Depuis les débuts de l’accélération du numérique des années 2010, la prise de conscience de l’impact stratégique de cette transformation dans toutes les organisations s’est accélérée et ce quelles que soient leurs activités. Aussi et plus que jamais, les entreprises ont besoin d’être sûres de leurs « socles » informatiques pour transformer l’ensemble de leurs systèmes.
En la matière, la direction des systèmes d’information (DSI) se retrouve naturellement au centre du jeu, avec de nombreuses cartes à jouer. La qualité de la réponse aux besoins, tout comme le time to delivery doivent augmenter. La question est d’autant plus stratégique que les sujets à traiter pour une DSI sont nombreux et celle-ci se doit d’avoir des convictions fortes à défendre devant un Comex ou les métiers de l’entreprise.
D’un bout à l’autre du spectre humain et technologique, les DSI devront sans nul doute faire à la fois des compromis et des choix radicaux. Ce dîner de la rédaction d’Alliancy, réalisé en partenariat avec VMware, a permis aux experts présents de confronter leur expérience et leur vision pour l’avenir sur tous ces sujets.
Sylvain Fievet, Directeur de Publication d’Alliancy
Avec près d’une décennie en matière de transformation numérique, la poussière retombée et les idées les plus exotiques expérimentées, on ne peut qu’avoir l’impression que le balancier revient vers une aspiration à plus de sérénité, de contrôle et d’industrialisation dans toutes les organisations. Aussi, l’idée comme quoi le DSI était « mort » au bénéfice du CDO a fait long feu et voilà le DSI revenu au centre du jeu avec de nombreuses cartes à jouer. Ses défis sont désormais nombreux : les projets se multiplient et la pression s’accentue pour faire émerger vite et bien les nouvelles applications, tout en modernisant massivement le « legacy ». De même, les attentes sont fortes de la part des directions générales et des métiers. Il est donc naturel de se demander : quels seront ses fondamentaux pour les années à venir ?
Valérie Dagand, Adjointe DGNUM en charge de l'orchestration ministérielle de la transformation numérique, Ministère des Armées
« Pour une DSI, la question est toujours de savoir quels équilibres trouver entre moderniser/rénover un legacy ou faire « à côté » pour faire aboutir les projets... et arbitrage entre temps long et temps court. En général, les organisations privilégient le « à côté » pour les sujets à fort enjeux de disruption métier alors qu’elles privilégient l’interne pour les sujets de transformation numérique. La DSI joue aussi un rôle important dans la transformation des métiers. L’enjeu du socle numérique (SI plateforme, Cloud…) et du passage à l’échelle sont fondamentaux dans tous les cas pour faire atterrir les nouveaux projets. La DSI doit donc travailler avec la DRH sur l’évolution des besoins en matière de compétences. Il faut réfléchir à l’évolution des carrières du numérique. Il faut enfin des « ambassadeurs » du numérique dans l’entreprise pour aider à l’acculturation des équipes qui reste indispensable. »
Jean-Baptiste Courouble, DSI de l’ACOSS
« L'activité spécifique et de l'ACOSS et des URSSAF positionne les SI au cœur des processus métiers. Mais l’innovation, c’est aussi les usages et pas seulement la technologie. D’où aussi l’importance d’un CDO chez nous avec qui nous avons créé un hub d’innovation. Le CDO est un aiguillon pour le business, avant l’IT. La notion de plateforme ouverte reste quant à elle fondamentale, comme on a tout à gagner d’un Etat plateforme. Car ce serait une erreur de ne pas développer en interne des API accessibles par des acteurs tiers susceptibles de créer de la valeur au delà des missions régaliennes de nos institutions. Pour autant, on a besoin de compétences en pilotage des infrastructures et en IA… Ce n’est pas simple. En France, on est en retard sur la culture, le management des compétences… On manque aussi de champions du numérique pour entraîner tout le monde vers cette transformation. »
Emmanuel Bonnet, DSI, Conseil Départemental des Hauts-de-Seine
« La DSI pilote la dématérialisation et accompagne les métiers dans la mise en place d’une vision « citoyen-centrique ». Reste qu’elle doit tenir compte de nombreuses contraintes et législations dans ce domaine, en matière de RGPD notamment. Elle doit également avoir une approche frugale dans une logique de maîtriser toujours les coûts. »
Christophe Huerre, DSI Groupe, Thales
« Une DSI est soit au service du business, soit en co-construction et partage d’enjeux avec les métiers. C’est l’option que nous avons choisi chez Thales pour arriver à changer le fonctionnement à l’échelle de l’entreprise. L’enjeu cyber est aujourd’hui très bien compris par nos directions générales, de même que l’enjeu data, qui change d’ailleurs leur vision vis-à-vis de la DSI en termes de production de valeur. Pour pallier les pénuries de compétences, nous avons lancé une enquête interne pour évaluer nos besoins sur de nouveaux métiers et lancé avec la DRH de nombreuses formations en ligne. Il faut embarquer tous les collaborateurs dans la transformation actuelle, désormais globale. »
Gildas Bouteiller, Chief Information Officer, Lagardère SE
