Le Village by CA, pépinière parisienne du Crédit Agricole, a mesuré pour la troisième année consécutive et pour la première fois avec Capgemini, l’évolution des relations entre start-up et grands groupe. Rendu public le 25 avril dernier, ce Baromètre 2019 s’est basé sur quatres grands indicateurs : la rapidité, la simplicité, la bienveillance et la création de valeur.
Le gain de maturité dans les relations entre start-up et grands groupes fait unanimité au sein du baromètre. 79% des start-up et 86% des grands groupes estiment que leur culture d’entreprise est bien comprise par l’autre partie. Mais si les relations gagnent en maturité et les start-up prennent davantage conscience de leur valeur, il existe toutefois de grands décalages de perceptions notamment sur les délais et les contrats.
Une collaboration plus mature
Le gain de maturité dans la relation entre les grands groupes et les start-up se retrouvent notamment dans l’amélioration de la communication entre eux. Elle est perçue comme facile pour 64% des start-up, et 84% des grands groupes. De la même manière, les objectifs de la collaboration sont clairs pour 69% des start-up et 88% des grands groupes. Ces deux enjeux sont essentiels pour renforcer la fluidité des échanges et la clarté du partenariat.
Cette simplicité de collaboration n’est pas pour autant partagée sur tous les fronts. Les dispositions contractuelles, par exemple, ne conviennent ni aux grands groupes (47%), ni aux start-up (46%). C’est donc par l’élaboration d’objectifs en amont que les grands groupes peuvent assurer le bon déroulement de la phase d’industrialisation d’une start-up.
| Lire aussi : Start-up/grands groupes : des alliances sur les innovations de rupture
« Après une tendance forte d’amélioration de la relation entre start-up et grands groupes en 2017 et 2018, les start-up expriment une plus grande impatience à accélérer la concrétisation et l’industrialisation de leur projets, précise Fabrice Marsella, Directeur du Village by CA Paris, dans le communiqué qui commente les résultats. Mais ce que nous trouvons particulièrement remarquable c’est que l’envie est toujours là : startups et grands groupes restent convaincus de l’intérêt de la collaboration. Il reste à renforcer les conditions nécessaires et suffisantes à leur réussite, qui ne sont pas encore toutes atteintes ».
Un équilibre de la relation à nuancer
L’acculturation semble être sur la bonne voie au sein de ces projets de co-innovation. Mais un deuxième niveau d’acculturation subsiste et divise. Une dynamique à double vitesse qui crée de larges écarts dans la perception qu’ont les start-up et les grands groupes sur l’équilibre de leur relation. Résultat : 73% des grands groupes trouvent la relation équilibrée contre seulement 46% des start-up. Une évolution notable par rapport à 2018, puisque les start-up étaient 69% à trouver la relation équilibrée. Cette dégradation de 74% de la perception des start-up entre 2018 et 2019 est principalement due au déficit d’accompagnement qu’elles ressentent (54%).
“Si la relation purement opérationnelle se passe toujours assez bien, il est toujours compliqué pour les grands groupes de comprendre nos enjeux et contraintes, notamment financières rappelle dans le communiqué Lisa Lévêque, Lead Business Developper chez Ferpection, une startup spécialisée dans le test et l’optimisation de sites internet. Nous avons un nombre d’impayés ou de retard de paiement beaucoup trop important venant de groupes qui devraient être capables de payer dans les temps.”
| Lire aussi : Grands groupes/start-up : pour mieux se comprendre
Les start-up témoignent de plus en plus d’exigence en termes de délais de prise de décision, d’exécution et de paiement. Sur les délais de paiement, par exemple, l’insatisfaction qu’expriment les start-up (80% d’entre elles les trouvent plutôt lents ou très lents) entre en collision avec la perception des grands groupes (55% d’entre eux estiment qu’ils sont plutôt rapides ou très rapides).
« Il semble que les start-up aient pris conscience de leur valeur et soient devenues plus exigeantes dans leur relation avec les grands groupes. Sur le terrain, on se rend compte que les opérationnels au sein des grands groupes essaient de faire bouger les lignes pour que la collaboration avec les startups soit plus efficace. Cependant, côté fonctions supports (juridique, finance, achats…), il reste encore une belle de marge de progression », commente Seddik Jamai, en charge du Digital Financial Services & FinTech au sein de l’entité Services Financiers chez Capgemini Invent.
Intentions différentes, intérêt mutuel de création de valeur
Si l’équilibre de la relation n’est pas perçue de la même manière dans les deux camps, ce type de collaboration bénéficie aux deux parties en tout point. Les intentions des start-up sont claires : s’associer avec un grand groupe est un moyen sûr d’augmenter sa visibilité d’une part (78% des start-up de moins de 6 mois privilégient ce critère) et d’accroître son chiffre d’affaires d’autre part (74% des start-up de plus de 6 mois). C’est aussi un enjeu de références. Autrement dit un accès à un réseau de clients élargi qui permet de faire connaître ses produits au marché.
Pour les grands groupes, la création de valeur concerne l’amélioration de l’expérience utilisateur (73%) et le gain en termes d’image (55%). Opter pour des méthodes d’Open Innovation, c’est un moyen pour les grands groupes de faire valoir leur marque employeur et accélérer leur propre transformation numérique. C’est ce que justifie Anthony Virapin, Director, Startup Unit chez Microsoft : “Les startups représentent un levier incontournable dans la transformation numérique et culturelle des grandes entreprises. L’importance de la mise en place d’un “give & get” équilibré dès le début de la collaboration est clé et permet de mettre un cadre.”
Méthodologie du baromètre de la relation entre start-up et grand groupe :
En 2019, 159 personnes ont répondu à l’étude : 61 représentants de grands groupes et 98 représentants de start-up. Le questionnaire a été administré à la fois auprès des start-up et des grandes organisations des réseaux respectifs de Capgemini, du Village by CA, de Syntec Numérique et plus largement aux acteurs clés de l’écosystème français.
Secteurs d’activité des répondants :
- Banque, assurance : Grands groupes : 34% – Startups : 7%
- Informatique et télécoms : Grands groupes : 8% – Startups : 3%
- Commerce, distribution : Grands groupes : 34% – Startups : 7%
- BTP, architecture : Grands groupes : 3% – Startups : 8%
- Communication, Marketing, Publicité : Grands groupes 2% – Startups : 12%
- Audit, Gestion : Grands groupes : 2% – Startups : 5%
- Social : Grands groupes : 0% – Startups : 5%
Typologie des startups répondantes :
- Chiffre d’affaires compris entre 100K€ et 1M€ pour 48% des répondants
- Matures, autour de 36 mois d’ancienneté pour 43% des répondants
- Moins de 50 employés
- Financement par fonds propres pour 59% d’entre elles