L’entreprise Eaton, spécialisée dans les solutions de gestion de l’énergie, célèbre ce vendredi 7 septembre les 20 ans de son site le Lieu, sa pépinière à projets liés au développement durable situé en Suisse. Cyrille Brisson, vice-président marketing, et Fabrice Roudet, directeur du département Stockage d’Energie EMEA, nous expliquent l’impact de l’Internet des objets (IoT) dans le secteur. Interview.
Comment a évolué la pépinière le Lieu en 20 ans ?
Cyrille Brisson. Eaton crée des centres d’excellence pour développer des savoir-faire à dupliquer ensuite dans nos business-unit. A sa création il y a 20 ans, le Lieu travaillait à la conception de solutions pour protéger les circuits électriques. Un partenariat technologique a été noué avec l’Université de Lausanne et le Lieu s’est orienté vers des activités de R&D pour optimiser la consommation d’énergie. Le Lieu se concentre ainsi, avec ses équipes aux profils internationaux et multidisciplinaires, sur la gestion de l’énergie, l’IoT et l’exploitation de la data, ainsi que sur l’accélération de la transition énergétique. Ce dernier thème est un sujet important pour Eaton car il va y avoir une modification importante de l’architecture électrique avec l’introduction des énergies renouvelables dans le mix énergétique.
Fabrice Roudet. C’est sur le site du Lieu qu’a été développée la solution de stockage d’énergie xStorage pour le marché résidentiel et commercial, utilisant des batteries de véhicule électrique de seconde vie ainsi que l’énergie photovoltaïque. Cette solution a été inaugurée en juin dernier au sein du stade Johan Cruijff ArenA à Amsterdam, le premier stade équipé en stockage d’énergie renouvelable. 150 batteries de voitures électriques ont permis de construire une pile géante qui fournira 3 mégawatts d’énergie. L’objectif était de fournir une continuité de services sans composant polluant. Car toutes les infrastructures organisatrices d’événement requièrent à l’heure actuelle la présence d’un générateur diesel, une coupure d’électricité aurait des conséquences financières telles qu’il leur faut une solution de secours. Cette pile géante sera chargée par les quelque 4 200 panneaux photovoltaïques.
Quel a été l’impact de l’IoT sur votre métier ?
Cyrille Brisson. Le terme d’IoT est nouveau mais le concept est ancien, cela fait plus de 30 ans que l’on utilise des systèmes de communication pour obtenir de la donnée. Ce qui a conduit à un réel essor des solutions a été une baisse des coûts conjuguée à une hausse des capacités de traitement. On n’insiste pas assez sur l’accélération du progrès. L’IoT ne mène pas à un changement profond de business-modèle mais à une extension des offres existantes. Pour Eaton, l’IoT permet d’assurer une meilleure efficacité énergétique.
Fabrice Roudet. Si auparavant il existait des contrats de maintenance pour vérifier le matériel, aujourd’hui cette tâche se fait automatiquement et le technicien attend l’alerte. Autre changement, nous sommes passés avec nos clients d’une simple relation transactionnelle à une relation continue au cours de laquelle nous les aidons à traiter la donnée. Les intermédiaires peuvent désormais avoir accès sur la plateforme aux données de performances énergétiques et leur ouvrir de nouvelles opportunités créatrices de valeur.
Quels sont selon vous les prochains enjeux à relever ?
Cyrille Brisson. L’enjeu en IoT, auquel tout le monde est confronté, est la standardisation des flux d’informations. Chaque acteur utilise des fréquences de réception différentes et développe une manière individuelle de traiter la donnée. La valeur ajoutée des applications de traitement est encore à optimiser selon moi. Il est aussi nécessaire de créer des interfaces faciles à utiliser pour montrer aux usagers que la réduction des émissions de CO2 est compatible avec le maintien d’un bon niveau de confort.
Fabrice Roudet. Les enjeux sont différents selon les zones géographiques car le prix de l’énergie varie. Par exemple, le point d’attention en Afrique concernera la stabilité de l’apport d’électricité. Plusieurs projets de microgrids y sont développés. En France, les problématiques sont différentes. Nous avons travaillé par exemple l’an dernier avec la société normande Webaxys, un opérateur de réseaux, sur un datacenter green utilisant des batteries fonctionnant avec une source photovoltaïque.