« Ces dernières années, nous avons tout changé à la DSI… Front-office, back-office, outils cloud, méthodes agiles… L’IT reprend ses lettres de noblesse et l’on constate un alignement progressif des planètes entre direction générale, métiers et DSI et c’est une bonne chose. D’ailleurs, l’entreprise « plateforme », dont est garant le DSI, est un des leviers pour se mettre en ordre de bataille contre les compétiteurs et nouveaux entrants sur nos marchés. Aujourd’hui, nous étudions donc des leviers de valeur ajoutée pour proposer de nouveaux produits et services à nos clients. »
Nicolas Duffour, Sous-directeur méthode et plateforme de services, Ministère de la transition Ecologique et Solidaire
« Nous devons passer d'une "DSI support" à un service numérique qui apporte de la valeur au métier en utilisant les innovations. L'essentiel dans cette transformation numérique est d'accompagner les acteurs de la transformation. Au sein du ministère, nous travaillons sur le capital humain. A nous de trouver les leviers au sein des équipes pour mettre en marche la transformation au ministère. Nous avons lancé un plan d'accompagnement en ce sens basé sur la culture, le fonctionnement des process et les compétence et la RH. »
Yann Ludmann, Directeur des technologies et des systèmes d'information, Nexity
« Le secteur de l’immobilier n’est pas historiquement un gros investisseur dans l’IT, mais les choses évoluent. Nexity en fait l’une de ses priorités, notamment avec le mouvement vers le Cloud, incontournable pour mener une transformation numérique impossible avec un legacy fermé. L’entreprise « plateforme » se doit d’avoir un core business ouvert, et donc un SI ouvert, pour travailler en écosystème. Pour ce qui est de l’articulation CDO et DSI, chacun semble avoir trouvé sa place, le premier plutôt sur les aspects de marketing digital et le deuxième sur la digitalisation des processus qui font fonctionner l'entreprise, les deux inter-agissant en bonne intelligence. »
Jean-François Cuvet, Business Development Manager - South EMEA de VMWare
« La DSI fait tourner le legacy, tout en devant opérer de plus en plus de nouveaux services. Aujourd’hui, plutôt qu’un CDO, on voit arriver des CTO (Chief Transformation Oficer) à ses côtés. Beaucoup d’éléments extérieurs viennent transformer l’interne (IA, cloud, nouveaux profils d’utilisateurs internes comme les développeurs pour les applications modernes…), mais la DSI se doit de rester le pilier de l’entreprise pour intégrer tout cela en toute conformité. Elle doit offrir le socle informatique indispensable à l’ouverture de son organisation aux nouveaux enjeux du cloud c’est-à-dire pouvoir opérer ses applications dans le meilleurs environnement cloud qu’il soit Privé ou Public, tout en maîtrisant les coûts et la gouvernance. »
Pour aller plus loin, lire l’Etude IDC "The Business Value of Hybrid Cloud with VMware"
François Raynaud, Directeur des Systèmes d'Information et du Numérique, EDF Commerce
« Le CDO est un business développeur quand le DSI est en charge des projets à l’échelle, de l’exploitation et des infrastructures sous-jacentes. Pour autant, la première transformation à faire, ce sont les hommes ! Car même si la DSI met en place une architecture SI modulaire, data centric et micro-services, elle a aussi une activité de transformation de ses activités et des métiers en interface. Aussi, compétences, culture et gouvernance sont nos grands défis de demain pour réapprendre à faire et à travailler autrement ensemble. Surtout que le temps s’accélère… avec l’arrivée prochaine de l’IA. »
Olivier Mergel, Head of Go To cloud, Société Générale Technology Services
« La transformation d’une grande DSI passe par une stratégie multicloud : les infrastructures deviennent "software oriented", à l'instar des digital factories.
Pour autant, avant la technologie, il faut penser capital humain avec la revalorisation des compétences, une organisation plus horizontale et des nouvelles pratiques manageriales pour conduire ce changement agile à l'echelle. »
Emmanuel Artigue, DSI du groupe Touprêt
« Les PME bougent en matière de transformation numérique. On voit une réelle appétence de la part des directions générales sur ces sujets. En interne, les métiers sont très promoteurs de l’IT et poussent les outils. La DSI doit donc les écouter et travailler davantage en collaboration permanente. C’est une chance pour la DSI, dont le principal allié reste la DRH sur le capital humain, réel enjeu pour arriver à se transformer vraiment. »
Frederic Novello, DSI Transilien, SNCF
« Les années 90 et 2000 furent pour le SI les années progiciel, les années 2010 celles du Digital qui s’est d’abord déployé en dehors du SI Legacy. Les années 2020 seront celles de l’IT partout, présent dans toutes les activités de l’entreprise, qui doit opérer un rapprochement entre le digital et le SI traditionnel. Pour cela il faut mener de manière très volontariste une transformation du SI (plateformisation, cloudification…) afin de tenir la promesse du digital. Cela a été mon expérience des 5 dernières années. Cette transformation du SI en plateforme était fondamentale, non seulement pour les besoins propres à mon entreprise SNCF Transilien, mais aussi pour l’interopérabilité multimodale indispensable dans le secteur du Transport Public.
