Le Salon International de l’Agriculture ouvre ses portes du 24 février au 4 mars 2018. Sur le thème de « L’agriculture, une aventure collective »… et ce grâce notamment au numérique. Plus de 630 000 visiteurs sont attendus au total cette année.
| Cet article fait partie du dossier « Agriculture : des hommes et des champs connectés »
Une aventure collective ! C’est sous ce slogan que se tiendra le prochain Salon de l’Agriculture, Porte de Versailles, à Paris. Que ce soit entre agriculteurs d’abord ; entre agriculteurs et consommateurs ; et, enfin, entre agriculteurs et pouvoirs publics. Et ce grâce au numérique notamment ! En 2017, 58 % des agriculteurs sont équipés d’un smartphone, contre 54 % pour la population française, et plus de la moitié possède un objet connecté, qui lui permet justement de gérer ces multiples données (Etude Agrinautes 2017).
Eloïse Le Grand, jeune agricultrice dans l’Essonne présente à la conférence de presse de présentation du Salon, le reconnaît : « Aujourd’hui, grâce aux réseaux sociaux, nous pouvons réduire la distance avec le consommateur en expliquant notre quotidien et en conservant donc une transparence sur notre façon de produire ».
[bctt tweet= »En 2017, 58 % des agriculteurs sont équipés d’un smartphone, contre 54 % pour la population française. (Etude Agrinautes 2017). #Agriculture40 #IoT » username= »Alliancy_lemag »]« Tous ces aspects du collectif seront traités, notamment sur des espaces thématiques tels que AGRI’4.0 et AGRI’Recrute », précise Valérie Le Roy, directrice du Salon. L’espace AGRI’4.0 verra ainsi sa surface multipliée par 5, depuis sa création il y a seulement deux ans et de grandes entreprises comme SAP y rejoindront la vingtaine de start-up de l’AgTech. Notamment, seront présents Agrilend, la plate-forme de prêts participatifs dédiés à la filière agricole (qui met en relation directe les particuliers et des porteurs de projets de diversification ou d’installation du monde agricole) ou, encore, La Ferme Digitale, groupement de start-up qui promeut l’innovation et le numérique pour une agriculture performante et durable.
195 000 exploitations agricoles sont connectées
SAP, un acteur qui veut peser dans le secteur
SAP, éditeur allemand de logiciels, est également partenaire du Salon cette année. Une première ! Depuis quelques temps, l’éditeur allemand s’intéresse de près à l’agriculture, conscient du besoin de digitalisation du marché. « La récupération et l’analyse des données offrent de belles perspectives pour aider les agriculteurs à prendre des décisions en s’appuyant sur des données factuelles. Aussi, la sécurisation des produits et la transparence sont des défis majeurs », explique Marc Genevois, directeur général de SAP France, dans le dossier de presse. D’ailleurs, dans une étude scientifique publiée après la COP 21, SAP a estimé que les technologies numériques pourraient contribuer à réduire les émissions de carbone de 7,6 Gt d’ici à 2030 dans les principales industries, dont les services publics, l’agriculture et les transports.
Sur la partie recrutement, Olivier de Bohan, vice-président de Coop de France, a rappelé que : « La profession d’agriculteur, c’est à la fois être ingénieur, technicien et commercial, impliqué autant dans la production que dans la distribution de ses produits. » Commercialisation des matières premières de l’exploitation, achats d’intrants, financement, calcul du coût de production : sur l’ensemble de ces tâches, l’agriculteur peut disposer désormais de plates-formes numériques pour l’accompagner. Et de rappeler l’importance que ces plates-formes soient françaises ou européennes…
« C’est surtout le développement du numérique qui a favorisé les démarches collectives des producteurs de produits bio, explique par exemple Florent Guhl, directeur de l’Agence BIO. Le marché des produits issus de l’agriculture biologique s’est d’abord construit sur les circuits courts qui représentent 18 % de parts de marché en vente directe. Les producteurs se sont ensuite regroupés et ont créé des sites internet pour vendre en ligne. Les consommateurs qui disposent de moins de temps, commandent en ligne et sont livrés. Et, sur ces sites, ils obtiennent tous les renseignements sur les modes de production de leur alimentation. Le numérique permet ainsi d’accéder à davantage d’informations sur l’origine géographique du produit, voire même le nom du producteur. »
Au-delà, les agriculteurs utilisent toutes sortes d’outils digitaux pour leurs exploitations (robots de traite, semoirs, épandeurs d’engrais, station météo…), où, grâce à la multiplication de capteurs, l’acquisition de données est permanente pour prévoir, décider, raisonner et assurer une traçabilité les travaux quotidiens.
