Avec la crise sanitaire qui a frappé de plein fouet notre pays, le secteur de l’IT a dû repenser son mode de fonctionnement, au même titre que de nombreuses autres industries. Si la crise aurait pu nous faire croire à un arrêt brutal de tous les projets IT, il en est finalement autrement. Jean-Philippe Couturier, Administrateur de Syntec Numérique et CEO de Whoz nous livre son analyse.
Le marché a plutôt bien résisté dans son ensemble, comme l’a montré la récente étude de Syntec Numérique, qui estime qu’en 2021, le secteur numérique anticipera une croissance de +1% au global. Le retour de cette croissance s’explique notamment par les dépenses IT qui connaîtront une hausse importante pour 53% des organisations (clients & prosAvec la crise sanitaire qui a frappé de plein fouet notre pays, le secteur de l’IT a dû repenser son mode de fonctionnement, au même titre que de nombreuses autres industries.
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Si la crise aurait pu nous faire croire à un arrêt brutal de tous les projets IT, il en est finalement autrement. Jean-Philippe Couturier, Administrateur de Syntec Numérique et CEO de Whoz nous livre son analyse en 2021. Ce rebond reste toutefois limité et conditionné par la situation économique des clients : les renégociations de contrats fournisseurs (donc de pression sur les prix) constitueront la deuxième priorité en matière d’IT pour 60% des clients des entreprises du numérique, qui ont déjà lancé ou lanceront des projets en ce sens en 2021. La crise a, plus que jamais, confirmé que les investissements IT étaient indispensables pour le fonctionnement des entreprises.
Les sociétés du numérique, qui faisaient jusque-là un usage modéré du télétravail, sont désormais en train de redessiner leur organisation. De nombreuses sociétés de services et de prestations intellectuelles ont intégré à marche forcée le télétravail. Le mouvement de
« Remote » est en pleine accélération, ce qui entraîne 3 conséquences majeures sur les projets IT :
Le regionalshore de compétences
Dans un contexte où les nouvelles technologies évoluent à un rythme effréné et les compétences sont rares, externaliser ses projets IT permet l’amélioration des coûts et l’optimisation des livraisons de projets.
Avec l’arrivée de nouvelles formes de concurrence (plateformes de freelances, petites sociétés d’experts de niche…), le staffing doit être beaucoup plus rapide. Si une partie de cette concurrence est pertinente dans la réponse à un besoin unitaire de talent, les entreprises de services IT vont se démarquer en proposant rapidement une réponse à des projets globaux, avec des équipes pluridisciplinaires capables d’accompagner les clients sur le long terme ainsi que sur des projets d’envergure.
Tout l’enjeu pour les sociétés de services du numérique est donc de trouver la/(les) bonne(s) compétence(s) pour un projet global. Le marché de l’industrie IT s’est historiquement créé de manière très locale. Prenons l’exemple d’un cadre qui dirige une Business Unit : son mode de fonctionnement classique était souvent d’aller chercher les compétences au sein de sa BU. Auparavant, on cherchait effectivement à staffer les talents proches de chez soi. Mais le prisme a changé, phénomène accéléré par la démocratisation du télétravail. Désormais, on va chercher avant tout LA bonne compétence, quelle que soit la zone géographique. L’ancrage géographique d’un consultant n’a aujourd’hui plus la même importance. À compétences égales, des consultants basés à Lille, Paris ou Bordeaux pourront effectuer une même mission sur Paris. On va ainsi staffer des personnes de différentes régions françaises pour intervenir sur un projet global.
La nécessité de digitaliser son staffing pour rester dans la course aux projets IT
Aujourd’hui, nous constatons l’accélération croissante de l’industrialisation, de la digitalisation et de la datafication du staffing, sujet devenu stratégique pour de nombreuses entreprises du secteur.
Pour autant, le marché doit encore progresser. Une problématique d’autant plus importante à prendre en compte que l’on est sur un secteur en pleine croissance : le marché des services IT a fortement évolué durant les dernières décennies. Nous sommes passés, en France, de 10 milliards d’euros en 1995 à plus de 40 milliards en 2019. Il y a un enjeu majeur à la digitalisation du staffing, qui doit devenir plus rapide.
Vous l’aurez compris, le staffing est de plus en plus complexe. En cause ? Le sujet de la compétence : l’hyperspécialisation des métiers, la multiplication des compétences liée à l’explosion de l’IT & de l’Internet, et plus généralement des nouvelles technologies, mais aussi l’obsolescence plus rapide des expertises. Tous ces phénomènes nécessitent de connaître en temps réel, les compétences des forces vives de son entreprise. Et ces forces vivent sont soit internes, soit externes. Cela est impossible via une gestion sur fichiers Excel. C’est pourtant une pratique encore courante dans les entreprises de services IT ! Le deuxième phénomène qui vient complexifier la gestion du staffing est la multiplication de la demande sur les projets en mode Agile. Cela implique des staffings d’experts à la fois ad hoc et beaucoup plus ponctuels.
La création d’un fossé de plus en plus significatif entre les entreprises du numérique
Nous le constatons : le marché repart fortement. Les plans de relance européen et américain vont créer un énorme appel d’air dans l’IT, et l’industrie Tech va vouloir accélérer davantage. La primeur d’un marché lié à un projet IT sera donnée au premier répondant : les Entreprises de Services du Numérique qui sortiront leur épingle du jeu seront, certes, celles qui sauront proposer une réponse à un besoin global de compétences, mais également celles qui seront les plus rapides à se positionner. Cette nécessité de digitalisation (qui permettra donc d’avoir accès à une cartographie de compétences de manière rapide, globale et sans limite géographique) se révèle clef pour les prochaines années. La crise de la Covid-19 est un accélérateur incroyable de transformation. Les ESN qui n’auront pas pris le virage dès 2021 se retrouveront en difficulté dans les années à venir.
Le suivi de l’évolution des besoins en compétences permettra aussi aux entreprises de services du numérique qui se seront digitalisées, de garantir la bonne adéquation des besoins de recrutement avec les besoins opérationnels.
2021, et les années qui vont suivre, préfigurent de grands défis de gestion pour les entreprises IT, fortement en lien avec la crise économique que nous traversons.