A l’occasion d’un dossier consacré à l’éthique dans les entreprises, Alliancy vous propose une sélection de solutions qui répondent directement à des enjeux sociétaux et environnementaux. Au total, six acteurs qui ont décidé de mettre du sens dans leur démarche, de proposer des solutions concrètes pour renforcer les politiques RSE des entreprises.
Comment se chauffer à l’ordinateur ? La start-up Qarnot Computing (34 salariés), fondée en 2010 par Paul Benoit (PDG) et Miroslav Sviezeny (directeur général) et basée dans les Hauts-de-Seine, a mis au point un radiateur-ordinateur (appelé QH-1) qui, via internet et le calcul informatique, émet de la chaleur…
« A l’origine, notre idée était de valoriser la chaleur perdue des serveurs. C’est ce déchet informatique que nous transformons en ressource via nos radiateurs intelligents », explique Quentin Laurens, en charge des relations publiques chez Qarnot. BNP Paribas ou la Société Générale par exemple leur achète du temps de calcul qui, envoyé et fragmenté par la fibre optique, est réalisé dans les radiateurs-ordinateurs du parc de Qarnot Computing. Quand ils reçoivent ces calculs à effectuer, les trois microprocesseurs en silicium de l’appareil montent en fréquence et produisent de la chaleur, qui est ensuite diffusée dans la pièce à vivre (de 15 à 30 mètres carrés maxi).
Plus de 1 000 unités ont déjà été vendues par lots à des bailleurs sociaux (RIVP, Gironde Habitat…), des professionnels et des bâtiments publics, principalement en Ile-de-France et en Gironde. Selon Qarnot Computing, la puissance de calcul vendue par la start-up est beaucoup moins chère que leurs concurrents et, au-delà de la gratuité du chauffage une fois le matériel installé, l’appareil est maintenu par Qarnot. Cette semaine, la société a dévoilé une chaudière qui produit de l’eau chaude (QB-1) de la même façon (les premiers clients sont déjà là !) et un gros contrat, côté calcul, vient d’être signé avec Natexis. Un choix écologique et moins cher que de nombreuses entreprises regardent de plus près…
Greenspector travaille sur l'éco-conception de services numériques. La société nantaise créée par Thierry Leboucq en 2010 a mis au point une solution permettant aux développeurs de coder de manière plus durable en pilotant la consommation ressources-énergie en continue. Au delà de la mesure, elle s’emploie également à optimiser les besoins en énergie des applications en réalisant des audits des outils utilisés en interne. Pour les entreprises c’est un moyen efficace pour identifier où se situe leur impact environnemental. Greenspector travaille avec un panel d’acteurs divers : de la gendarmerie à la Direction générale de l'Armement, en passant par Enedis, Orange ou encore la Sncf.
Côté grand public, la start-up vient tout juste de lancer “Greenspector App Mark” : un benchmark d'efficience des applications mobiles à partir de cinq critères que sont la performance, la sobriété, l’inclusion, la discrétion et l’impact écologique. Une manière de porter un nouveau regard sur l’expérience utilisateur en mobilité.
A l’avenir, Greenspector souhaiterait élaborer un label qui détermine quelles applications/sites sont éco-conçus. L’idée serait de mettre autour de la table plusieurs partenaires et clients pour convenir des conditions d’attribution du label.
600 millions d’euros de produits invendus sont jetés chaque année, alors qu’ils sont propres à la consommation… Les objectifs sont clairs pour l’équipe fondatrice de CircleLY. « Notre mission est d’accompagner les entreprises contre ce gaspillage. Et le projet de loi anti-gaspillage pour une économie circulaire, adopté récemment par le Sénat, va nous y aider », rappelait récemment Danielle Tramond, responsable commerciale et clientèle, et cofondatrice de l’entreprise avec Laure Valentin, Sébastien Faure et Yilor Lyfoung, lors de la remise du grand Prix du Trophée Start-Up Numérique de l’IMT Starter. D’ailleurs, après un an de maturation, la start-up sera officiellement créée fin 2019 sur fonds propres. « Il faut que chaque produit invendu trouve acquéreur et si possible localement. C’est l’objectif de notre solution digitale et omnicanale, destinée aux gestionnaires de magasins, pour mieux gérer ces invendus via le smartphone. Notre application facilite la publication et l'accès à un large choix de produits locaux voués à la destruction. Et si les produits ne sont pas vendus, ils sont donnés ! », détaille-t-elle.
