Chômage partiel, prêts garantis, fonds de solidarité, aide à l’embauche des jeunes : depuis un an, notre économie est sous perfusion. Frédéric Portal, Expert Finance de Workday France, nous livre son analyse.
Cette stratégie du ‘quoi qu’il en coûte’ est représentative d’une année haute en couleurs pour les directions financières. A leurs tâches classiques se sont greffées la mise en place du travail à distance, la gestion à flux tendu de la trésorerie, la refonte des budgets annuels en budgets en continu mais également les reportings en série et le suivi des nouveaux business models mis en place.
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De nouveaux chantiers qui ont considérablement augmenté la charge de travail et le quotidien de ceux qu’on considérait hier encore comme une ‘fonction support’. Un constat d’ailleurs partagé en mars dernier par le cabinet PwC dans son étude sur les Priorités 2021 des directeurs financiers : « les directions financières ont été bousculées intrinsèquement et ont dû faire preuve d’agilité pour se réinventer dans ce nouveau monde ». Une réinvention qui pourrait même conduire, selon PWC, à rebaptiser les ‘CFO’ en ‘Chief Performance Officer’ pour asseoir leur rôle plus stratégique.
Après avoir tenu la barre pendant un an, l’heure est au changement de cap pour les directions financières. Mettre définitivement l’entreprise à l’abri, établir l’impact du Covid sur l’activité pour savoir quelles décisions prendre et quelles stratégies financer…Comment doivent-elles réagir à ces enjeux, accompagner progressivement les entreprises vers la croissance, sans les aides de l’Etat, vers la sortie de crise ?
La donnée, phare dans la tempête
Qu’elles aient subi la crise de plein fouet ou enregistré une croissance colossale, les entreprises se sont retrouvées confrontées à une même problématique : la remise en cause de leur fonctionnement habituel. Evènement sanitaire imprévisible, hausse des risques de cyberattaques en raison de la généralisation du télétravail : de nouveaux risques sont entrés dans l’équation. D’autres, qu’ils concernent la gestion de la trésorerie ou le pilotage des activités à distance se sont accrus. Et face à cet environnement complexe, les directions financières ont dû redoubler d’efforts pour prévoir et réduire ces risques mais aussi résister à la pression d’une concurrence toujours plus forte afin de prendre les bonnes décisions, tenir la barre, accompagner la croissance, gérer les différents scénaris de sortie de crise, M&A, et les cessions d’activités.
Avec la crise, l’analyse des données financières est désormais au cœur des priorités de la direction financière, ce qui en fait place en véritable levier de croissance pour l’entreprise. Pour ce faire, les entreprises accélère la transformation de la fonction finance. En effet, les directions financières ont besoin d’accéder à des données pertinentes pour les analyser et les exploiter intelligemment en vue de mettre en place des process solides et de bénéficier d’indicateurs fiables. Un objectif majeur pour ces dernières qui placent, selon une étude menée par Bearing point en juin, une meilleure utilisation des données en deuxième position de leurs priorités de transformation numérique pour les mois à venir. C’est à ce prix qu’elles pourront ajuster leurs ressources à la nature et au volume de leur activité, anticiper les risques à venir, s’y préparer mais également ajuster leur stratégie et prendre les bonnes décisions.
Le capital humain, tête de proue de l’accalmie
Cependant, pour passer le cap de la crise et mener cette transformation à bien, les fonctions financières ont besoin de compétences qui, feront moins de saisie, replacer par l’automatisation et plus de contrôles, d’analyse de recommandation base sur une données centralisés et unifier. Le Résultat, une meilleure donnée, l’utilisation d’algorithmes de Machine Learning pour automatiser des taches répétitive, l‘analyse de larges volumes de données, la détection d’anomalie ou de paternes, finalement augmenter la productivité, et aider la finance à être un vraie business partenaire. Feront moins de saisie grâce à l’automatisation et se concentreront davantage sur les contrôles et l’analyse de recommandations, à partir de données centralisées et unifiées. En effet, grâce à des données de qualité, les directions financières pourront augmenter leur productivité et devenir de véritables business partners de l’entreprise, en mesure d’analyser d’importants volumes de données, de se concentrer sur des actions à plus forte valeur ajoutée grâce à des algorithmes de machine learning qui automatiseront les tâches répétitives et de détecter des anomalies.
Pour ce faire, les directions financières doivent s’entourer de nouveaux profils experts de la donnée tels que des data analysts ou des data scientists. En misant sur des collaborateurs à fort potentiel ou en formant des talents de l’entreprise à des compétences d’analyse, d’ingénierie et de planification stratégique, elles seront en mesure d’insuffler à l’entreprise la culture du changement nécessaire à l’impulsion de cette transformation. Quant aux DAF, grâce à leur expertise dans l’analyse des données et à leur grande connaissance de l’entreprise, ils deviendront de véritables orchestrateurs de la transformation digitale et se révèleront de véritables partenaires avec lesquels l’ensemble des fonctions de l’entreprise pourront collaborer.
Entre les outils collaboratifs, le passage au cloud pour certaines, l’Intelligence Artificielle et le machine learning pour d’autres, les entreprises ont fait de la technologie leur bras armé pour affronter la période. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que 70% d’entre elles ont décidé, selon Gartner, de révolutionner la fonction finance pour accompagner leurs collaborateurs vers la sortie de crise. Mais les enjeux de transformation dépassent la question des données ou des outils numériques. Les directions financières doivent avant tout s’emparer du rôle qu’elles ont à jouer en misant sur les compétences de leurs équipes et en fédérant les directions métiers ainsi que l’ensemble de l’écosystème de l’entreprise autour des projets de digitalisation. Un passage obligé vers la nouvelle normalité.