Après l’échec du F-commerce, Facebook s’attaque à la Marketplace en lançant Facebook Marketplace. Au regard de son modèle C2C, ne serait-ce qu’une plateforme de simples petites annonces ? Assiste-t-on aux prémices d’une Marketplace qui se veut résolument sociale ? Facebook arrivera-t-il à mettre en place le bon niveau de modération pour éviter les abus ?
Début octobre, Facebook a annoncé le lancement d’une plateforme de vente en ligne entre particuliers. Actuellement disponible aux Etats-Unis, en Australie, en Nouvelle-Zélande et en Grande-Bretagne, la plateforme est accessible depuis l’application mobile Facebook.
Une puissance de frappe mondiale
Avec cette Marketplace C2C, Facebook mise sur la puissance de frappe de ses 1,7 Mds d’abonnés et sur un puissant maillage territorial à l’échelle mondiale. Il s’agit pour l’instant des prémices de la Marketplace, avec des transactions réalisées offline et les limites qu’imposent le modèle de petites annonces C2C.
Au travers de leurs profils, les abonnés sont de potentiels vendeurs et acheteurs sur une plateforme qui permet ainsi d’interconnecter les utilisateurs grâce à des fonctionnalités de géolocalisation. L’avantage évident de Facebook Marketplace par rapport à Craigslist ou Le Bon Coin est la possibilité de « tracer » le vendeur grâce à son profil Facebook ce qui rassure l’acheteur sur la confiance qu’il peut accorder au vendeur lors de la transaction.
Les prémices d’une véritable stratégie e-commerce ?
Facebook se lance ainsi sur un modèle C2C pour ne pas bouleverser les habitudes de ses internautes qui connaissent déjà bien ce modèle au travers du Bon Coin ou de Craigslist. Mais il ne s’agit que d’une première étape pour Facebook, qui pourrait ensuite mettre en place une réelle stratégie e-commerce via une Marketplace intégrée.
En effet, dans un second temps, Facebook pourrait élargir sa stratégie de monétisation au B2B2C afin de séduire les marques en leur proposant de nouveaux services à dimension marchande. Facebook a également accès aux préférences de ses utilisateurs, et peut par exemple renforcer le maillage entre les marques et les utilisateurs en généralisant
l’utilisation des bots qui simplifieront l’expérience d’achats et la rendront plus intuitive. D’autant que Facebook a déjà intégré les bots dans son application Facebook Messenger.
Le monitoring des annonces, une priorité
La problématique complexe du monitoring des annonces pourrait cependant s’avérer un frein dans l’expansion de son service. A peine lancée, Facebook Marketplace, potentiellement dépassée par son succès, comptait déjà de nombreuses annonces ne respectant pas ses conditions d’utilisation (produits illicites, armes à feu…). Problème résolu depuis, la question se pose de l’avenir et de l’impact de l’ouverture du service au reste du monde. Une partie du monitoring peut en effet être gérée par des algorithmes divers, mais le facteur humain est indispensable. La vérification de contenu est ainsi un métier complexe, déjà très bien maîtrisé par les leaders des échanges C2C tels que Le Bon Coin, et sur lequel Facebook devra évoluer rapidement.
Enfin, le C2C reste intéressant comme première étape pour Facebook qui place clairement le modèle Marketplace comme un réel levier de croissance pour sa plateforme d’échanges. A terme, Facebook pourrait réunir sur sa Marketplace les nombreux utilisateurs de groupe de reventes entre particuliers et de petites annonces existants sur sa plateforme, tout comme les utilisateurs d’autres plateformes C2C ainsi que les nombreux acheteurs en ligne.
Avec sa Marketplace, Facebook entre dans le cercle de plus en plus peuplé des opérateurs de Marketplace, et bénéficie ainsi d’un canal de vente en ligne supplémentaire sans avoir à supporter les contraintes liées à l’activité e-commerce traditionnelle (frais de stockage, d’entreposage ou de livraison). Le challenge pour Facebook sera de faire évoluer son modèle en donnant à sa Marketplace un cadre sécurisé, contrôlé et attractif, avant de pousser plus avant le concept.