Cet avenir où l’IT est partout, dans toutes les activités de l’entreprise, impose au DSI de sortir de sa zone de confort car il ne peut se contenter de conduire des projets et piloter le run, Son rôle d’animateur est à développer : il faut encore et toujours acculturer les collaborateurs dans tous les métiers, qui doivent tous se saisir de l’IT. C’est incontournable. »
Jacques Bouffant, Responsable des projets et des architectures IT des Projets Greenfield Miniers d’Eramet
« Après la grande vague ERP, nous utilisons des plateformes Cloud pour accélérer les projets de déploiement Applicatifs utilisés par nos équipes projets dans des zones où nous ne voulons pas déployer d’infrastructures lourdes comme en Argentine par exemple. Les nouveaux enjeux IT sont de passer des concepts de « Mine/Usines du futur » à la réalité industrielle en utilisant les leviers identifiés par les équipes de la transformation Numérique du groupe. Mais il faut encore arriver à convaincre les métiers d’engager des technologies nouvelles qui leur apporteront de la valeur à terme comme le Jumeau Numérique pour l’usine 4.0 par exemple. Un autre axe critique reste la supervision globale de la sécurité du SI pour nos anciennes et nouvelles activités industrielles. »
Catherine Moal, Rédactrice en Chef d’Alliancy
Ce que j’ai retenu de ce débat :
- La DSI est une fonction support avant tout, mais les nouveaux services IT aux métiers nécessitent d’évoluer.
- La DSI fait tourner le legacy tout en opérant de nouveaux services.
- Cloud et sécurité vont de pair. La cyber-sécurité est un enjeu majeur dans l’industrie.
- Le patron du numérique (CDO) est un business développeur. Le DSI quant à lui a en charge l’évolution de l’infrastructure.
- La vraie transformation ne peut pas être portée par un DSI, mais un CDO. Les deux vont de concert.
- L’entreprise plateforme (cloud, API…) est essentielle à la transformation numérique.
- Il faut travailler sur le capital humain avant même l’IT.
- Dans l’entreprise, on doit réapprendre à travailler ensemble !
Transformation culturelle, infrastructures, nouveaux projets : quels choix fondamentaux pour les DSI en 2020 ? La décennie 2010 aura été un véritable bouillonnement pour les entreprises. La prise de conscience de l’impact stratégique de la transformation numérique s’est accélérée, dans toutes les organisations et quelles que soient leurs activités.
Un dîner organisé en partenariat avec VMware et Intel
Les logiciels VMware sont au cœur des infrastructures informatiques les plus complexes. Grâce au soutien d’un écosystème de 75 000 partenaires, les offres de calcul, Cloud, de mobilité, de gestion des réseaux et de sécurité de l’entreprise constituent un socle dynamique et efficace pour plus de 500 000 clients dans le monde entier. VMware, dont le siège est basé à Palo Alto (Californie), célèbre cette année sa 20e année d’innovations de rupture au service des entreprises et de la société.
Pour en savoir plus, rendez-vous sur https://www.vmware.com/fr.html et www.intel.fr
Nous remercions nos invités pour leur présence à ce dîner-débat et pour s’être prêtés au jeu des échanges et du partage, ainsi que nos partenaires, qui ont permis l’organisation de ce diner. En écho à son crédo « travailler ensemble pour innover plus vite », la rédaction d'Alliancy a créé les diners de la rédaction. Ce sont des soirées d’échanges, de débats et de prospectives qui réunissent 10 à 15 invités, les dirigeants qui construisent, jour après jour, la révolution numérique de leur entreprise. L’objectif : se rencontrer, partager ses problématiques, s’inspirer et réfléchir ensemble aux grands défis auxquels ils font face.
Retour sur le dîner de la rédaction du 01/10 : Quels choix fondamentaux pour les DSI en 2020 ?
Un dîner organisé en partenariat avec VMware et Intel
Les logiciels VMware sont au cœur des infrastructures informatiques les plus complexes. Grâce au soutien d’un écosystème de 75 000 partenaires, les offres de calcul, Cloud, de mobilité, de gestion des réseaux et de sécurité de l’entreprise constituent un socle dynamique et efficace pour plus de 500 000 clients dans le monde entier. VMware, dont le siège est basé à Palo Alto (Californie), célèbre cette année sa 20e année d’innovations de rupture au service des entreprises et de la société.
Pour en savoir plus, rendez-vous sur https://www.vmware.com/fr.html et www.intel.fr