L’accélérateur dédié au tourisme et à l’innovation Open Tourisme Lab inaugure son nouvel espace de coworking dans ses locaux à Nîmes et prépare un nouveau programme pour sa deuxième année d’existence. Emmanuel Bobin, son CEO, revient sur l’actualité de la structure et les enjeux dans le secteur du tourisme. Interview.
Pourquoi avoir créé cet accélérateur ?
Emmanuel Bobin. Cette initiative est née il y a deux ans sur la base d’un double constat : la France est la première destination touristique mais peu d’investissements sont consacrés à ce secteur. D’autre part, les start-up sont aidées par les incubateurs pour passer de l’idée au projet, mais ensuite, elles ne bénéficient plus d’aucun appui dans leur développement. Le tourisme est par ailleurs une verticale large, qui va de l’œnotourisme au voyage d’affaires. C’est pour pallier cette lacune d’offres que l’Open Tourisme Lab a été créé. Notre mission de développer l’attraction des start-up, notamment en leur offrant de la visibilité sur des salons, et de les préparer aux tractions commerciales. Nous ne sommes qu’à mi-parcours de la première promotion et deux prix nationaux ont été remportés tandis que deux de nos dix jeunes pousses préparent déjà des levées de fonds pour la fin du programme.
Pouvez-vous détailler vos prochaines nouveautés ?
Emmanuel Bobin. Nous inaugurons actuellement notre nouvel espace de coworking avec l’objectif de créer de nouvelles synergies entre les start-up. Fin octobre, nous lancerons l’appel à candidatures pour notre deuxième promotion, qui démarrera en mars 2019. Nous allons également lancer un programme d’expérimentation : notre point fort est de nouer des partenariats public-privé, nous avons imaginé recruter quatre ou cinq jeunes pousses pour travailler sur une thématique pendant trois mois chez l’un de nos partenaires. Cela permettra aux start-up d’analyser l’acceptabilité de leur solution tout en cherchant à résoudre les problématiques des industriels ou des collectivités.
Quelles sont les tendances actuelles dans le secteur du tourisme ?
Emmanuel Bobin. Nous observons trois grandes tendances, avec en premier lieu le prédictif pour optimiser les déplacements. La réalité augmentée se développe pour garantir une immersion renforcée en touchant les cinq sens. Enfin, des solutions émergent pour éviter l’hypertourisme et rendre les villes habitables. Nous constatons de la part des voyageurs une appétence pour la gamification des expériences et la volonté de supprimer les intermédiaires. Les touristes veulent un contact direct avec un guide sur place. L’une de nos start-up, Emmenetonchien, propose ainsi une plateforme de mise en relation de familles propriétaires de chien et des hébergeurs, restaurateurs et prestataires d’activités « dogfriendly ».
Quels sont les enjeux à venir selon vous ?
Emmanuel Bobin. Pour les acteurs de la mobilité, le dernier kilomètre et la conciergerie sont des problématiques importantes. Quand un touriste arrive à l’aéroport, ce n’est pas sa destination finale. Il est nécessaire de réfléchir à un système de billettique intégré entre différents modes de déplacement et des visites. La connectivité est aussi un enjeu important car elle permettrait une multiplication des sites touristiques. Par exemple, les beacons identifient un monument sans l’abîmer, ils permettraient de diffuser des informations, et ce 24h/24, sur des sites pour lesquels aucune explication n’est fournie aujourd’hui. Concernant le véhicule autonome, l’enjeu sera de trouver là aussi des outils pour optimiser les visites. Dans tous les cas, l’expérience utilisateur est le critère n°1 de réussite et l’avenir est au sur-mesure.