Certaines entreprises portent, dans leurs gênes même, la complexité du monde. de sorte que de véritables « boulevards de croissance » s’offrent à elles.
Dans un certain nombre de secteurs, la multiplication des réglementations, la montée des risques ou encore la pression des consommateurs font que le lancement d’un nouveau produit ou d’un service doit répondre à un cahier des charges qui ressemble au code des impôts français.
Prenons l’exemple de Telecity Group, le leader européen des datacenters. Ce groupe britannique conçoit, développe et gère des sites d’hébergement d’infrastructures informatiques. Il réserve à chacun de ses clients un espace dans l’une de ses vingt-trois fermes numériques localisées dans les principaux centres d’affaires européens.
Nous sommes là devant un bénéficiaire de la complexification du monde. Les échanges de données explosent, les sociétés ne considèrent plus qu’elles doivent garder en leur sein leurs serveurs informatiques : trop complexe, trop coûteux, trop mouvant. Le mouvement est irréversible. L’évolution du PIB n’a pas grande importance, au contraire. Une récession poussant toujours les entreprises à chercher de nouveaux gains de productivité, Telecity Group a de beaux jours devant lui.
Prenons maintenant un champion français, Dassault Systèmes. Voici le leader mondial des logiciels de gestion du cycle de vie des produits. Le groupe développe des outils permettant aux entreprises de simuler numériquement leurs produits, de visualiser leurs processus de fabrication et de recyclage. Là encore, les nouvelles contraintes jouent en sa faveur. Regardons la déclinaison dans l’industrie automobile : tout ce qui concerne le respect des normes de sécurité – de plus en plus drastiques – est intégré très en amont dans les projets. De plus, les logiciels 3D permettent de se rendre compte immédiatement de l’effet des décisions prises.
Dernier exemple, les sociétés spécialisées dans l’inspection et la certification, tel le leader mondial SGS, né en 1878 à Genève, et son alter ego, le français Bureau Veritas, créé en 1828. Tous deux ont en commun d’inspecter, analyser et certifier des biens de consommation, des bâtiments, des systèmes de gestion en fonction de la réglementation locale ou internationale devant s’appliquer obligatoirement ou encore selon un référentiel propre à l’entreprise qui produit le bien.
Ces groupes ont des taux de croissance interne autour de 10 % l’an sur une longue période. L’explosion des risques leur donne du travail. Voilà de la croissance pérenne, qui n’a rien à voir ou très peu avec les cycles économiques. Plus les choses vont se complexifier, plus les contrats se multiplier. Merci la complexité.
Gérard Moulin est Gérant du fonds Delubac Exceptions Pricing Power (Delubac Asset Management).