La première édition des Trophées MediaRH récompensera jeudi 30 novembre trois start-up ayant porté en 2017 une solution disruptive pour le monde des ressources humaines (RH). Une quarantaine de candidatures ont été étudiées. Toutes ont pour vocation de faire évoluer les habitudes en entreprises. Portrait des six finalistes retenus par le jury.
Création : Uptale est cofondée par Dwayne Iserief, Aurélie Truchet, Sébastien Leang et David Ristagno depuis mai 2017 et l'outil auteur Uptale Studio est disponible en V1 depuis le mois d'octobre.
Activité : Uptale s’est spécialisée dans la conception d’expériences apprenantes immersives gamifiées.
Marché : Un tiers des membres du CAC40 l’utilisent, ainsi qu’une vingtaine d’organismes de formation.
Uptale s’est spécialisée dans la conception d’expériences apprenantes immersives gamifiées, aussi appelées « Immersive Learning », destinée aux entreprises et aux écoles. « Nous réalisons des vidéos à 360° de la situation à apprendre et nous ajoutons une couche interactive pour que l’utilisateur soit le héros de l’histoire, détaille Aurélie Truchet. Nous avons la conviction que pour apprendre de manière efficace, il faut une mise en situation. » La start-up a déjà travaillé avec de nombreuses entreprises, telles que Danone, L’Oréal ou Schneider Electric, pour lequel elle a conçu notamment une visite d’usine afin d’inculquer les règles de sécurité.
La réalité virtuelle offre l’avantage d’offrir un apprentissage émotionnel sans contrainte logistique pour le salarié. « Le taux d’attention est bien plus élevé que par d’autres supports, il est de 75% contre 10% sur un PowerPoint. Cette méthode favorise l’expérimentation et a la capacité de générer de l’émotion, le graal dans la formation car c’est engageant. Le seul problème est que cette technologie reste encore trop peu accessible aux entreprises. » Uptale dispense ainsi ses formations sur ordinateur et tablette afin de les rendre accessibles au plus grand nombre. La start-up effectuera une levée de fonds courant 2018 pour développer davantage de fonctionnalités et ambitionne de se déployer à l’international.
Création : Ouverture du site web en septembre 2015 par Jérôme Gonon, Benoît Monnier et Laurent Brémond.
Activité : Mobilité temporaire entre entreprises
Marché : 400 clients inscrits sur la plateforme
Mobiliwork offre la possibilité aux salariés de travailler dans une autre entreprise pour une mission sur-mesure d’une durée de quelques jours à plusieurs mois, tout en restant dans le cadre de leur CDI. « Ce système a des avantages pour les trois parties, souligne Jérôme Gonon : le salarié peut acquérir des compétences, un argument essentiel dans un contexte économique compliqué où le développement des savoir-faire assure l’employabilité ; l’entreprise s’appuie sur la flexisécurité dans les périodes de variation d’activité et devient plus agile ; la société accueillante accède à une expertise qu’elle n’aurait pas eu les moyens de se procurer. »
La mobilité inter-entreprise, inscrite dans le code du Travail depuis juillet 2011, est encore peu développée. « Il est compliqué de se connecter avec des entreprises voulant effectuer la même démarche, observe Jérôme Gonon. Notre outil digital vise ainsi à faciliter la mise en relation entre ces acteurs et à faciliter la mise en œuvre de cette solution par des conseils juridiques. » Pour Mobiliwork, cette mobilité répond aux nouvelles attentes des salariés, qui veulent diversifier leurs expériences et gagner en autonomie. La start-up prévoit une première levée de fonds en 2018 pour accélérer son déploiement national.
Création : L’outil a été créé en 2013 par Fabrice Duman, qui a déposé un brevet aux États-Unis pour l’action opérée auprès de l’émetteur. L’entreprise de 25 salariés s’est implantée en France en septembre 2017.
Activité : Timyo veut révolutionner l'email en introduisant la dimension "temps" dans le protocole pour permettre à l'émetteur d'un email d'indiquer s'il attend une réponse et pour quand.
Marché : 100 000 utilisateurs dans le monde, dont 10 entreprises en France.
Les salariés reçoivent de plus en plus de mails et passent plus de 30% de leur temps à les traiter. Avec internet et le smartphone, ils sont devenus joignables en permanence. « Cette avalanche d’e-mails altère leur efficacité. L’e-mail est un vecteur fort dans la perception du stress dans le monde du travail », Fabrice Duman, fondateur de Timyo qui estime selon une étude que sur les 20 millions de mail traités par Timyo chaque mois, seuls 15% sont considérés comme urgents par leurs expéditeurs.
