À quel point les stratégies cloud des entreprises s’alignent-elles sur leur stratégie « data », dans un contexte d’explosion du volume des données ? Christophe Bougot, technology and cloud systems Alliances & Channel director d’Oracle France, détaille la vision de son entreprise, observatrice privilégiée des transformations en cours.
Alliancy. Pourquoi l’année 2019 est-elle essentielle quand on aborde la question du chemin de transformation des entreprises avec le cloud ?
Christophe Bougot. Toutes les entreprises se retrouvent face à une réalité que l’on peut chiffrer. En moins de 5 ans, le volume des données au niveau mondial a doublé ! Ce contexte est un point d’attention pour Oracle, car 45 % des données des entreprises dans le monde s’appuient sur nos bases de données. Nous avons donc pu constater directement cette explosion du volume et les problématiques que cela implique pour de nombreux clients. C’est un mouvement de fond lié de près à la transformation des activités avec le numérique. En 2019, on voit nettement une progression en termes de maturité sur le sujet, tant au niveau des stratégies mises en place par les entreprises, que des possibilités technologiques qui s’offrent à elles.
Comment décryptez-vous la maturité des entreprises sur cette question ?
Christophe Bougot. D’un point de vue global, nous avons identifié quatre phases aux périmètres bien définis, parlesquelles les clients prennent le sujet de leur stratégie de transformation, et qui sont autant de niveaux de maturité. Nous avons articulé en conséquence notre propre socle technique autour d’autant d’étapes. Pour être plus précis, les entreprises commencent tout d’abord par une phase et une ambition de standardisation de leur socle technologique. C’est un travail de rationalisation qui est fait autour de la donnée, face aux contextes où celle-ci est régulièrement « atomisée » dans les organisations.
Vient ensuite une phase de consolidation. Il s’agit pour les entreprises d’entrer dans des logiques qui permettent la centralisation des infrastructures. L’objectif est de permettre davantage d’automatisation, plus de fiabilité dans les fonctionnements 24/7, en plaçant littéralement le système décisionnel au cœur de leur fonctionnement.
Les entreprises repensent donc d’abord la gestion de leurs données en tant que telles ; mais qu’en est-il du lien qu’elles font entre cette stratégie « data » et leur stratégie cloud ?
Christophe Bougot. Ce lien s’incarne dans la 3e phase de maturité. Nous l’appelons « cloudification » : elle correspond pour l’entreprise à la recherche de l’élasticité, d’une meilleure gestion des pics d’activité et de déploiements plus rapides, y compris à l’international. Le cloud y apporte des réponses nettes. Toutefois, beaucoup d’organisation s’interrogent alors : cloud privé, public, hybridation pragmatique ? Comme elles, notre parti pris est de ne pas être dogmatique. Nos plateformes Exadata sont disponibles dans notre cloud public, en mode on-premise ou encore pour favoriser les stratégies hybrides dans notre mode « Cloud at Customer ».
De quoi s’agit-il ?
Christophe Bougot. Avec Cloud at Customer, Oracle s’occupe de la gestion de toutes les « couches basses » et du hardware, tout en restant derrière les firewalls des clients, que ce soit chez eux ou chez un partenaire hébergeur. Nos clients peuvent ainsi se concentrer sur les couches applicatives, tout en s’assurant qu’ils ont la maîtrise des environnements à leur disposition. Cette approche est nécessaire car de nombreuses organisations ont des problématiques de maîtrise de leurs données et de leur chemin vers le cloud, que ce soit pour des raisons réglementaires, de sécurité ou tout simplement d’activité. Or, les bases de données les plus importantes ne sont pas celles qui vont le plus facilement dans le cloud public, si elles n’y sont pas nées… Ne serait-ce qu’à cause des problématiques de réseau !
Quelle est l’étape de maturité suivante ?
Christophe Bougot. Il s’agit des approches de type « autonomous ». Pour les grands volumes de données – les « datalakes » les temps de réponse deviennent souvent problématiques pour assurer les activités temps réel dont a besoin une entreprise. Les opérations de maintenance deviennent de plus en plus coûteuses. Il faut donc avoir la maturité stratégique et technologique pour anticiper. Grâce à de l’intelligence artificielle, une approche « autonomous » fait en sorte que le datalake « comprenne » à quelle période il est particulièrement sollicité et va préparer ses requêtes. Ces technologies permettent aussi d’améliorer le niveau de sécurité, en détectant plus rapidement les failles et en appliquant automatiquement les bons patchs.
Comment une entreprise peut-elle plus facilement franchir ces étapes ?
Christophe Bougot. Il est certain que les modèles de gestion de la donnée qui s’appuient de plus en plus sur le cloud et sur l’intelligence artificielle, modifient fortement les besoins en termes de compétences et le parti pris d’une DSI. C’est pourquoi nous comptons beaucoup sur l’écosystème partenaire d’Oracle pour accompagner les entreprises et apporter une vision fine dans la réalisation de cette transformation. Notre relation avec nos partenaires a d’ailleurs beaucoup changé : l’optique est de leur permettre de créer de l’intelligence, de l’IP*, en développant des fonctionnalités sur le PaaS Oracle et en les mettant à disposition au sein de notre store. Dans cette logique, un client peut tout à fait s’appuyer sur l’action d’un partenaire pour mener des développements spécifiques à son activité. Mais contrairement à ce qui se faisait par le passé, le partenaire peut ensuite généraliser un tel module auprès de tous les autres clients grâce au store. Leur time-to-market change en profondeur, et dans cette dynamique, pour un dollar de revenu Oracle dans le cloud, nous générons 8 à 11 dollars pour nos partenaires. C’est donc tout l’écosystème, clients comme
partenaires, qui en sort gagnant.