A quand le réseau partout ?
85 % des agriculteurs utilisent internet au moins une fois par jour. (Source : Etude Agrinautes 2016)
Face à l’obligation de réduire de moitié les apports en produits phytosanitaires d’ici à 2025 par exemple, objectif du plan Ecophyto 2 du Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, les entreprises comptent particulièrement sur la robotique et le numérique pour proposer de nouvelles offres, plus respectueuses de l’environnement tout en garantissant les quantités produites. On voit ainsi se multiplier des robots autonomes pour désherber, tondre ou contrôler en temps réel la pulvérisation de produits chimiques… sur les cultures ou les vignes. De même, en vue de préserver les ressources en eau, tant en quantité qu’en qualité, les solutions se multiplient pour optimiser les systèmes d’irrigation ou concevoir des outils participatifs autour de la gestion de l’eau…
Finalement, on ne voit plus les limites du numérique associé à l’agriculture… qui, comme tous les autres secteurs, vit une véritable révolution. Pour preuve, avec Yael Rozencwajg*, entrepreneuse depuis une quinzaine d’années, qui s’occupe notamment de mentoring de start-ups chez Google. Elle s’exprimait fin décembre à Rennes sur l’impact de la blockchain dans l’agriculture : « Contrairement au cloud, la blockchain est une technologie complètement décentralisée, qui permet de réaliser des transactions virtuelles, de sécuriser des échanges de valeur en répartissant les données sensibles sur les utilisateurs eux-mêmes. […] Les secteurs de la finance et de la banque ont été les premiers visés, mais potentiellement la blockchain concerne tous les secteurs d’activité, y compris l’agriculture et l’agroalimentaire, deux domaines où la sécurisation de la chaîne alimentaire va devenir de plus en plus cruciale. Blockchain associée à l’IoT (internet des objets) a un potentiel insoupçonné. » Mais restera encore à disposer d’un bon réseau télécoms partout en France, a rappelé la jeune agricultrice pour conclure.
* Fondatrice de l’organisation Blockchain Israel et dirigeante de Bl0ckch21n, une jeune pousse israélienne concevant des solutions blockchain pour les entreprises et l’internet des objets.
Un polyculteur-éleveur, YouTubeur du Perche !
« Ma première vidéo date du 29 décembre 2016. Je voulais parler du bien-être animal et l’ai postée sur YouTube. Je poste des vidéos régulièrement depuis où je partage mon quotidien en étant le plus transparent possible. Je veux juste parler de ce qui se passe dans ma ferme. »
Antoine Thibault ou sur Twitter, @Agriskippy
Airbnb vise l’agrotourisme
Inattendu au Salon de l’Agriculture ? C’est en tout cas une première pour la plate-forme américaine qui disposera d’un stand sur le salon pour soutenir le développement de l’agritourisme.
En octobre dernier, Airbnb et « Bienvenue à la ferme », le premier réseau de vente directe et d’accueil à la ferme en France, géré par les Chambres d’agriculture, ont lancé un appel à projets pour soutenir l’agritourisme (clos depuis fin 2017).
En s’appuyant sur l’expertise de MiiMOSA, leader du financement participatif agricole et alimentaire, les deux partenaires souhaitent soutenir les agriculteurs dans leurs projets d’agritourisme : séjour dans une ferme ou une exploitation agricole, expérience ou découverte autour de la ferme, loisirs…
Plus de 120 candidatures ont été enregistrées. Les dix lauréats, dont les noms seront dévoilés sur le salon, recevront une aide financière d’Airbnb allant de 2 000 à 5 000 euros. Tandis que « Bienvenue à la ferme » accompagnera les lauréats dans la mise en place de leur projet et leur accordera une remise sur l’adhésion à la marque.
Emmanuel Marill, directeur général d’Airbnb France, estime que la plate-forme est devenue « un acteur incontournable du tourisme rural, en permettant à des milliers d’agriculteurs de créer facilement une annonce et d’accueillir des voyageurs du monde entier. » L’an dernier, plus de 10 % des logements proposés en location par le site étaient situés en zones rurales.