La gestion pour les utilisateurs de la plateforme se fera en temps réel, le produit mis en ligne reste 72 heures, avant d’être donné à une association s’il ne trouve pas preneur. Une solution idéale pour les produits BtoB non-alimentaires qui sera disponible dès le printemps prochain, à commencer par les produits du sport et du bien-être.
81 000 tonnes de CO² et 108 000 tonnes de matières premières économisées… Recommerce Group, le leader européen du reconditionnement de mobile récemment entré au Next40, cherche à la fois à réduire l’impact environnemental des téléphones, mais aussi à rendre la technologie accessible à tous…, sachant que, depuis fin 2006, la loi oblige au recyclage des appareils électroniques.
Cofondé en 2009 par Antoine Jeanjean, Cédric Maucourt, Pierre-Etienne Roinat et Benoît Varin, Recommerce Group (85 salariés, 65 millions d’euros de chiffre d’affaires en 2018-2019) développe une plateforme de reconditionnement des téléphones mobiles où plus de 7 000 commerçants proposent à leurs clients de racheter leurs portables usagés. Des appareils qui passent ensuite entre les mains des 200 techniciens prestataires de la PME en vue d’être reconditionnés et revendus.
L’équipe fondatrice est également à l’initiative de RCube, la Fédération des acteurs professionnels du réemploi, de la réparation, de la réduction et de la réutilisation que Benoît Varin préside, en vue de favoriser l'économie circulaire.
Après avoir levé 50 millions d’euros début 2018 auprès de Creadev et Capza, la société francilienne, basée dans le Val-de-Marne, poursuivra l’an prochain son déploiement en Europe (4 nouveaux pays ciblés), en plus de ses filiales existantes en Suisse et en Espagne. Avec 12 postes ouverts actuellement, elle compte également élargir courant du 1er semestre 2020 son offre à d’autres produits…
Depuis 2015, l’ESN Auticonsult emploie deux cents consultants en IT autistes* que la société envoie en mission en France et à l’international dans les services de R&D de grands groupes (Airbus, EdF, Décathlon, Casino…). Ces consultants sont tous coachés par des experts pour gérer leur stress, l’estime de soi ou les interactions sociales, tout comme les entreprises qui les accueillent (où ils ont un référent).
« Il y a une vraie discrimination de ces profils, malgré leurs compétences techniques très pointues », remarque Flora Thiébaut, fondatrice d’Auticonsult. C’est une manière de répondre à la carence de profils que connaît les entreprises du numérique. Nous sommes convaincus que cette neurodiversité est vecteur d’innovation pour les entreprises”.
1% de la population mondiale est touchée par l’autisme et 70% de ces personnes sont en mesure d’obtenir une place dans une université et sur le marché de l’emploi. “Un gâchis de talents” pour Auticonsult qui souhaite sensibiliser les recruteurs à ces enjeux. En 2019, l‘entreprise a affiché une croissance de 80% de son chiffre d’affaires par rapport à 2018 et compte depuis octobre 200 consultants autistes embauchés dans le monde.
* troubles du spectre de l’autisme plus exactement.
Rien de tel que de se sentir bien et engagé au travail… Et, en France, on peine un peu au sujet de la « QVT » (ou qualité de vie au travail). Aussi, la plateforme en ligne Moodwork, en plus de son appli mobile, propose aux collaborateurs différents outils d’analyse, des conseils et des solutions d’actions ou d’accompagnement pour améliorer leur qualité de vie en entreprise. Cela peut concerner la gestion du stress, la quête de sens, ou encore les bonnes postures ou l’assertivité… Selon les résultats au « bilan de bien-être » (établi à partir d’une quarantaine de questions), l’algorithme de la solution présentera un programme de développement personnel, adapté à chacun.
Créée il y a trois ans par un enseignant-chercheur et deux diplômés de l'EM Lyon, Benjamin Brion et Léopold Denis, la start-up parisienne vient de lever 2 millions d’euros. Ces fonds lui permettront de doubler son effectif l’an prochain (pour passer à 40 personnes), de se développer en Europe (150 000 salariés accompagnés d’ici à fin 2020) et d’élargir son champ d’intervention aux mondes hospitalier et de l’enseignement ; et aux collectivités territoriales.