Les groupes utilisent des plates-formes censées accélérer leurs développements d’applicatifs métiers et l’autonomie des collaborateurs vis-à-vis de la DSI. Antoine Hemon-Laurens, product marketing director pour Quadient, spécialiste de la gestion des communications clients (CCM), détaille le bien-fondé de telles approches.
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Alliancy. À quel point les non-experts arrivent-ils à s’emparer des usages numériques dans les entreprises ?
Antoine Hemon-Laurens. Les GAFA ont complètement changé les attentes et habitudes des utilisateurs. Quand Frédéric Oudéa, directeur général de la Société générale, explique que deux tiers des interactions en France ont lieu sur un smartphone, cela ne peut être sans conséquence sur la façon dont une banque s’organise et développe ses applications par exemple. Les entreprises ont besoin d’accélérer, mais sont confrontées à une forte fragmentation technologique, qui rend complexe l’intégration de nouvelles interfaces digitales. La dépendance vis-à-vis des experts informatiques reste donc très importante. Or, les métiers demandent cinq fois plus que ce que peut fournir une DSI d’après les analystes de Gartner. Il faut donc leur redonner la main sur leurs sujets clés. L’émergence de plates-formes low code est l’une des réponses du marché pour faci- liter cette adaptation à des développements rapides. Sans cela, le « shadow IT* » va continuer à se renforcer dans les organisations.
À quoi correspondent ces plates-formes low code ?
Antoine Hemon-Laurens. Elles doivent permettre à des utilisateurs métiers de réaliser un « service final », sans développement informatique, en dépassant le niveau d’expertise qu’il est d’habitude nécessaire pour créer une application. De telles plates-formes concernent tous les utilisateurs qui ont de fortes connaissances métiers mais sont aussi amenés à travailler au quotidien avec différentes technologies intégrées depuis longtemps dans l’entreprise, comme on peut le voir avec des langages C++ ou Cobol par exemple. Plus une plate-forme permettra d’occulter la dimension technique dans son intégralité, plus elle servira à un large panel d’utilisateurs afin de s’en emparer et à devenir autonomes pour réaliser des services digitaux.
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Cette autonomie est-elle totale ?
Antoine Hemon-Laurens. L’utilisation d’une plate-forme low code n’est pas synonyme de devenir totalement « no DSI » ! C’est un sujet qui peut être très politique en interne, il faut donc veiller à une communication appropriée sur la question. Ensuite, le low code ouvre des possibilités à de nouveaux utilisateurs métiers, mais est-ce vraiment à eux de le faire ? Quelles vont être leurs nouvelles responsabilités ? Les réponses sont à apporter au cas par cas. Enfin, il faut une grande vigilance pour que low code ne soit pas synonyme de low quality. La facilité de prise en main d’une plate-forme doit être assortie de preuves en matière de sécurité et de conformité réglementaires. Il faut également s’assurer de la vitesse d’exécution en simulant au maximum la façon dont se comportent au quotidien dans le SI les applications ainsi créées. Un lien de qualité avec le prestataire est donc fondamental.
Quels sont les prérequis pour capitaliser sur une telle plate-forme ?
Antoine Hemon-Laurens. Il est nécessaire d’avoir des processus DevOps bien en place, car les usages poussés par la plate-forme vont être le prolongement de la synchronicité et de la communication entre les développeurs et la mise en production. Par ailleurs, il ne faut pas sous-estimer la conduite du changement. Le low code s’inscrit souvent de façon cohérente dans des plans de transformation numérique structurant car il donne des perspectives aux acteurs les plus impactés par le bond en avant technologique. Ceuxlà mêmes qui se sentent les plus désemparés ou « remplacés ». En la matière, il ne s’agit donc pas seulement d’utiliser une énième plateforme, fut-elle low code, mais bien d’associer cela à la mise en place d’une stratégie pérenne.
Auriez-vous un exemple ?
Antoine Hemon-Laurens. Poussées par les Fintechs vers les nouveaux usages digitaux, les banques doivent composer avec un coeur de métier fortement réglementé. Un emprunt immobilier restera ainsi associé à un processus traditionnel, avec un document papier envoyé par courrier réglementaire. Mais cela n’empêche pas d’avoir une stratégie cohérente de gestion de la communication vis-à-vis des clients, en associant le monde digital et le monde physique. Ainsi, il est devenu facile de digitaliser l’amont du parcours en engageant mieux les clients par du selfcare en ligne ou avec des usages tablettes en agence. C’est au niveau de la granularité et de la gestion cohérente entre les nombreux canaux que l’on permet de donner du sens à des transformations importantes. Et c’est avec cette cohérence que l’on intègre avec succès de nouveaux usages comme ceux débloqués par les plates-formes low code.
* Services et outils informatiques utilisés à des fins professionnelles mais sans que la DSI ne soit au courant
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