Bruno Picard est directeur technique pour la France de Nutanix. Il détaille les questions importantes que doivent se poser les entreprises qui veulent adresser la problématique de la dépendance de leurs activités aux équipes IT, grâce à l’automatisation et au cloud.
Cet article est extrait du nouveau guide à télécharger « Vulnérabilité des équipes IT, automatisation, cloud computing… Quels choix pour renforcer son autonomie numérique ? ».
Pourquoi estimez-vous que la question de l’automatisation IT au sein des entreprises a été posée avec force lors de la crise du Covid-19 ?
Bruno Picard. Quand les entreprises ont dû s’adapter au confinement soudain, elles ont mobilisé beaucoup d’outils, mais elles se sont surtout retrouvées avec de nombreuses difficultés pratiques pour mettre en œuvre concrètement les solutions. Les organisations se sont heurtées à des problématiques d’accès aux sites et de disponibilité des personnes… Habituellement, ce sont des « nonsujets ». Or, soudainement le simple remplacement d’une pièce dans un datacenter a pu prendre plusieurs semaines plutôt qu’une seule journée ! De plus, pour assurer la sécurité sanitaire, les organisations ont dû réinventer des processus et cela a renforcé la pression sur leurs équipes IT. Après cette période particulière, il est évident que tout ce qui va permettre d’éviter les déplacements, les livraisons, les multiplications de tâches manuelles IT va devenir un must have pour de nombreuses entreprises. C’est d’ailleurs le sens de l’histoire : celles qui avaient implémenté avant la crise de telles capacités d’automatisation l’avaient fait avec des ROI très précis en tête. Il ne s’agissait pas de gains à court terme, mais après quelques mois les résultats ont bien été au rendez-vous. Et cela a été critique durant la crise quand la survie de l’entreprise se jouait.
Vous avez notamment appelé les entreprises à évaluer précisément le pourcentage de tâches qui ne nécessitaient pas une opération manuelle au sein de leur système d’information. Pourquoi ?
Bruno Picard. Il s’agit surtout de demander : à quel point connaissez-vous vraiment votre système d’information ? Le point important pour toutes les entreprises, c’est que les SI se complexifient de plus en plus alors qu’elles se transforment et qu’elles se digitalisent. C’est légitime, mais souvent les implications de cette dynamique ne sont pas vraiment maitrisées. Nous nous sommes aperçus que de nombreuses organisations et leurs dirigeants n’avaient au final qu’une vue de très haut niveau de la réalité de leurs systèmes et qu’il leur était difficile d’entrer dans les détails de cette complexité. Trop souvent, elles sont alors tentées de se dire que ce n’est pas un sujet puisqu’au quotidien « tout fonctionne bien ».
Or, la crise du Covid-19 a montré à quel point il était important de savoir surtout « pourquoi et comment ? », pour pouvoir s’adapter vite à des circonstances surprenantes.Est-ce que tout fonctionne parce que l’on a les bons outils ou parce que l’on a la chance d’avoir les bonnes personnes dans ses équipes au bon moment ? Historiquement, il fallait absolument avoir beaucoup de personnes efficaces dans les services IT… Ce n’est plus forcément le cas aujourd’hui et encore moins alors que la crise a montré que cela créait des situations de dépendances dangereuses.
Les entreprises et leurs DSI sont-ils sensibles à ce genre de questionnement ?
Bruno Picard. Ce genre de discours résonne plus ou moins avec leurs objectifs de transformation. La réponse facile est en effet de dire : « J’ai le bon mix pour le moment, car j’ai les bonnes personnes qui développent les bons outils ». Or, cette réponse passe sous silence l’impératif d’anticipation pour faire face aux crises. Car en filigrane, ce sont les questions de la capacité de transformation et du maintien en condition opérationnelle en cas d’adaptation majeure, qui apparaissent. L’entreprise estelle prête à parier qu’elle aura systématiquement accès aux bonnes personnes pour résoudre ses problèmes, sans plus anticiper que cela ? Plutôt qu’un tel pari, nos simulations tendent à démontrer que le TCO global de l’automatisation IT est bien meilleur à moyen terme. En la matière, les DSI euxmêmes ne sont généralement pas à convaincre, par contre beaucoup de CTO ont souvent des équipes qui peuvent être réfractaires à de telles dispositions, car cela fait changer de nombreux rôles en leur sein. C’est une demande importante d’adaptation qui leur est faite, mais elle est nécessaire pour appréhender plus sereinement l’avenir.
Quels sont les arguments qui les convaincront le plus ?
Bruno Picard. Comme pour toute transformation, il existe une résistance naturelle, qui est compréhensible et qui n’est pas rédhibitoire. Face à de tels changements, les équipes passent progressivement du déni, voire de la colère, à la résistance puis à une acceptation qui va ensuite amener plus de sérénité. Il est de la responsabilité des entreprises de faciliter cette acceptation et d’accompagner vraiment les collaborateurs. Ce n’est pas un secret : il faut avoir une démarche rigoureuse de conseil, qui permette de faire un état des lieux sur l’organisation et les modes de travail des équipes concernées, et donc une remise à plat de certains processus. Cela génère d’importantes prises de conscience et un engagement des collaborateurs dans le changement. Un des points qui aidera de façon très importante sur ce chemin, c’est l’existence des fameuses « quick wins ». Apporter une preuve rapide par le traitement de problématiques concrètes est un passage obligatoire dans de telles transformations. Cette avancée pas à pas est d’ailleurs conseillée non seulement pour créer de l’adhésion, mais aussi pour ne pas se tromper de combat sur des sujets technologiques qui sont parfois très médiatisés – et pas toujours de la bonne manière.
Ainsi, sur la question des infrastructures de cloud hybride, il est important d’expliquer qu’il n’est pas question d’un « lieu » de consommation de ressources informatiques, mais bien d’un moyen de consommer ces ressources. Cela permet de dépasser la question parfois clivante du cloud privé ou public. Et dans ce mouvement vers le cloud, les entreprises devront se forcer à commencer par un catalogue de services restreint afin qu’il soit opérationnel immédiatement et apporte des preuves indéniables de son efficacité. Il ne faut surtout pas se lancer dès le départ dans des ambitions débordantes qui peineront à amener les résultats rapides dont l’entreprise a besoin pour activer sa transformation
Vulnérabilité des équipes IT, automatisation, cloud computing… Quels choix pour renforcer son autonomie numérique ?
Pour cette émission d’Alliancy Inspiration, nous avons échangé avec Bruno Picard, directeur technique France de Nutanix et Stéphane Berthaud, directeur technique France et Afrique de Veeam. Retrouvez l’article de l’émission sur notre site « Quels choix pour renforcer son autonomie numérique ?. |