Le soir du 2 avril, le Cercle des partenaires du numérique a laissé la parole à ses membres lors d’une réunion virtuelle. L’occasion de prendre des nouvelles de la communauté, et de revenir sur leurs adaptations face à la crise.
En ces temps de confinement, les dîners-débats qui ont fait la réputation du Cercle des Partenaires du partenanumérique d’Alliancy ne sauraient évidemment se tenir. Une situation qui n’a pas empêché les membres de la communauté de se réunir virtuellement pour témoigner de la façon dont leurs entreprises respectives avaient géré les urgences de la crise.
En ouverture de la session Catherine Moal, rédactrice en chef d’Alliancy est revenue sur les propres observations du média sur les deux premières semaines de confinement : multiplication des actions collectives d’entreprises en France, silence relatif des GAFA, fracture numérique extrêmement visible, innovations managériales, généralisation des formations gratuites… Avant de s’interroger sur les impacts en termes de stratégie d’entreprise pour les membres du cercle.
Lacroix, Berger Levrault, Energisme… témoignent
Stéphane Gervais, directeur général en charge de l’innovation stratégique du groupe Lacroix, ETI industrielle française, a ainsi témoigné des adaptations rapides qu’avait dû opérer son entreprise pour prendre en compte des directives officielles changeantes, notamment vis-à-vis de ses différentes usines en Europe (de l’Espagne jusqu’à la Pologne, en passant par la France et l’Allemagne). « Il y a eu des commandes spéciales pour les cartes électroniques de respirateurs sur lesquelles nous nous sommes mobilisé » a-t-il également souligné.
Pour sa part, Pierre Vidal, directeur général adjoint d’Energisme, la pépite française spécialiste du big data énergétique et multifluide, s’est interrogé sur les ressentis générationnels différents sur la situation dans les entreprises. « Dans notre cas, on ressent pour le moment une grande efficacité. Les réunions vont à l’essentiel, les collaborateurs échangent beaucoup d’eux-mêmes tout au long de la journée, et il y a une plus grande écoute et disponibilité de tous nos interlocuteurs » a-t-il mis en avant.
« C’est un moment inédit qui nous a tous touché d’une façon ou d’une autre » a également reconnu Antoine Rouillard, directeur général délégué pour la France de Berger Levrault. « Nos urgences ont surtout été d’accompagner l’ensemble de nos clients médico-sociaux et établissements de soins. Nous avons rapidement adapté nos deux logiciels dédiés aux services d’urgences, mais également mis en place un dispositif particulier avec un numéro de téléphone spécial… Nous avons aussi multiplié les solutions et services gratuits complémentaires, notamment pour les Ephad et les collectivités ».
Les PME françaises du logiciel s’organisent
Depuis Lyon, Jean-Baptiste Sachot admet de son côté que l’activité d’Akuiteo, éditeur d’un logiciel de gestion par affaires pour les sociétés de service, ne connait que très peu la crise. « Comme en 2008, les demandes explosent. Nous avons même signé de nouveaux contrats ces deux dernières semaines » a-t-il témoigné. En interne, il souligne que le dirigeant de l’entreprise a pris le soin d’appeler un à un chacun des collaborateurs pour s’assurer que la situation ne créait pas pour eux des effets de bords incontrôlables.
Au sein d’une autre PME de l’édition logicielle, le spécialiste de la gestion des temps Holy-Dis, on en profite pour mener des projets de fond structurant dans le développement du logiciel : « Nos clients sont principalement des retailers sous forte pression actuellement. Ce n’est pas le moment de les embêter. Nous considérons que nous avons donc environ deux mois pour avancer de façon décisive sur nos projets de développement majeurs » a décrit le président-directeur général, Bruno Delhaye.
Écoles et organismes de formation anticipent d’autres chocs
Du côté de la formation, le tableau est plus délicat. « L’école est évidemment fermée et seuls quelques élèves étrangers vivent encore sur le campus. Les cours ont pu reprendre à distance en moins d’une semaine : les professeurs ont été exceptionnels. Par contre le centre d’innovation dédié aux start-up a dû fermer et nous avons mis les activités « corporate » en sommeil » a raconté Pierre-Yvon Mechali, en charge du business développement et des partenariats de l’Ecole Polytechnique. « Concernant nos 23 laboratoires et 1600 chercheurs, ils sont également en télétravail. Mais la situation n’est pas la même pour ceux qui travaillent en mathématiques appliquées et ceux qui font de la recherche sur les plasmas… » a-t-il reconnu
« Les établissements de formation se sont mis en ordre de marche » a de son côté confirmé Jean-Christophe Chamayou, fondateur de Lafayette Associés. « Et il est possible aujourd’hui de recevoir des « coups de main » sur la formation des collaborateurs. Les informations sur les financements et les dispositifs sont accessibles. Par contre, toutes les écoles craignent pour la prochaine rentrée. Comment remplir les promotions, notamment en apprentissage ? Les entreprises seront-elles prêtes à jouer le jeu ? » a-t-il signalé.
Les membres ont ensuite pu exprimer leurs attentes en termes de sujets de fond prioritaires à traiter, avec un focus particulier sur les différentes étapes de la crise : les urgences du court-terme, la sortie du confinement et les 6 prochains mois, et enfin les changements stratégiques impliqués pour les années à venir dans leurs métiers. Parmi les points clés, Sylvain Fievet, directeur de la publication d’Alliancy, a rappelé l’importance qu’il y avait à profiter de ces temps très particuliers pour apprendre à mieux se connaître et à mettre en œuvre de nouvelles synergies ensemble. Ce sera d’ailleurs le sujet de la prochaine session du Cercle des partenaires du numérique, le 15 avril, où chacun pourra détailler les bonnes pratiques, tutoriels, opérations et expertises qu’il lui est possible de mettre au service de la communauté.