Dans la foulée du rapport Villani présenté fin mars, les annonces d’Emmanuel Macron sur le Plan Intelligence artificielle (IA) ont été accompagnées par une rafale d’investissements de grands groupes étrangers, en vue de rattraper le retard de la France sur les Etats-Unis et la Chine notamment. Petit tour d’horizon des multiples annonces.
« Si nous ne faisons rien, nos entreprises vont perdre en compétitivité et l’économie dégringolera encore… » Pas de doute, pour Cédric Villani, célèbre mathématicien et député LREM, la France doit aller vite en matière d’intelligence artificielle. C’est d’ailleurs, après la remise de son rapport au gouvernement, qu’Emmanuel Macron a précisé les contours de la politique de la France en matière d’intelligence artificielle pour en devenir l’un des pays leaders. On en est loin encore selon certains, mais les choses bougent. « Les pays les plus en avancés sur le déploiement de l’IA sont les Etats-Unis, la Chine, l’Angleterre, le Canada et Israël, et nous n’y sommes pas », n’a pas hésité à rappeler, pour l’occasion, Cédric Villani.
A lire également
– Des rapports sur l’intelligence artificielle
– Les derniers investissements annoncés dans l’IA en France
Le Président Macron a ensuite dévoilé un plan « Intelligence artificielle », qui sera déployé d’ici à 2022, afin de faire émerger un réseau d’instituts dédiés localisés sur tout le territoire, constituer un hub de recherche au meilleur niveau mondial en IA et favoriser le passage des chercheurs du public au privé. « Nous avons des atouts pour réussir dans l’IA, a-t-il souligné lors de son discours au Collège de France (ou en vidéo). Nous avons des talents, l’excellence de la formation, et des Français aux postes qui ont permis les innovations. L’écosystème est là. »
Coordonné par l’Inria (Institut national de recherche en informatique et en automatique), ce plan global représentera sur le quinquennat un effort de près de 1,5 milliard d’euros de crédits publics, doté d’une enveloppe d’environ 400 millions d’euros pour des appels à projets et de défis d’innovation de rupture. Cet argent proviendra principalement du Fonds pour l’Innovation et l’Industrie de 10 milliards d’euros mis en place récemment (il doit permettre d’injecter chaque année environ 250 millions d’euros dans des projets d’envergure) et du Fonds de transformation de l’action publique (par redéploiement budgétaire).
Plusieurs secteurs d’activité ciblés
Côté secteurs, l’accent sera mis sur les transports, la santé, l’agriculture, la défense et la sécurité « régalienne ».
Emmanuel Macron a notamment appelé à la création d’un véritable hub des données de santé pour avancer dans les innovations médicales : « Nous inventerons la médecine de demain, ici en France ». De même, la France devrait présenter courant avril « sa stratégie pour la voiture autonome », l’idée étant de mettre le pays « à la pointe de l’expérimentation et de l’industrialisation » dans ce domaine. On peut déjà le voir avec les récentes annonces d’Hyperloop notamment à Toulouse.
Mais, pour autant, il faut raison garder ! « Ces innovations techniques ne doivent pas corrompre l’exigence démocratique. Il nous faudra mettre de la transparence et de la loyauté dans le système, a reconnu le Président. Je veux créer un « GIEC » [groupement d’experts, NDLR] de l’IA pour organiser le débat démocratique de manière indépendante et le nourrir. »
De fait, après l’affaire Facebook/Cambridge Analytica, il y a un réveil douloureux et salutaire aujourd’hui sur les mauvaises pratiques que peuvent apporter ces technologies si elles sont utilisées de façon néfaste ou à des fins inavouables… D’où la principale ligne de force du rapport Villani et du Plan IA : mettre en avant une vision d’une IA éthique et responsable, soucieuse des utilisateurs, rappelle également Olivier Ezratti sur son blog.
Dans la foulée de ces annonces, l’Académie des technologies (établissement public sous tutelle du ministère de la Recherche) a elle aussi publié un rapport intitulé « Renouveau de l’intelligence artificielle et de l’apprentissage automatique ». Ce dernier recommande cette fois un « plan IA » à l’échelle nationale et européenne et émet de nombreuses recommandations pour développer surtout son usage en entreprise.
Le groupe d’experts souligne que « l’IA n’est pas seulement définie par des méthodes scientifiques et des algorithmes. C’est une discipline d’ingénierie dans laquelle la technologie et les pratiques jouent un rôle essentiel. » Le rapport préconise le développement de laboratoires d’essai et de certification autour de domaines métiers, avec des jeux de données qui leur sont propres, des moyens de calculs et des compétences métiers spécifiques.
L’Académie recommande aussi de créer un cadre de référence associé à la notion d’« IA responsable », proposé et reconnu par la communauté des chercheurs. Ce cadre pourrait être associé à un observatoire de l’Intelligence artificielle, placé sous le contrôle d’une agence européenne, dont l’objectif serait de suivre et référencer les pratiques et les usages de l’IA dans notre société.
Enfin, de nombreuses entreprises étrangères ont annoncé plusieurs investissements en Ile-de-France… Toutes attirées par les talents scientifiques que la région capitale génère et la renommée de l’école mathématiques à la française. Vous trouverez ci-dessous un récapitulatif des annonces de nombreux géants du numérique, ainsi qu’un rappel des nombreux rapports sur l’intelligence artificielle récemment parus.
L’IA, un atout majeur dans la santé
Le domaine d’application de l’IA qui a le plus frappé et amené à penser qu’elle allait prendre une très grande importance selon Emmanuel Macron, est « probablement la santé, avec ses possibilités personnalisées de médecine préventive et de traitement ».
Lire l’interview du Président de la République pour Wired sur l’IA, dans son intégralité
En version anglaise (parue dans Wired)