Le pôle de compétitivité Solutions communicantes sécurisées (SCS) pilote le projet européen IoT4Industry, dont l’objectif est de soutenir la mise en place de nombreux démonstrateurs sur l’IoT industriel. En finançant cette initiative, la Commission européenne entend promouvoir une démarche propre à l’Europe dans l’élaboration de programmes industriels.
C’est au « Business Pôle » de Sophia-Antipolis que le pôle de compétitivité Solutions communicantes sécurisées (SCS), spécialisé sur la RFID, les réseaux et la sécurité numérique en PACA, a lancé le 27 avril le projet IoT4Industry.
Destiné à encourager la mise en place de programmes de R&D sur l’internet des objets (IoT) en Europe, IoT4Industry est financé par la Commission européenne à hauteur de près de cinq millions d’euros. Un appel à projets sera lancé cet été et une centaine de démonstrateurs intégrant l’IoT, le big data, l’intelligence artificielle et la cybersécurité dans les outils et moyens de production d’entreprises industrielles européennes souhaitant numériser leurs processus seront soutenus.
Porteur du projet, le pôle SCS étudie depuis trois ans la manière dont les technologies sont adoptées par les entreprises. « L’IoT industriel va avoir un impact dans la création d’emplois, assure Georges Falessi, son directeur général. Ce projet va permettre aux entreprises françaises de se positionner sur le sujet et de rattraper leur retard, notamment par rapport à l’Allemagne, dans l’industrie du futur. » Fort de 300 membres – à 75% des PME et start-up comme Ziblue dans l’univers de la maison connectée ou Wooxo dans la sécurité, mais aussi des grands groupes tels qu’Orange ou Schneider Electric et des universités et instituts de recherche – le Pôle souhaite engager son écosystème dans cette démarche d’expérimentation.
L’IoT a un intérêt économique et sociétal
Avec IoT4Industry, la Commission européenne renforce son action pour encourager l’essor de l’IoT au sein des entreprises, ainsi que leur digitalisation. Dans cette perspective et dans le cadre du programme Horizon 2020, elle a appuyé en septembre 2016 la création de l’AIOTI (Alliance of Internet of Things Innovation), un organisme de conseil chargé de stimuler l’innovation dans l’IoT en fédérant les acteurs et en organisant des workshops sur différentes thématiques. Treize groupes de travail analysent ainsi les questions de recherche, de standardisation ou de réglementation dans divers secteurs d’activité.
La priorité pour l’AIOTI cette année sera de renforcer la collaboration entre petites et grandes entreprises. « Il faut accélérer l’adoption de l’IoT au sein des entreprises car cette technologie permet à la fois de rester compétitif face aux acteurs globaux et de résoudre des problématiques, tels que la gestion de l’énergie ou le développement du véhicule connecté. L’IoT a donc un intérêt économique et sociétal », estime Kees van der Klauw, président de l’AIOTI, qui tient à apporter aux entreprises un éclairage sur les aspects fonctionnels de la technologie.
Pour le président de l’Alliance, si l’IoT est un sujet mondial, l’Europe a une carte à jouer de par sa démarche : « Contrairement à la Chine et aux États-Unis focalisés sur les aspects technologiques, l’Europe se démarque par son approche centrée sur l’humain. Elle a pris en compte la nécessité de sécuriser les objets et de réglementer le traitement des données ; c’est grâce à cette particularité que les entreprises pourront en tirer de la valeur. » La confiance des utilisateurs dans les solutions d’IoT est selon Kees van der Klauw indispensable à leur adoption.
Des projets facilités par une harmonisation juridique
Le RGPD constitue ainsi pour l’AIOTI un bon point de départ vers l’élaboration de projets européens grâce à une harmonisation juridique. « Si tous les pays avaient leurs propres lois de protection des données et leur régulation, ça serait un désastre pour les industries et les consommateurs. Avoir une approche commune avec le RGPD est positif. Et on peut imaginer qu’il sera actualisé par la suite en fonction des avancées sur la data », affirme Kees van der Klauw. Un point de vue partagé par la sociologue Laurence Allard, maître de conférences en Sciences de la Communication et chercheuse à l’Université Paris 3-IRCAV : « Le fait de repenser le cadre juridique va avoir des effets sur le type d’offres proposées et leurs scénarios techniques. Les marchés vont se repenser à cette échelle, alors qu’auparavant ils se limitaient au national. »
D’abord testées de manière individuelle par les entreprises, les solutions d’IoT ont ensuite été mises en avant par des programmes nationaux comme « Industrie du Futur » et « French Fab ». Elles sont aujourd’hui pensées dans un contexte global. La Chambre franco-allemande de Commerce et d’Industrie organise fin mai la première Journée franco-allemande sur l’IIoT dans l’objectif de débattre des enjeux et des complémentarités entre les deux pays et de créer des coopérations entre les entreprises.
Quelques sociétés ont commencé ces derniers mois à déployer des offres à l’échelle européenne, à l’image de Mozaiq, une société allemande qui met à disposition des professionnels une plateforme connectant les objets de ses partenaires avec les applications des fournisseurs de services. La société de conseil en ingénierie Altran a lancé il y a un mois avec onze leaders de l’industrie et des hautes technologies le projet 2IDO (Internet Industriel des Objets et des Opérateurs) pour développer une solution sur-mesure de la collecte à l’exploitation des données pour l’industrie. Autre exemple avec le réseau We Network dont l’ambition est de faire prendre conscience aux acteurs industriels, du Grand Ouest à l’écosystème européen, de l’importance de l’IoT dans la production.