pour maîtriser les deux bouts de la chaînes. « Prenez une image satellite et zoomez : pour une ville, un immeuble, les ingénieurs ont probablement utilisé CATIA. Vous zoomez encore, pour une fenêtre, une table, les ingénieurs ont probablement utilisé SOLIDWORKS. » explique Gian Paolo Bassi qui nous précise qu’il est « trop tôt » pour dévoiler un plan d’action. Autodesk, le concurrent historique de Dassault Systèmes, est leader sur le marché AEC (Architecture Engineering & Construction). Dernière minute : Autodesk vient d’annoncer un plan de restructuration 10% de ses effectifs, 925 postes.
3 questions à… Visiativ – Jérémie Donzel, Directeur Marketing et Communication
4 des 5 revendeurs de SOLIDWORKS en France étaient présents au SOLIDWORKS WORLD 2016. Le premier d’entre-eux, Visiativ, fait un bilan de l’événement. En tant que premier revendeur européen, quel annonce vous a le plus marqué ?« Le mode de commercialisation des nouvelles offres pour 2017, même si nous étions déjà au courant, en tant que partenaire. Dassault Systèmes n’avait pas pour l’instant apporté de réponse concrète sur le virage du cloud. Le message principal c’est que Dassault Systèmes ne va pas laisser ce terrain à de nouveaux acteurs. Je pense par exemple à OnShape. Cela devrait donc contribuer à rassurer certains clients finaux impatients et permettre au réseau d’y voir plus clair sur son rôle dans ce modèle. Dassault Systèmes va continuer à s’appuyer sur les VAR pour accompagner ses clients dans leur transformation digitale. C’est exactement notre vision chez Visiativ, puisque nous nous positionnons clairement comme le partenaire de la transformation digitale des PME et PMI. » Vous avez obtenu 32 récompenses, qu’elle est celle qui vous rend le plus fier ?« Difficile de choisir. Au niveau des récompenses individuelles, l’un des commerciaux d’Axemble a rejoint le Club 2000, ce qui signifie qu’il a vendu plus de 2000 licences SOLIDWORKS en cumulé ! Visiativ est le premier partenaire de SOLIDWORKS en Europe et dans le Top 5 mondial ! En terme de performance, Visiativ arrive à renouveler plus de 90% des contrats de maintenance de ses clients. Autre point : grâce au rachat de Cadware, nous sommes le premier revendeur pour l’Europe de l’Ouest dans le monde de l’éducation. » Que pensez-vous des ambitions sur le marché de l’architecture et la construction ?« Les métiers ont tendance à se confondre. Pour un même bureau d’études, on va avoir besoin de répondre à des problématiques d’ingénierie mécanique, de calcul de structure, ou d’architecture… Nous avions des remontées du terrain notamment le Building Infrastructure Management que nous ne savions pas adresser jusqu’à maintenant. Le fait que Dassault Systèmes élargit son offre va nous permettre de répondre à ce besoin. Mais delà à ce que cela nous positionne comme spécialiste de l’architecture, j’en suis pas certain. L’idée à mon avis n’est pas forcement d’aller se battre contre REVIT à court terme, même si le marché Autodesk est un terrain de jeu intéressant pour les VAR SOLIDWORKS. » |