Timyo a ainsi conçu un plug-in destiné à être intégré directement dans la messagerie. Avec ce système, l’émetteur doit indiquer quel type d’action il attend du destinataire et pour quelle date. Le message arrive alors dans la boîte de réception avec un code-couleur pour permettre au salarié de s’organiser en conséquence. « Exprimer une attente claire responsabilise l’émetteur, souligne Fabrice Duman. Nous changeons 25 ans d’habitude. La loi sur le droit à la déconnexion ramène le débat sur l’équilibre entre la vie privée et professionnelle, ce qui est une bonne chose. »
Création : Fondée en juillet 2015 par Jonathan Bordereau, Fariha Shah, Sébastien Accambray et Saqab Shah.
Activité : Golden Bees a créé une solution de ciblage intelligent pour le recrutement via la publicité programmatique.
Marché : Une centaine de clients sont actifs. CA de 1 millions d’euros.
Golden Bees utilise un algorithme pour déposer une annonce d’emploi sur le bon canal, au bon moment pour que le candidat ayant le profil recherché la voit. Pour réaliser cette performance, la start-up a développé une technologie permettant de collecter, d’analyser et de traiter des données afin de sélectionner les bons candidats et à les inciter à postuler à une annonce d’emploi grâce à une offre ciblée et personnalisée sous forme d’annonce publicitaire. « La programmatique a bouleversé le marché du marketing, soutient Fariha Shah. Elle permet de mettre en place des métriques pour un ciblage précis et d’assurer un ROI, cela représente une suite logique pour le recrutement. »
Les sites agrégateurs d’emplois occupe pour l’heure la majorité des parts de marché. Golden Bees espère initier un changement dans la pratique du recrutement pour passer du simple dépôt d’annonce à un système d’e-recrutement intelligent. L’entreprise de neuf salariés compte réaliser une levée de fonds en fin d’année.
Création : Fondée en 2015 par Jean-Mario Delorme.
Activité : Initiative Digitale est un cabinet de conseil dédié à la transformation digitale des grands groupes.
Marché : Une dizaine de clients sont accompagnés par la start-up. CA 2016 : 1 million d’euros.
Initiative Digitale accompagne les grands groupes dans l’élaboration de projets innovants, « aussi simples à utiliser que les applications mobiles », souligne Jean-Mario Delorme. Pour la start-up, cette cible s’est imposée naturellement : « Ce sont eux qui nécessitent le plus d’accompagnement, ils sont moins agiles que les petites sociétés mais ont un besoin crucial de se transformer. » Ces entreprises possèdent en effet une infrastructure informatique ancienne difficile à faire évoluer.
Jean-Mario Delorme insiste sur la nécessité de se concentrer sur les besoins des métiers. « Les collaborateurs reviennent au centre du jeu mais il faut réfléchir à ce que l’on fait réellement pour eux. » Au Canada, des projets sont menés pour corréler les données et dégager des tendances, comme un risque d’absentéisme ou de démission. Initiative Digitale a mené un projet avec la BPCE, le Cockpit RH, pour créer un outil capable de croiser et d’analyser les historiques des ressources humaines.
Création : Léopold Denis et Benjamin Brion ont lancé la plateforme en février 2017, avec Christophe Haag, professeur en sciences comportementales.
Activité : Moodwork a conçu une plateforme web d’accompagnement des salariés visant à améliorer le bien-être au travail.
Marché : 150 000 téléchargements en six mois, trois entreprises clientes référencées.
Moodwork, c’est une application destinée à limiter le stress et prévenir le burnout en entreprise. « Nous menons une double action, l’une personnelle auprès des collaborateurs pour qu’ils évaluent leur bien-être de façon mensuelle à travers un bilan validé scientifiquement ; l’autre auprès des managers auxquels nous fournissons des rapports pour leur donner des pistes d’amélioration. » À la suite du test, les personnes présentant des facteurs de mal-être sont redirigées vers des programmes adaptés à leurs besoins. Une psychologue membre de Moodwork peut être sollicitée en ligne par les salariés.
Les deux fondateurs ont travaillé dès leurs études à l’EM Lyon sur la question. Ils ont d’abord lancé Dr Mood, une application B2C, avant de se concentrer sur le B2B. En France, près de 15% des salariés se disent en situation de burnout, selon une étude de Test my burnout. « Nous allons lancer le 1er décembre une campagne de sensibilisation au burnout car lorsque les salariés le détectent, c’est déjà trop tard », annonce Léopold Denis. La start-up de six salariés va également mener des articles de recherche sur le sujet en 2018, ainsi qu’une levée de fonds.